L’Algérie, à l’instar des autres pays du monde, célèbre vendredi la journée internationale du travail dans des conditions inédites, marquées par la propagation du coronavirus, une pandémie mondiale ravageuse qui a poussé le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour contenir son impact sur le travailleur et l’entreprise.
Face à cette crise sanitaire, l’Algérie, dès l’apparition des premiers cas de coronavirus, a pris les mesures nécessaires pour préserver la vie des citoyens en général et des travailleurs en particulier, en imposant notamment un confinement graduel dans plusieurs wilayas.
La journée internationale du travail, qui rend hommage aux luttes du mouvement ouvrier à la fin du 19ème siècle pour obtenir la journée de huit heures, après le massacre de Haymarket Square à Chicago (Etats-Unis), le 4 mai 1886, est célébrée cette année en Algérie au moment où la majorité des travailleurs recourent au télétravail et où 50% des employés et l’ensemble des travailleuses ayant des enfants en bas âge sont démobilisés à cause de la pandémie du Coronavirus.
Cette démobilisation des travailleurs afin de les protéger contre la pandémie, décidée la mi mars dernier par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a été accompagnée par une autre décision portant sur le maintien des salaires des employés confinés.
En outre, les activités accueillant le public et à forte concentration de personnes, ainsi que celles pouvant être des vecteurs de transmission du virus ont été fermées avant qu’une partie de ces activités ne soit autorisé à la reprise sous des conditions fermes fixées par arrêté interministériel.
Conjoncture oblige, les employés des services vitaux nécessaires ont été exclus de cette décision.
Se trouvant au premier rang de la lutte contre la pandémie, les travailleurs du secteur de la santé continuent ainsi à assurer leur mission.
En guise de reconnaissance envers ce corps, le président Tebboune a décidé de faire profiter tous les travailleurs de la Santé d’une prime exceptionnelle allant de 10.000 DA à 40.000 DA, en plus d’autres mesures d’encouragement.
Lors d’une récente visite au centre hospitalo-universitaire de Beni Messous à Alger, le président de la République a annoncé que l’ensemble des praticiens de la santé ayant travaillé deux mois dans la lutte contre le Coronavirus allait bénéficier d’une année d’ancienneté dans le calcul de l’âge de départ en retraite.
Il a même fait part de sa disponibilité à aller « le plus loin possible » dans la prise en charge des préoccupations des corps médical et paramédical, dans la mesure des moyens financiers et des lois en vigueur.
Cependant, si le confinement, appliqué en Algérie, mais également dans le monde, s’avère un moyen efficace pour contenir la propagation du virus, ses répercussions sur l’emploi s’annoncent lourdes, d’où les mesures urgentes prises par le président de la République et le Gouvernement pour soulager les entreprises et tenter de préserver les postes d’emploi.
En effet le confinement décidé par les pouvoirs publics pour la prévention contre la pandémie, a « directement impacté la vie économique et l’emploi, ce qui nécessite une solidarité nationale d’envergure pour le maintien de l’activité économique, la préservation de l’emploi et la prise par l’Etat de mesures de régulation », soulignait le Premier ministre, Abdelaziz Djerad.
Dans ce cadre, M. Djerad a décidé la suspension de l’application des pénalités de retard sur les entreprises, afin d’atténuer les effets des mesures de prévention et de lutte contre le Covid-19 sur l’outil national de réalisation. Des mesures d’ordre fiscal, parafiscal et d’emprunts ont été ainsi prises au profit des entreprises en difficulté.
Le ministère des Finances a, de son côté, annoncé plusieurs mesures de facilitations fiscales au profit des entreprises nationales impactées par la pandémie, dont le report des déclarations fiscales, la reconduction du report du paiement du premier acompte provisionnel IRG/IBS, le rééchelonnement du paiement de la dette fiscale et la suspension de l’imposition des bénéfices non affectés des exercices 2016 et suivants.
Concertations avec les travailleurs pour évaluer l’impact de la crise
Et pour impliquer les entreprises et les travailleurs dans la démarche de sortie de crise, le Premier ministre a instruit les membres du gouvernement de lancer des concertations sectorielles avec les organisations patronales et les syndicats des travailleurs pour évaluer et contenir l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’entreprise et la vie économique.
Dans une correspondance du Premier ministre, les ministres ont été instruits de procéder chacun dans son domaine d’activité, « à une consultation avec les organisations patronales et les syndicats des travailleurs activant dans le monde économique, autour de la problématique de l’atténuation des effets induits par les mesures de prévention et de lutte contre le Coronavirus, prises par l’Etat ».De ce fait, les travailleurs algériens vont pouvoir contribuer à évaluer les répercussions de la pandémie sur leurs postes d’emploi et participer, ainsi, à la définition des solutions de sortie de cette crise, aggravée par une chute drastique des prix du pétrole.
Lors d’un Conseil des ministres tenu le 22 février dernier, à la veille de la célébration du double anniversaire de la création de l’UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures, le président Tebboune avait exhorté les travailleurs à « sacraliser les vertus du travail et de la morale dans la grande bataille que nous menons pour l’édification de la nouvelle République », en « retroussant leurs manches et en libérant leurs potentiels et leurs talents afin de réaliser le bond qualitatif requis pour la diversification du produit national et la libération du pays de la dépendance à la rente pétrolière ».
« Nous avons des compétences algériennes et des ressources matérielles susceptibles de nous mettre à l’abri de l’instabilité des recettes pétrolières », assurait M. Tebboune, appelant à « mettre en valeur les ressources humaines afin de remporter le pari, de surmonter les séquelles de la pandémie Covid-19 et de jeter les fondements d’une véritable industrie nationale dans le cadre d’une véritable économie ».
APS