« L’exploitation du gaz de schiste est nécessaire ». Cette phrase prononcée par le Président Abdelmadjid Tebboune, mercredi dernier, à l’occasion de sa première rencontre périodique avec certains représentants de la presse, a relancé le débat sur le gaz de schiste en Algérie.
Deux actuels ministres du Gouvernement Djerad avaient exprimé leur scepticisme, voir leur opposition à l’exploitation du gaz de schiste en Algérie, considérée comme la troisième réserve mondiale. Il s’agit en l’occurrence du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Chems-Eddine Chitour et du ministre de l’Industrie et des Mines, Ferhat Ait Ali.
« Là où les Américains payent maintenant 2,5 millions de dollars pour un puits moyen, les Algériens en payeront 7 millions de dollars », a expliqué M. Ait Ali, le 25 décembre 2018, lors de son passage à radio M.
« Depuis quand des gens qui font des routes à quatre fois leur valeur internationale, trouveront le moyen de faire des puits horizontaux », avait-t-il ironisé, ajoutant, sur le même ton sarcastique « c’est une blague de mauvais goût ! ». L’actuel ministre avait indiqué que « le gaz de schiste n’offre pas de rente », expliquant que « c’est tout un système qui est basé sur l’improvisation, la prédation et la mauvaise planification ».
M. Ait Ali a rappelé que la durée maximum d’un puits de gaz de schiste est de quatre ans et 80% de baisse sont enregistrée à partir de la deuxième année d’exploitation. « Il faut creuser deux mille puits pour extraire 20 milliards de mètres cubes », avait-t-il souligné.
Évoquant l’intérêt des Américains pour le gaz de schiste algérien, l’actuel ministre de l’Industrie expliquait que les Américains insistaient pour nos vendre leur surplus de tubulures. « Ils avaient envoyé leur ministre trois fois en Algérie, et quand il s’agissait de soumissionner, ils étaient aux abonnés absents ».
M. Ait Ali expliquait que si le gaz de schiste marchait aussi bien aux Etats-Unis, c’est en raison du dumping et une fiscalité nulle. « La stratégie des Américains était de s’autonomiser vis-à-vis du marché mondial, voir même noyer le marché », estimait M. Ait Ali, ajoutant que les Américains n’avaient pas comme stratégie de « gagner des marges énorme ». Pour l’actuel ministre, la plupart des entreprises dans le gaz et le pétrole de schiste sont surendettées.
De son côté, M. Chitour avait rappelé, lors de son passage à la Radio chaîne 3 qu’ « on a interdit à Total de faire du gaz de schiste dans le sud de la France, mais il risque de forer en Algérie », en affirmant que « le gaz de schiste est une calamité. On va hypothéquer l’avenir du Sud ». Pour le professeur Chitour, le gaz de schiste est une richesse, mais le moment venu, quand la technologie sera mature en 2030. « Ce n’est pas le moment », avait-t-il soutenu.
Pour rappel, Laurent Fabius, l’ancien ministre français des Affaires étrangères sous la Présidence de François Hollande, avait indiqué, que la France et l’Algérie allaient prochainement signer un accord permettant des recherches françaises sur le territoire algérien dans le domaine de l’exploitation des gaz de schiste, avait rapporté en décembre 2012 le magazine français Le Point.