Annoncée initialement par le ministre des Transports pour fin juillet prochain, la réception des nouveaux avions commandés par la compagnie aérienne nationale Air Algérie commencera finalement en septembre prochain, en raison d’un retard enregistré de la part du fabricant et des entreprises chargées de fournir les équipements nécessaires à l’entrée en service des avions. C’est le PDG de la compagnie, Hamza Benhamouda, qui l’a annoncé ce samedi 14 juin lors d’une conférence de presse à Alger.
« Le programme de réception des avions commencera, au mois de septembre, car il y a eu un retard. Le programme devait initialement débuter en juin, mais le fabricant, ainsi que les entreprises chargées de fournir les équipements nécessaires à l’entrée en service des avions, n’ont pas respecté le calendrier fixé avec nous à l’avance », a expliqué le PDG d’Air Algérie.
Et d’ajouter : « Cela s’inscrit dans le cadre d’une crise mondiale qui touche l’industrie aéronautique et le transport aérien depuis la pandémie de Covid-19. » « Ce n’est pas nouveau, toutes les compagnies sont concernées par ces retards. Je pense que si vous consultez les programmes de livraison des avions chez les deux grands constructeurs mondiaux, Airbus et Boeing, vous comprendrez d’emblée qu’il s’agit d’un dysfonctionnement global qui dure depuis 2020 », a-t-il dit, prévoyant un retour à la normale dans ce secteur d’ici une, deux ou trois ans. « Il faudra peut-être encore une, deux ou trois années avant de retrouver un rythme normal dans la fabrication et l’exploitation des avions », a-t-il indiqué.
Pour rappel, Air Algérie a commandé 16 avions auprès d’Airbus et de Boeing. Ces avions sont répartis en deux modèles : 8 Airbus A330-900 et 8 Boeing B737-9 Max. Fin mai dernier, le ministre des Transports, Saïd Sayoud, avait annoncé que « nous allons entamer la réception à partir de la fin du mois de juillet ». Détaillant le calendrier, il avait précisé que deux autres avions seront livrés avant la fin de l’année. Ensuite, les livraisons se poursuivront « d’un avion tous les trois mois », jusqu’à ce que l’ensemble des 16 avions soit réceptionné.
En outre, le PDG d’Air Algérie a également précisé que l’ouverture de nouvelles lignes aériennes internationales dépend de la réception des nouveaux avions. « Air Algérie a ouvert deux nouvelles lignes cette année. La première vers l’aéroport Stansted au Royaume-Uni, opérationnelle depuis le mois d’avril, et la deuxième vers la capitale nigériane Abuja via la Yaoundé (Cameroun) », a-t-il rappelé, et d’expliquer : « Nous planifions pour le développement de notre réseau, mais cela se fera de manière organisée pour ne pas impacter les autres opérations aériennes et commerciales que nous effectuons. Ce développement se fera également en adéquation avec les capacités réelles d’Air Algérie. »
« Nous travaillons sur l’ouverture de nouvelles lignes vers l’Asie et l’Afrique, aussi probablement deux nouvelles lignes vers l’Europe. Mais, cela dépendra de la réception des nouveaux avions et de l’obtention des autorisations auprès autorités de l’aviation civile des pays concernés », a-t-il précisé. « J’ai déjà parlé des lignes vers Amsterdam (Pays-Bas) et Guangzhou (Chine). Nous travaillons pour ouvrir ces deux lignes cette année », a-t-il dit, soulignant qu' »il y a un travail sur l’ouverture de nouvelles lignes vers l’Asie et l’Afrique en 2026. »
Concernant l’impact de l’agression israélienne contre l’Iran sur les vols d’Air Algérie dans la région, M. Benhamouda a fait état de l’annulation d’un vol vers Amman (Jordanie) et que les vols vers les autres pays du Moyen-Orient n’ont pas été affectés. « Nous avons annulé aujourd’hui un vol vers Amman en Jordanie, en raison de la fermeture de l’espace aérien. Nos équipes travaillent actuellement pour rétablir la situation et permettre aux clients d’Air Algérie se trouvant en Jordanie de voyager. Pour les autres vols à destination du Moyen-Orient en général ou les pays environnants, ils n’ont pas été impactés par cette agression », a-t-il conclu.
Par ailleurs, le PDG d’Air Algérie a fait état d’un plan visant à utiliser du carburant durable dans les nouveaux avions « à partir de certains aéroports étrangers », précisant que ce carburant ne sera utilisé dans les aéroports algériens qu’après achèvement des dispositions nécessaires à sa production locale dans les prochaines années.
Dans ce sillage, M. Benhamouda a affirmé qu’Air Algérie ambitionne d’être à l’avant-garde de la transition énergétique à l’échelle africaine et méditerranéenne, en adoptant une stratégie globale couvrant l’ensemble de ses activités, sur la base d’une évaluation complète de l’empreinte carbone de sa flotte, qui sera ensuite élargie aux activités d’exploitation, de maintenance, d’approvisionnement et de services, en vue de constituer une base de données permettant de prendre des décisions fondées sur des critères scientifiques et réalistes.
Cette stratégie porte, selon l’intervenant, sur cinq axes essentiels, à savoir : la modernisation des opérations aériennes, le renforcement de l’efficience énergétique au sein des structures de la compagnie, l’innovation et la numérisation, l’intégration du carburant durable dans l’aviation, ainsi que la gestion des déchets selon les approches de l’économie circulaire.
Concernant la création d’une filiale d’Air Algérie spécialisée dans le transport aérien domestique, M. Benhamouda a rassuré que le travail était en cours pour atteindre cet objectif, en coordination avec toutes les parties concernées, d’autant que la feuille de route pour le lancement de la compagnie est fin prête et sera dévoilée dans les quelques semaines à venir.
Ce projet « se veut le couronnement de la stratégie adoptée par l’Etat depuis 2019 pour replacer le transport aérien domestique au cœur de ses priorités, en phase avec les évolutions que connait ce domaine », selon le premier responsable d’Air Algérie, soulignant une hausse de plus de 25% du nombre des voyageurs sur les vols domestiques, entre 2019 et 2024.
