La crise sanitaire s’apprête à emporter dans son élan morbide un nombre considérable d’activités économiques et sociales. C’est une véritable hécatombe qui effectivement guète certaines professions qui avaient pris en charge une part non négligeable de la demande nationale en matière d’éducation, de transport, d’hôtellerie et de restauration.
Si aucune mesure d’urgence n’est prise en leur faveur l’Algérie sera définitivement privée d’écoles, de crèches, de restaurants et d’hôtels dont les comptes irrémédiablement déstructurés conduiront inévitablement à la faillite.
La gravité du problème sera évidemment proportionnelle à l’intensité et à la durée de contamination et des mesures prises par l’administration publique pour se protéger de cette pandémie. Certaines régions comme Alger, Blida, Tipaza, Oran, Sétif, Bejaia, Biskra et autres, appliquent à des degrés divers, des mesures de confinement depuis plus de quatre mois. Les écoles et les crèches, les restaurants et les hôtels ont été contraints de fermer et les entreprises de transports à mettre leurs véhicules à l’arrêt.
Si pour les établissements qui appartiennent à l’Etat, des aides publiques multiformes ont été quasi automatiquement octroyées (paiement des travailleurs mis au chômage, paiement des impôts et taxes différés etc.) ce ne fut malheureusement pas le cas pour ceux qui relèvent du secteur privé. Ces derniers sont contraints d’assumer seuls les conséquences de l’inactivité à laquelle ils ont été subitement astreints.
Privés des rentrées financières que leur procuraient l’exercice de leurs activités, ils sont malgré tout astreints à s’acquitter des coûts de location, des impôts et taxes et des salaires des travailleurs qu’ils souhaitent garder. Aucune faveur ne leur a été accordée en matière de soutien aux coûts des loyers, de prise en charge du chômage partiel et de délais de paiement des impôts.
Les transporteurs de voyageurs ont même été contraints de supporter les coûts supplémentaires résultant de la hausse des prix des carburants et de la réduction obligatoire de moitié du nombre de voyageurs à transporter. La profession de transporteurs par bus ou par taxi devient du coup peu motivante, pour ne pas dire risquée au plan financier.
Les compteurs des charges continuent à courir normalement au moment où ceux des produits (recettes) se sont subitement et durablement arrêtés. Cette situation qui dure depuis bientôt 4 mois a creusé les déficits au point que l’écrasante majorité de ces activités se trouve déjà en cessation de paiements. Sans l’aide expresse de l’Etat, ces entreprises qui ne disposent plus de fonds propres ne pourront plus jamais se relever. L’Algérie pourrait d’ici peu se retrouver avec seulement quelques écoles et crèches qui auront sur-vécues par miracle à l’hécatombe. La scolarisation des enfants sera de ce fait compliquée car ces établissements privés assuraient au minimum 30% de l’éducation des enfants. Les hôtels, les restaurants et les transporteurs privés subiront très certainement le même sort à des niveaux de gravité différents selon la spécificité des traitements sanitaires anti Covid-19 aux endroits où ils exercent.
Les conséquences seront évidemment dramatiques car ces activités ont non seulement la particularité d’offrir de nombreux emplois, mais aussi et surtout, d’accompagner le fonctionnement de toute l’économie nationale. Toutes ces écoles, ces crèches, ces restaurants et moyens de transports qui disparaîtront si rien n’est fait pour l’empêcher, seront autant de difficultés pour les algériens qui ont réussi à garder leurs emplois mais qui ne pourront pas se rendre à leur travail faute de transport ou parce que leurs enfants ne sont pas scolarisés ou pris en charge par des crèches. C’est dire l’importance du problème dont les autorités politiques qui n’ont fait aucune déclaration à ce sujet ne semblent pas avoir pris la mesure de la gravité.
Très inquiets pour leur avenir immédiat, des directeurs d’écoles et crèches privées nous ont affirmé dépendre des mesures de soutien que l’Etat devra nécessairement prendre en leur faveur. Des mesures qui pourraient prendre l’aspect de subventions, de prises en charge des frais de location et d’exonération d’impôts. Sans ces aides la fermeture de milliers d’établissement sera inévitable. Ils souhaiteraient que le gouvernement fasse une déclaration qui leur redonnerait espoir.