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Referendum sur la constitution : Même s’il est massif, le boycott n’empêchera pas l’issue du scrutin

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Comme pour l’élection présidentielle du 12 décembre 2019, ceux qui s’opposent au référendum sur la révision de la constitution, ne pourront exprimer leur rejet qu’au moyen du boycott, la violence étant d’emblée écartée. Le pouvoir continuera quant à lui,  à jouer la carte de la légalité ( respect de la loi électorale) sans se préoccuper de la légitimité que ne pourrait lui procurer qu’un vote massif qui n’a aucune chance de se produire dans le contexte actuel.

C’est donc un forcing électoral que le pouvoir envisage cette fois encore, pour s’offrir le minimum d’électeurs requis qui donneront un semblant de légalité, à cette constitution censée donner un nouveau départ au régime à bout de souffle. Qu’importe cette légitimité que le pouvoir n’a aucune chance d’obtenir eu égard au rejet massif du référendum, puisqu’un simulacre de légalité, basé sur le respect d’une loi électorale taillée sur mesure pour le régime en place, suffit pour garder la haute main sur le pays. Les boycotts qui n’ont pas manqué d’être pratiqués par l’opposition, à chaque rendez vous électoral, ne l’inquiète pas du tout, l’important étant qu’un minimum d’électeurs se déplace aux urnes pour ouvrir la voie aux truquages des chiffres et à la légalisation des résultats. Une trop faible participation au référendum pourrait, en effet, ôter la légitimité populaire â cette constitution mais pas sa légalité, qui se mesurera au nombre de suffrages exprimés, quelles que soient leurs importances.

Effectivement, si seulement quelques milliers de votants se présentent aux urnes et que plus de la moitié d’entre eux, votent en faveur de la nouvelle constitution, cela suffit à faire adopter cette constitution avec un score de plus de 51% de voix de favorables. La commission électorale déclarera que la constitution a été adoptée à la majorité et c’est seulement cela qui compte aux yeux du pouvoir, qui se dépêchera de proclamer les résultats et de fermer rapidement l’épisode du référendum. Il jouera, comme à son habitude sur le temps et la propagande, pour faire oublier les dysfonctionnements mal vécus par ceux qui se sont opposés à ce référendum.

Dans les conditions actuelles, le régime en place peut s’offrir un minimum de 8 à 10 millions d’électeurs favorables à la nouvelle constitution qu’il puisera, comme il avait l’habitude, dans les rangs des corps constitués, des fonctionnaires, des militants des partis et organisations qui l’ont toujours soutenu, des retraités ultra privilégiés émargeant au fond spécial des retraites (FSR)et bien d’autres fidèles clientèles Les partis de la mouvance islamique semblent avoir déjà reçu des gages en termes de places de députés et sénateurs promises qui leur seront réservées à l’occasion des prochaines législatives. Leurs tirs croisés contre la langue amazigh ne sert en réalité qu’à faire croire à une prétendue prise de distance avec le pouvoir qui encourageait leurs troupes à se rendre aux urnes, à charge pour l’administration de détourner si nécessaire leurs suffrages en faveur de la constitution.

Les partis qui avaient été laminés par le Hirak parce qu’ils avaient soutenu Abdelaziz Bouteflika (FLN, RND et TAJ), sont subitement revenus sur le devant la scène avec des meetings dans des salles accordées avec une facilité déconcertante par des administrations, qui n’hésitent par contre pas, à les refuser à tout ceux qui n’ont pas manifesté leur allégeance au régime en place.

Les médias publics et privés liés au pouvoir ont déjà commencé à préparer le terrain à une propagande visant à donner l’illusion d’un unanimisme sans faille, non seulement, pour une participation massive au référendum, mais aussi, pour l’adoption par de la nouvelle constitution par une très large partie du peuple algérien.

Comme pour l’élection présidentielle du 12 décembre 2019, ceux qui se sont contentés de déserter les urnes, seront mis devant le fait accompli des résultats, légalement confortés par la loi électorale, même si les abstentionnistes dominent largement par le nombre. Même si l’issue du référendum sera choquante eu égard au très faible nombre de votants, le résultat proclamé sera en effet considéré comme tout â fait légal en raison de cette loi qui ne prend en considération que les suffrages exprimés quel que soient leurs nombres. Et comme les citoyens qui iront voter sont tous acquis au pouvoir, il faut s’attendre à ce que tous leurs suffrages soient un « oui » pour cette nouvelle constitution qui conforte et étend davantage les pouvoirs du président de la république.

Comme à son habitude le pouvoir s’offrira dès l’annonce des résultats, un simulacre de fête populaire plébiscitant sa victoire, aidé en cela par les médias et les militants des partis alliés.

Cette euphorie provoquée, ne saurait toutefois cacher le refus de certaines régions du pays et d’une partie non négligeable de notre émigration, de participer au référendum. Ce constat de retrait par rapport à cette constitution censée cimenter l’unité de la nation, pourrait s’avérer à terme très dangereux, en ce sens que ces communautés nombreuses et homogènes qui se sentiront exclues de ce pacte social. De dangereux ressentiments susceptibles de fragmenter encore plus la cohésion sociale pourraient évidemment en résulter.

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