Le procès en appel dans les deux affaires relatives au dossier de montage automobile et au financement occulte de partis politiques et de la campagne électorale pour la présidentielle d’avril 2019, dans lesquelles sont poursuivis les deux anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, a repris dimanche à la Cour d’Alger.
Dans son plaidoyer, l’ancien premier ministre Abdelmalek Sellal, condamné à 15 de prison ferme, a demandé de ramener l’ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika en tant que témoin, selon les propos de l’ex-premier ministre rapportés par le journal El Bilad.
Sellal a indiqué qu’il était premier ministre de Bouteflika et qu’il a exécuté un programme politique adopté par le parlement. Sellal affirme qu’il n’est pas un gestionnaire. « Je n’ai pas géré des projets. Tout secteur avait un ministre, et moi, j’ai coordonné et veillé sur l’application du programme », a-t-il dit.
« C’est une affaire politique. Le premier responsable c’est Bouteflika. Il faut qu’il soit présent en tant que témoin. L’heure est grave. Certes le président était malade, mais il suivi au moindre détail tout ce qui se passait à travers son frère (Said Bouteflika) », a déclaré Sellal.
« Je ne suis pas un homme de pouvoir. Je suis allé d’est en ouest, du nord au sud, tout le monde me connait, j’ai appliqué la politique de l’Etat. S’il y a des lacunes, le Parlement l’a adoptée », a-t-il encore dit.
Sellal s’est dit touché dans son amour propre en l’accusant de « corrompu ». « Je souhaitait mourir, et Dieu est témoin, je ne suis pas un corrompu », a-t-il dit, ajoutant que « notre erreur est due à d’autres causes : Le mal que vit notre pays est la conséquence d’une mauvaise gouvernance ».
Le juge voulant savoir pour quelle raison il n’a pas fait un cahier des charges pour le montage automobile autorisé par l’ancien ministre de l’industrie et des mines Abdeslam Bouchouareb, Sellal a répondu : « J’ai demandé à maintes reprises son écartement (Bouchouareb, ndlr), mais, je n’avais pas de pouvoir sur lui », ajoutant que le cahier des charges ne se fait pas à l’initiative du premier ministre mais à celle du ministre. « Mois je signe uniquement les décrets exécutifs, et Ouyahia est témoin, c’est la vérité », a-t-il ajouté.
Bouchouareb est en fuite à l’étranger et fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la justice algérienne, qui l’a condamné à 20 ans de prison ferme par contumace.
A une autre question du juge de savoir pourquoi il n’a pas démissionné? Sellal a répondu : « Il y a un grand responsable qui avait parlé par le passé, on l’a humilié et limogé, et son fils a été jeté en prison où il a mangé avec nous des haricots et des lentilles. »
L’ancien premier ministre a nié en bloc les accusations portant sur l’octroi d’avantage à l’homme d’affaire Ahmed Mazouz auprès de l’ANDI (Agence nationale pour le développement de l’investissement, ndlr) dans l’affaire des usines de montage de véhicules. Il a également nié les accusations portant sur la gestion de l’argent de la campagne électorale du 5e mandat de l’ex-président déchu. Il a précisé qu’il a été désigné pour gérer sa campagne sur le plan organisationnel et politique.
Sellal a demandé de convoquer les 5 gouvernements successifs depuis 2001 étant donné que les avantages accordés aux investisseurs étaient les mêmes depuis cette année-là et que les gouvernements ont travaillé avec le décret exécutif signé par l’ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour démissionnaire en juin 2000.
Sellal a ajouté qu’il a été nommé premier ministre par téléphone : « Le jour de ma nomination par téléphone, j’ai pris un stylo et j’ai écrit la liste des ministres, je n’ai nommé personne », a-t-il expliqué.
A la question sur qui a nommé Bouchouareb, Sellal a répondu que c’était le président Bouteflika.