Le ministre de la santé, Abderrahmane Benbouzid, est revenu, jeudi, sur sa visite au domicile de la défunte médecin Docteur Wafa Boudissa, décédée le 15 mai du covid-19 à l’hôpital de Ain El Kebira dans la wilaya de Sétif à l’âge de 28 et enceinte de huit mois.
Intervenant sur les ondes de la radio Chaîne III, Benbouzid a tenu à répondre aux critiques sur les réseaux sociaux envers lui et la ministre de la solidarité nationale a propos du non respect des mesures barrières et de distanciation sociale en se rendant au domicile de la défunte médecin. Les internautes algériens ont aussi accusé le ministre et sa délégation d’avoir violé l’intimité de la maison de Dr Boudissa en se tenant à l’intérieur de sa chambre à coucher.
« Le ministre de la République s’est déplacé à 25 km de Sétif pour rendre visite à une famille endeuillée. Je suis arrivé avec la ministre de la solidarité nationale dans une grande cour entourée d’immeubles et j’ai été très bien reçu avec des personnes âgées. Et on me dit : « venez, nous allons voir la famille ». Donc, on m’a guidé. Je suis venu pour voir l’époux, la mère de l’époux et la mère de l’épouse. Je ne pouvais pas rester à l’extérieur. La presse m’a précédé et il y avait un monde fou. On est monté dans un petit appartement. Je suis rentré, guidé par la foule dans une chambre. Il se trouve que derrière moi, il y avait une armoire et il n’y avait ni lit ni linge de son épouse », a raconté le ministre de la santé.
« C’est vraiment indélicat ce qui a été dit. Pourquoi? Je rentre et je viole l’intimité d’une maison. C’est absolument scandaleux ce qui a été dit », a déclaré Benbouzid en ajoutant : « Moi j’ai été dans la maison de la défunte. Son époux était à côté et la petite (fille) était à côté. Une émotion vous prend, c’est très chargé, quand vous rentrez dans une maison, vous voyez l’époux, la défunte qui n’est plus là, vous voyez la petite…J’ai mis mes doigts sur sa joue (la fille de Dr Boudissa) et la ministre (de la solidarité) qui est une dame et qui a beaucoup de sensibilité, l’a prise. Un geste tout à fait naturel et qu’on oublie de ne pas le faire. On a présenté nos condoléances et on est reparti », a précisé Benbouzid.
« La toile s’est enflammée. Qu’ils aient dit que j’ai pris des risques, je leur accorde. Mais, qu’ils aient dit que j’ai violé l’intimité de la maison de l’épouse, honte à eux », a-t-il ajouté, en précisant que « nous étions sur place pour une autre mission, plus noble. »
Selon Benbouzid, immédiatement après sa visite, des rumeurs ont annoncé qu’il était confiné et testé positif au covid-19. « Dans la journée, j’ai fait mon test qui était négatif. Mme la ministre la également fait », a-t-il dit, en ajoutant que « ces réseaux sociaux agissent parfois dans une forme de lâcheté en racontant ce qui se dit dans les trottoirs et le rapporter à la connaissance du public, et certains y croient ».
Concernant le limogeage du directeur de l’EPH de Ras El Oued dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj où travaillait la défunte Dr Boudissa, Benbouzid a fait savoir qu’il a été relevé de ses fonctions parce qu’il a enfreint deux instructions, celle du président de la République et celle du ministère de la santé, portant sur la libération de 50% des effectifs et en priorité les personnes vulnérables dont les femmes enceintes au troisième trimestre.
Pour rappel, Dr Wafa Boudissa a été contaminé par le covid19 le 9 mai, testée positive le 12 du même mois et elle a rendu l’âme trois jours plus tard (15 mai) à l’hôpital de Ain Kebira où elle a été hospitalisée.
Le directeur de l’EPH de Ras El Oued avait refusé à trois reprises la demande de congés exceptionnel de Dr Boudissa.