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Algérie-UE : des consultations pour renégocier l’accord d’association

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Le nouvel ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, Digeo Mellado, s’est exprimé sur l’accord d’association liant l’Algérie et l’UE. Cet accord, signé en 2002 et entré en vigueur trois ans plus tard en 2005, est contesté ces dernières années par l’Algérie, qui estime qu’il ne lui est pas favorable et qu’il doit être révisé pour qu’il soit adapté à la politique de diversification de l’économie engagée par le pays.

En juin dernier, la Commission européenne a annoncé l’initiation d’une procédure d’arbitrage contre l’Algérie, en raison des mesures prises pour rationaliser les importations et réguler les investissements. Parmi les mesures contestées, la Commission avait notamment évoqué les licences d’importation « ayant des effets similaires à une interdiction d’importation », l’obligation pour les constructeurs automobiles d’utiliser des pièces fabriquées localement, ainsi que la limitation de la participation étrangère dans le capital des entreprises algériennes importatrices de biens.

Cependant, il semble que les deux parties aient choisi de privilégier une autre approche pour résoudre leur différend commercial, en optant pour des consultations. En effet, dans un entertien à l’agence EFE le 1er novembre, M. Mellado a fait savoir que l’Algérie et l’UE prévoient de débuter des consultations techniques en ce mois de novembre dans le but de renégocier l’accord d’association.

Diego Mellado, qui a présenté ses lettres de créances le 21 octobre dernier au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a déclaré qu' »il y a un engagement clair » à Bruxelles pour une relation stratégique avec Alger en tant que « partenaire fiable ».

« La procédure ouverte prévoit un arbitrage, mais nous n’en sommes même pas à cette phase, mais plutôt dans une première étape d’échange où le point de vue européen peut être expliqué et les arguments des Algériens peuvent être expliqués », a assuré l’ambassadeur européen, qui a précisé qu’une délégation de l’UE entamera à Alger des négociations sur ce différend dans les prochaines semaines.

L’Accord d’association avec l’UE « n’a pas permis à l’Algérie d’atteindre une diversification commerciale » et, bien qu’il soit « très favorable » si l’on inclut les hydrocarbures dans la balance commerciale, « il y a des déséquilibres » avec le reste des biens, a reconnu le diplomate européen.

C’est ce déséquilibre majeur qui a poussé le président Abdelmadjid Tebboune à donner des instructions pour revoir l’accord de partenariat, point par point, dans une optique souveraine et selon une approche gagnant-gagnant. Début octobre dernier, lors d’une entrevue avec les médias le président Tebboune a annoncé que l’accord d’association sera révisé à partir de l’année prochaine.

« L’accord d’association avec l’Union européenne sera révisé à partir de 2025 », a déclaré le président Tebboune, soulignant que cette révision, désormais « nécessaire », sera menée « avec souplesse et dans un esprit amical sans entrer en conflit » car, a-t-il dit, « nous entretenons des relations normales avec les Etats (de l’Union européenne), y compris la France ».

Evoquant les raisons de cette révision, le chef de l’Etat a indiqué que « l’accord avec l’Union européenne a été conclu à une époque où l’Algérie était bien différente de celle d’aujourd’hui ». « A l’époque, la contribution de l’industrie au revenu national ne dépassait guère 3% et nous importions des produits agricoles sans en exporter. En d’autres termes, l’Algérie d’alors n’avait pas de capacités d’exportation », a-t-il expliqué, soulignant que « la donne a changé, l’Algérie produisant et exportant désormais une grande variété de produits manufacturés, électroménagers et autres ».

Et d’ajouter : « aujourd’hui, nous demandons une révision, car l’essence même de l’accord avec l’Union européenne repose sur le libre-échange, et nous souhaitons le faire dans un esprit amical sans entrer en conflit ». D’ailleurs, les Etats membres de l’Union européenne « veulent entretenir de bonnes relations économiques (avec l’Algérie) et ne s’opposent pas à une révision de l’accord », a-t-il dit, saluant, par là même, le succès commercial remarquable des produits algériens sur les marchés européens.

Selon Diego Mellado, l’Union européenne a également « pris conscience » depuis le début de la guerre en Ukraine de « l’importance stratégique » de l’Algérie et « surtout de sa fiabilité en tant que partenaire énergétique ». L’Algérie est devenue le deuxième exportateur de gaz vers l’Union européenne par gazoduc.

L’ambassadeur a annoncé la nomination le 1er décembre prochain d’un nouveau commissaire dédié « exclusivement » à la Méditerranée. « Cela nous permettra de renforcer la relation avec l’Algérie et les pays de la région, dans un nouveau cadre. Les Algériens ont réalisé qu’ils doivent jouer un rôle beaucoup plus important », a-t-il expliqué.

Selon Mellado, il faut repenser la géopolitique européenne et les cadres historiques d’associations pour relancer la compétitivité, l’économie et la sécurité stratégique dans le contexte instable actuel. Dans ce nouveau pacte, l’Union européenne aura le regard tourné vers ses voisins les plus proches, comme l’Algérie, a-t-il dit. 

L’ambassadeur souligne également que l’Algérie est « un acteur fondamental » face à la situation au Sahel, en raison de son rôle de puissance régionale majeure, de son important budget de défense et de son contrôle efficace de ses frontières.

M. Mellado met particulièrement en avant l’approche pacifique de l’Algérie ainsi que son engagement en faveur du développement du Sahel, pour lequel elle a dédié un fonds de 1 milliard de dollars.

Le diplomate estime que c’est le moment idéal pour « collaborer et avoir des actions communes avec l’Algérie au Sahel », précisant que l’UE cherche également à soutenir l’Algérie dans la gestion de la crise migratoire.

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