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Exportations hors-hydrocarbures de l’Algérie : Ce que dit le rapport de la Banque mondiale

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Dans son nouveau rapport de suivi de la situation économique en Algérie (automne 2024), la Banque mondiale (BM) a consacré un chapitre secteur des exportations hors-hydrocarbures avec un titre : « Vers un cadre holistique en soutien aux exportations ». L’institution financière internationale estime que « l’Algérie dispose d’un important potentiel d’exportation de produits hors hydrocarbures ».

« Le potentiel de croissance des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie est important. Les hydrocarbures représentaient encore plus de 90% des exportations de produits de l’Algérie en 2023, dont environ la moitié pour les produits pétroliers et l’autre moitié pour les produits du gaz naturel », indique la Banque mondiale dans son rapport publié lundi 18 novembre, et de noter que les exportations de produits hors hydrocarbures ont cependant considérablement augmenté depuis 2017, passant de 0,7% du PIB à 1,8 % du PIB en 2023″.

Par ailleurs, souligne la même source, « l’Algérie dispose d’un important potentiel inexploité de croissance des exportations hors hydrocarbures. » « Si l’on considère l’indicateur d’ouverture aux exportations non pétrolières- mesuré par la différence entre les exportations effectives et le potentiel anticipé sur la base d’un ensemble de variables explicatives telles que la taille de son économie, les marchés d’exportation, la participation à des accords de libre-échange, ou la présence d’une langue ou d’une frontière commune l’Algérie a le potentiel de progression le plus important dans la région MENA. Notamment, la proximité du marché de l’Union européenne constitue un avantage comparatif naturel à exploiter, renforcé par l’existence d’un accord de libre-échange entre l’Algérie et l’UE« , explique l’institution de Bretton Woods.

« L’élargissement du panier de produits exportés, de leur complexité et de l’éventail des marchés d’exportation sont une priorité », indique la Banque mondiale qui énumère huit (8) produits composant les exportations hors-hydrocarbures de l’Algérie. « Les principales exportations hors hydrocarbures sont les engrais azotés, l’ammoniac, les produits sidérurgiques, l’hydrogène, le ciment, le phosphate, le sucre et les dattes. Ces produits représentaient 88% des exportations hors hydrocarbures en 2023″, note la même source.

Et d’ajouter : « Par conséquent, et malgré une amélioration ces dernières années, la diversification et la sophistication des exportations, telles que mesurées par l’indice de complexité économique (ICE), restent limitées. De plus, les principaux produits manufacturés (ciment, fer) utilisent comme intrants une grande partie de produits subventionnés. »

« Pour la production de matériaux de construction, par exemple, l’eau et l’énergie constituent plus de 60% des intrants. Pour les principales catégories d’exportation hors hydrocarbures, la destination est concentrée sur un nombre limité de pays. Pour les produits chimiques, 29% sont destinés à la France, pour les engrais, 18,4% sont destinés aux États-Unis et 20,2% au Brésil, pour le fer et l’acier, 29,8% sont destinés à la Turquie et 28,6% aux États-Unis », détaille la Banque mondiale.

« Les gains de productivité sont essentiels pour la croissance des exportations »

La même source indique dans son rapport que « les gains de productivité, notamment dans les secteurs à fort potentiel d’exportation, seront essentiels à la compétitivité algérienne et à la croissance soutenue de ses exportations. » « Au cours des vingt dernières années, l’investissement et la productivité totale des facteurs (PTF) ont diminué en Algérie, limitant la compétitivité des exportations, y compris dans les secteurs à fort potentiel d’exportation, tels que les industries sidérurgiques, métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques (ISMMEE) », relève la BM.

Parallèlement, poursuit l’institution internationale, « la part de l’industrie manufacturière dans le PIB hors hydrocarbures a diminué, passant de 11,2% en 2002 à 9,2% en 2022. En conséquence, la PTF de l’Algérie (ajustée pour les rentes pétrolières) est inférieure à celle de la région ; des pays du Conseil de Coopération du Golfe, mais aussi à celle des pays non pétroliers de la région (Jordanie, Égypte, Tunisie). »

« Le renforcement de l’environnement des affaires et de la productivité des entreprises, notamment en augmentant l’efficacité des marchés de facteurs, en développant le secteur financier et en soutenant les gains de sophistication des entreprises, sera essentiel pour améliorer la compétitivité nationale et à l’exportation des entreprises algériennes », selon la Banque mondiale.

Et d’ajouter que les efforts afin d’accroître la productivité des entreprises devront également viser les entreprises publiques », notant que « les EPE représentent un tiers du PIB algérien, près d’un cinquième de la valeur ajoutée hors-hydrocarbures, et près d’un quart de celle du secteur manufacturier. » Elle rappelle que « selon la Cour des comptes, les performances économiques et financières des entreprises publiques sont limitées, à l’exception de six groupements d’entreprises publiques. »

« Cela est confirmé par les données de l’ONS, qui montrent que la rentabilité et la productivité du travail des entreprises publiques, cette dernière mesurée par la valeur ajoutée générée par dinar de salaire payé, est plus faible dans les entreprises publiques que dans les entreprises privées, dans tous les secteurs économiques », ajoute la même source.

Et d’expliquer : « Étant donné que les entreprises publiques représentent une part importante de la main-d’œuvre, de l’activité économique et près de la moitié des prêts bancaires au secteur économique, et que la présence des entreprises publiques peut avoir une incidence sur le développement du secteur privé, les efforts visant à accroître la productivité et la compétitivité internationale de l’Algérie devraient également inclure une stratégie visant à accroître la productivité des entreprises publiques. »

« Un ensemble de politiques macroéconomiques et microéconomiques calibrées sont nécessaires »

« Des politiques favorables en matière de taux de change, de commerce international et d’investissement étranger soutiendront la croissance des exportations hors hydrocarbures », estime la Banque mondiale.

Et de souligner qu' »en Algérie, le taux de change effectif réel est demeuré stable au cours de la dernière décennie, malgré une dépréciation nominale marquée, limitant ainsi les effets de cette dépréciation sur la compétitivité algérienne. » Par ailleurs, ajoute la même source, « l’existence d’un système de double taux de change pourrait biaiser les incitations à l’importation – si le dinar est surévalué, cela pourrait encourager l’importation et la surfacturation des importations tout en décourageant les exportations hors hydrocarbures. »

« Les politiques commerciales peuvent également avoir des impacts sur la capacité d’exportation de l’Algérie, les restrictions commerciales limitant l’accès aux intrants et aux produits étrangers, affectant la productivité et les exportations, mais une libéralisation totale pouvant nuire aux producteurs nationaux émergents », indique la Banque mondiale.

Et d’ajouter que « l’encouragement des investissements directs étrangers peut favoriser l’insertion dans les chaînes de valeur mondiales, permettant aux exportateurs étrangers de produire sur le territoire algérien, soutenant ainsi la compétitivité et la croissance des exportations de l’Algérie. À ce titre, l’abrogation partielle de la loi 51/49 en 2020 pourrait favoriser l’entrée des exportateurs étrangers en Algérie, le succès d’exportateurs tels que Algerian Qatari Steel (AQS) ou Tosyali fournissant des exemples sur lesquels s’appuyer. »

Selon la BM : « La diversification des exportations requiert également une approche multidimensionnelle de facilitation des exportations. Celle-ci doit être coordonnée et pilotée au plus haut niveau du gouvernement. Diversifier, accroître et développer les exportations requiert de combiner deux types d’approches, verticale et horizontale ».

« Une approche verticale portant sur le développement des chaînes de valeur (ou filières), ayant un potentiel à l’export, de l’amont à l’aval en levant les différents goulots d’étranglement et en ciblant les marchés et segments de marchés porteurs, par exemple l’agriculture, la pêche et l’aquaculture, les technologies de l’information et des communications, les énergies renouvelables, le tourisme ou le secteur industriel », explique l’institution financière.

Et d’ajouter : « D’un autre côté, une approche horizontale s’applique à toutes les filières exportatrices et couvre les aspects réglementaires et institutionnels (de promotion des exportations, notamment) ainsi que ceux relatifs au financement, à la logistique, à la facilitation du commerce, et à la certification de la qualité. »

« L’adaptation aux efforts mondiaux de décarbonisation est également nécessaire »

« Compte tenu de la spécialisation actuelle de l’Algérie dans l’exportation de produits à forte intensité carbone, tenir compte des efforts mondiaux de décarbonation assurera la durabilité de la croissance durable des exportations », indique la Banque mondiale.

Et de préciser : « Ces efforts affecteront la demande de produits à forte empreinte carbone, notamment dans le cadre du mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) qui taxera la quantité de carbone générée directement et indirectement par la production de ciment, de fer et d’acier, d’engrais, d’aluminium, d’électricité et d’hydrogène. »

« Compte tenu de la spécialisation actuelle des exportations de l’Algérie, les exportations vers l’UE étant de plus en plus concentrées sur les produits touchés par la réglementation CBAM (soit 80% en 2023), la diminution de l’empreinte carbone des produits exportés, la diversification des exportations vers des industries moins polluantes, et l’adoption d’une taxe explicite sur carbone, seront nécessaires à une croissance soutenue des exportations hors hydrocarbures », souligne la même source.

« En l’absence d’adaptation, le CBAM et d’autres mécanismes d’ajustement carbone aux frontières pourraient entraîner des pertes de parts de marché et le paiement par les exportateurs algériens de droits importants aux autorités européennes », conclut la Banque mondiale.

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