Les exportations françaises de blé vers l’Algérie ont fortement baissé. Cette baisse est due principalement à deux raisons : la modification par l’Algérie du cahier des charges pour l’achat de blé et les relations diplomatiques tendues entre Alger et Paris.
La France, qui était depuis longtemps le principal fournisseur en blé tendre de l’Algérie, avec 4 à 6 millions de tonnes par an, a vu ses parts de marché diminuer fortement ces dernières années. Selon les médias spécialisés français, la France a exporté moins de 1,2 millions de tonnes à fin décembre 2021 (mi-campagne), contre 2 à 4 millions de tonnes en année normale à la même date.
Pour les raisons de cette baisse des exportations françaises de blé vers l’Algérie, les mêmes médias avancent, en premier lieu, la modification par l’Algérie de son cahier des charges pour l’achat de blé. En 2020, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) avait révisé à la hausse le taux autorisé de grains punaisés, qui est passé de 0,5% à 1%.
Cette modification a permis à l’Algérie de diversifier ses fournisseurs, notamment la Russie, un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux de blé (20 % du commerce mondial du grain), et qui veut un débouché pour son produit sur le marché nord-africain.
La Russie a repris ses exportations de lé vers l’Algérie en juin dernier avec une première cargaison de 28 500 tonnes, puis deux cargaisons de 60 000 tonnes en octobre et enfin 250 000 tonnes en décembre dernier selon l’USDA, département américain de l’agriculture.
Cependant, l’approvisionnement en blé du marché algérien est principalement satisfait par l’Union européenne (UE). Selon les données de l’USDA, les pays de la zone économique ont expédié en 2020/2021, près de 6 millions de tonnes de blé tendre vers l’Algérie, soit plus de 90 % des cargaisons. Sur la saison précédente, l’Allemagne était le premier fournisseur européen de l’Algérie.
Relations diplomatiques tendues entre Alger et Paris
La deuxième raison de la baisse des exportations de blé français vers l’Algérie est liée aux relations diplomatiques tendues entre Alger et Paris, particulièrement durant le dernière trimestre de l’année dernière. Suite aux propos du président français, Emmanuel Macron, sur l’Algérie en octobre dernier, Alger avait rappelé son ambassadeur à Paris. Le dialogue entre les deux pays a repris après la visite en décembre dernier du ministre fraçais des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et l’ambassadeur de l’Algérie à Paris a regagné son poste que début janvier en cours.
Si l’Algérie a décidé de rouvrir son marché pour les génisses et bovins français, après une suspension de plus d’une année. Elle continue de bouder son marché de blé. Preuve en est : l’origine française est absente de l’appel d’offres lancé par l’OAIC en janvier pour mars prochain.
Le marché algérien est considéré comme le principal déboucé pour le blé français. La baisse des achats de l’Algérie du blé tricolore pourrait provoquer un gonflement des stocks français. En effet, selon le bilan prévisionnel du blé tendre français publié mi-janvier par FranceAgriMer, le stock final de la campagne 2021-2022 pourrait atteindre près de 3,7 millions de tonnes (Mt) à fin juin, au plus haut depuis 2005. Pour compenser les pertes sur le marché algérien et atteindre les 9 millions de tonnes à l’export, FranceAgriMer table sur d’autres destinations telles que la Chine, et d’autres pays africains comme l’Egypte et le Maroc.
L’Algérie est un gros importateur de blé tendre. Durant la dernière saison, le pays a enregistré une forte baisse de sa production céréalière en raison notamment de la sécheresse. Dans ses prévisions d’août dernier, l’Organisation des Nations Unies pour l’Aliemntation et l’Agriculture (FAO) prévoyait une baisse de 38% de la production algérienne de céréales, en raison notamment la sécheresse qui marqué l’année 2021. En parallèle, l’organisation onusienne prévoyait aussi une augmentation des importations algériennes de céréales, essentiellement de blé, qui devraient connaître une hausse de 25% par rapport à l’année passée et de 7% au-dessus de la moyenne durant la saison de commercialisation 2021/2022.
Le ministre de l’Agriculure et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a relevé récemment un déficit en matière des quantités de céréales collectées. Le ministre a indiqué que les quantités de céréales collectées au niveau de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) ont atteint 13 millions de quintaux de blé tendre et dur.
Pour encourager les agriculteurs à doubler de production en céréales en vue de réaliser la sécurité alimentaire, l’Etat a décidé récemment d’augmenter les prix d’achat des céréales, notamment le blé dur et tendre auprès des agriculteurs. Ainsi, le prix d’achat du blé dur est passé de 4500 Da à 6000 Da le quintal, le blé tendre de 3500 Da à 5000 Da le quintal, l’orge de 2500 Da à 3400 Da le quintal et l’avoine de 1800 Da à 3400 Da le quintal.