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L’Association de producteurs algériens de boissons (APAB) a plaidé pour des mesures « flexibles » de la part des pouvoirs publics pour soutenir les entreprises des secteurs des boissons et du lait « lourdement » impactées par la crise sanitaire liée au Coronavirus, a déclaré samedi son président, Ali Hamani.
« Les unités de production sont cruellement touchées par la pandémie de Coronavirus qui risque même de mettre en péril leur activité et nous estimons que des mesures adaptées s’imposent pour sauver les entreprises et les emplois », a indiqué M. Hamani dans un entretien accordé à l’agence officielle.
Le président de l’APAB assure que « malgré l’engagement de l’association pour l’approvisionnement des citoyens durant cette période de confinement sanitaire, ses entreprises font face à des difficultés multiples qui menacent leur pérennité ».
La production, a-t-il poursuivi, est « sérieusement perturbée par des problèmes d’approvisionnement en matière première du fait que certains de nos fournisseurs d’emballages et d’ingrédients ont décidé de se mettre à l’arrêt », a-t-il affirmé, en tenant à préciser que les entreprises de la filière comptent sur les fournisseurs locaux puisque le taux d’intégration nationale dans la production des boissons et du lait est largement supérieur à 60%.
« Certes, l’intégration de matières premières locales dans nos produits finis et l’un des avantages majeurs pour nous en situation normale, mais cet avantage aujourd’hui s’avère être un inconvénient » a-t-il regretté.
Outre la pénurie de matières premières et d’intrants, les entreprises des boissons ont du mal à commercialiser leurs produits en raison de problèmes liés à la vente et à la distribution.
« Nous avons constaté que 40% des points de vente au détail et 80% des grossistes sur le territoire national sont à l’arrêt », a-t-il fait savoir.
Il a ajouté par ailleurs que « les distributeurs refusaient de passer commandes sur les produits périssables sans certitude de pouvoir les écouler dans les délais de crainte d’une décision officielle d’arrêt totale de toute activité.
A cet égard, M. Hamani a prévenu que ces tensions dans l’approvisionnement des circuits agroalimentaires, tout confondus, pourraient être à l’origine de « pénuries » mais aussi de graves troubles sociaux.
Le transport de marchandises et du personnel confronté à des difficultés administratives
En plus des problèmes liés à la pénurie de matières premières et de fermeture des points de vente, M. Hamani a évoqué le problème de transport du personnel de production et le transport marchandises (matières premières et ou produits finis) en raison du couvre-feu sanitaire.
Selon ses propos, depuis l’annonce des dernières mesures relatives au confinement de la wilaya de Blida et l’établissement d’un couvre-feu nocturne à Alger, les entreprises du secteur sont confrontées à « un flou administratif » qui empêche aujourd’hui d’obtenir les autorisations de circulation.
« Nous devons nous présenter aux forces de l’ordre pour continuer à exercer nos activités, qu’elles soient inter-wilayas ou intra-wilayas. Nos usines sont de fait à l’arrêt depuis le mardi 24 mars », a-t-il déploré, exprimant à cet égard l’inquiétude des entreprises de cet état de fait et anticipent également sur la probabilité que ce confinement se généralise à d’autres wilayas dans les jours prochains.
Interrogé sur l’état des stocks actuels des producteurs de boissons et de produits laitiers frais, il a répondu que les volumes évalués à partir de ceux des membres de l’APAB ne couvrent qu’une période d’un mois au plus.
« Si les entreprises de production n’arrivent pas à s’approvisionner en matières premières dans les jours qui viennent, elles ne pourront pas assurer la disponibilité des boissons et des produits laitiers frais à nos consommateurs durant le mois du Ramadan », a-t-il averti.
Lors de cet entretien, le président de l’APAB a évoqué la situation financière des entreprises de la filière, en exhortant les pouvoirs publics à prendre des mesures d’urgence pour les aider à surmonter cette conjoncture « difficile »et empêcher la faillite des entreprises.
Ces propositions portent globalement sur la mise en place d’un moratoire fiscal et parafiscal pour les entreprises en difficulté (Différer les paiements des cotisations sociales et des taxes mensuelles de 90 jours sans pénalité).
L’APAB propose, en outre, le report de tous les échéanciers de remboursement des prêts bancaires pour une période de trois mois sans intérêts ni commissions en rapport avec la situation financière de chaque entreprise.
L’Association plaide également pour la mise en place d’un découvert bancaire exceptionnel bénéficiant d’un taux préférentiel, selon les besoins et les garanties, pour faire face aux charges qui ne peuvent être ni suspendues, ni reportées (paiement des salaires, des fournisseurs).
En ce qui concerne l’indemnisation des salariés ayant perdu leur emploi en raison de la crise économique actuelle, l’APAB a estimé qu’il appartient à la Caisse nationale d’assurance-chômage de les rembourser.
« Au fait, la mission principale de cet organisme public c’est l’indemnisation des salariés ayant perdu leur emploi pour raisons économiques », a-t-il tenu à rappeler, en soulignant que « cette caisse est financée par les cotisations sociales ».
Le président de l’APAB espère enfin des décisions adéquates de la part des autorités pour un fonctionnement permettant d’alimenter le marché national mais aussi et surtout à sauvegarder le tissu industriel et les emplois.
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