La Banque mondiale a publié un rapport qui éclaire les conséquences possibles de l’essor des technologies énergétiques faibles en carbone sur la demande de minéraux et de métaux.
Intitulé The Growing Role of Minerals and Metals for a Low-Carbon Future, ce rapport examine le type de minéraux et de métaux dont la demande est susceptible d’augmenter sous l’effet de la progression de trois technologies de production d’énergie « vertes » — l’éolien, le solaire et le stockage d’énergie par batteries — qui seront au cœur de l’action menée par les pays pour limiter à 2° C ou en deçà l’augmentation moyenne de la température du globe.
Il faut s’attendre à une augmentation de la demande d’acier, d’aluminium, d’argent, de cuivre, de plomb, de lithium, de manganèse, de nickel et de zinc, ainsi que de certaines terres rares, telles que l’indium, le molybdène et le néodyme. Cette hausse pourrait être particulièrement marquée sur le segment des accumulateurs électriques, où l’augmentation de la demande de métaux (aluminium, cobalt, fer, plomb, lithium, manganèse et nickel) pourrait être multipliée par plus de 1 000 % si les pays prennent les mesures nécessaires pour maintenir les températures à ou en deçà de 2° C.
Le rapport montre que le passage à un avenir sobre en carbone pourrait offrir des opportunités aux pays riches en minéraux, à condition toutefois que ceux-ci adoptent des stratégies de long terme leur permettant de prendre des décisions d’investissement judicieuses. Afin d’anticiper cette croissance de la demande, ils devront instaurer des mécanismes appropriés pour préserver les populations locales et l’environnement.
« Avec une meilleure planification, les pays riches en ressources naturelles peuvent bénéficier de la hausse de la demande pour leur croissance et de leur développement, explique Riccardo Puliti, directeur principal du pôle mondial d’expertise en Énergie et industries extractives à la Banque mondiale. S’ils développent leur secteur minier de façon durable, les pays qui disposent des capacités et des infrastructures pour fournir les minéraux et les métaux nécessaires aux technologies propres auront une occasion unique de dynamiser leur économie ».
La demande future de certains métaux n’est pas uniquement fonction du degré d’engagement des différents pays à l’égard d’un avenir faible en carbone, elle est également motivée par des choix entre diverses technologies. Ce sont surtout les technologies peu émettrices de carbone qui s’avèrent les plus faciles à mettre en œuvre et les plus utiles qui détermineront en grande partie le marché des matières premières sur les 50 prochaines années. Par exemple, les trois principales catégories de véhicules alternatifs (électriques, hybrides et à hydrogène) ont des conséquences différentes sur la demande de métaux : les véhicules électriques ont besoin de lithium, les véhicules hybrides de plomb et les véhicules à hydrogène de platine.
La demande pour les différents métaux et minéraux dépendra des composants nécessaires aux technologies à faibles émissions de carbone, à mesure que des changements économiques et des évolutions techniques se produiront. S’ils veulent être bien positionnés sur le marché, les pays devront disposer de données économiques fiables et d’une parfaite connaissance du marché, mais aussi être capables d’utiliser ces informations pour élaborer des plans, définir des investissements et concevoir des activités durables.
D’après les tendances actuelles, le Chili, le Pérou et (peut-être) la Bolivie joueront un rôle essentiel dans l’offre de cuivre et de lithium, de même que le Brésil pour la bauxite et le minerai de fer, ainsi que l’Afrique australe et la Guinée pour le platine, le manganèse, la bauxite et le chrome. La Chine restera un acteur de premier plan, tant sur le plan de la production que du niveau des réserves, pour quasiment tous les métaux essentiels dans les différents scénarios de réduction des émissions de carbone. L’Inde occupe une place dominante pour le fer, l’acier et le titane, tandis que l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines sont bien placées pour la bauxite et le nickel.
Toujours selon le rapport, dans un avenir de technologies vertes, les besoins en matériaux risquent d’être importants. L’intensification des activités d’extraction et de production aura certainement aussi des conséquences locales non négligeables sur les systèmes d’approvisionnement en eau, les écosystèmes et les populations. Dès lors, à mesure que les pays exploitent leurs ressources naturelles, leurs politiques, leurs activités et leurs investissements devront impérativement tenir compte de la durabilité, de la protection de l’environnement et des possibilités de recyclage des matériaux.
Le rapport The Growing Role of Minerals and Metals for a Low-Carbon Futurea pour ambition d’enrichir le dialogue sur les opportunités et les défis que présente un avenir à faibles émissions de carbone pour les pays riches en ressources naturelles. L’analyse qu’il expose est conçue pour aider les décideurs et autres acteurs du secteur extractif, des énergies propres et de la lutte contre le changement climatique à mieux comprendre les enjeux et à repérer les aspects qui présentent un intérêt commun.
Source : W.BANK