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La filière transport de voyageurs dans la tourmente: Le syndicat exige une rencontre avec le gouvernement

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Le temps et le calendrier du de-confinement ne sont pas adaptés aux intérêts des transporteurs de voyageurs, certes pressées de reprendre leurs activités, mais pas dans les conditions désastreuses qui les attendent. L’environnement du business du transport, s’est en effet considérablement dégradé, sous l’effet d’une série de décisions dont le gouvernement ne semble pas avoir mesuré la gravité des répercussions. Les dommages seront visibles, non seulement, sur cette filière éminemment stratégique du transport de voyageurs, mais plus largement encore, sur l’économie et la société dans sa globalité..

Les transporteurs de voyageurs vont en effet renouer dans quelques jours avec leurs activités habituelles, avec des coûts de production supplémentaires qui affecteront les postes de dépenses les plus importants (carburants, salaires et entretien des véhicules notamment) et, plus grave encore, l’obligation de subir des contraintes inédites qui ne manqueront pas d’infléchir gravement leurs chiffres d’affaires et leurs rendements. Les prix des carburants ont en effet substantiellement augmentés depuis la promulgation de la loi de finance complémentaire pour 2020 (3DA de plus pour les trois catégories d’essence et 5DA pour le gasoil) et le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) que perçoivent généralement les receveurs et agents d’entretien des bus, a été relevé de 2000 DA. Ce sont autant de nouvelles charges qui viendront grever les comptes des sociétés de transport qui n’ont même pas le droit de répercuter automatiquement ces surcoûts sur les prix des tickets de voyages qui sont, comme on le sait, fixés par voie administrative ( arrêté conjoint des ministres du Commerce.et du transport). La procédure de mise à niveau est lente. Elle requiert beaucoup de temps et ce n’est pas toujours que les ministères concernés se rangent du coté des doléances des transporteurs qu’ils accusent de certains dépassements (surcharges, non respect des normes d’hygiène, fraudes sur les tarifs etc.).

Les mois qui suivront la reprise des activités promettent donc d’être particulièrement difficiles pour les transporteurs qui partent déjà avec les importants manques à gagner induits par quatre mois d’inactivité forcée. Les transporteurs seront également confrontés dès leur redémarrage à une contrainte de taille, sans doute la pire de toutes celles qu’ils devront surmonter.. Il s’agit, on l’a compris, de la réduction forcée du nombre de voyageurs qui leur sera très certainement imposée dans le cadre des gestes barrières visant à contrer la propagation du Covid 19. Cette réduction pourrait atteindre, comme on le voit dans les pays qui ont renoués avec les transports publics, la moitié des capacités nominales des bus, ce qui correspond  à une réduction de 50% des chiffres d’affaires potentiels habituellement réalisés par les véhicules concernés. La faillite des sociétés de transport de voyageurs sera de ce fait programmée !!! A moins que les pouvoirs publics autorisent les transporteurs à doubler les prix des tickets de voyage ou, à défaut, garantissent des indemnisations à la hauteur des pertes subies par  ces transporteurs. C’est une des conditions qui pourrait envisagée pour sauver la filière d’un sinistre programmé.

Rien n’est encore décidé en la matière, mais on évoque déjà une possible rencontre pour le 15 juin prochain entre le syndicat national du transporteur de voyageurs et les ministères concernés (ministère du Transport, du Commerce, de l’Intérieur et de la santé). Les négociations promettent d’être difficiles car les transporteurs ont beaucoup de droits à faire valoir (droit de répercuter les surcouts sur les tickets de voyages, droit d’être indemnisés pour les pertes induites par la baisse du nombre de voyageurs à transporter, aides multiformes en faveur de l’après confinement etc.) alors que l’Etat traverse une mauvaise passe financière. Les arbitrages seront à l’évidence très difficiles à opérer et les décisions salvatrices pour les transporteurs sinistrés risquent par conséquent de tarder. On comprend alors mieux cette réflexion d’un des membres du syndicat national qui évoquait dans une chaîne de télévision privée un « sale temps pour les transporteurs de voyageurs » Il faut effectivement reconnaitre que les dégâts de ces quatre derniers mois de confinement sur cette filière stratégique, sont énormes et que leur réparation ne peut que susciter de l’inquiétude chez ces opérateurs qui craignent que pouvoirs publics n’assument pas leurs responsabilités. Les syndicalistes affichent un certain optimisme comme s’ils étaient certains que l’Etat ne les abandonnera pas durant cette phase particulièrement délicate pour l’ensemble de la profession.. Abandonner cette filière à son sort c’est en effet courir le risque de dérégler, non seulement, la machine économique, mais aussi, l’ensemble de la société. C’est dire l’importance de cette filière qu’il faut coute que coute protéger.
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