L’Algérie figure parmi les plus gros importateurs de blé dans le monde. Elle dépend à hauteur de 60 % des achats sur le marché mondial pour satisfaire ses besoins de consommation s’élevant en moyenne à environ 11 millions de tonnes par an.
L’Algérie, qui achetait l’essentiel de son blé de la France, avait modifié, en 2020, son cahier des charges pour l’achat de blé, afin de diversifier ses sources d’approvisionnement. L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) avait révisé à la hausse le taux autorisé de grains punaisés, qui est passé de 0,5% à 1%.
Depuis cette modification, l’Algérie s’était peu à peu détournée de la France, qui était son fournisseur traditionnel en blé. A fin décembre 2021, la France a exporté moins de 1,2 million de tonnes à fin décembre 2021 (mi-campagne), contre 2 à 4 millions de tonnes en année normale à la même date.
Mais le lancement par la Russie de son opération militaire en Ukraine, le 24 février dernier, perturbé l’approvisionnement du marché en céréales, notamment le blé, en raison du blocage de nombreux ports de la Mer Noire. Cette situation a également fait flamber les cours des céréales, en atteignant des niveaux jamais enregistrés depuis 2008 pour le blé, dont le prix de la tonne a dépassé les 400 euros.
La Russie et l’Ukraine fournissent 30 % du blé et 15 % du maïs échangés à l’échelle mondiale. Avant le début de la guerre, il restait à l’Ukraine environ 6 millions de tonnes de blé et 15 millions de tonnes de maïs à exporter, à la Russie 12 millions de tonnes de blé et 3 millions de tonnes de maïs.
Les pays importateurs ont été menés à se tourner vers d’autres origines pour répondre à leurs besoins, comme la France, l’Allemagne, la Pologne et les États baltes.
Pour sécuriser ses approvisionnements en blé, l’Algérie aurait de nouveau recouru au marché français. A en croire le site spécialisé Terre-net, l’Algérie aurait acheté une importante quantité de blé en majorité d’origine française.
« Après s’être détournée de l’origine France pendant plusieurs mois, l’Algérie vient d’acheter 600.000 tonnes de blé meunier, en grande partie français », rapporte Terre-Net. « Le prix se serait traité à 485 dollars la tonne (coût et frais) à chargement mars-avril », a précisé l’expert des marchés Marius Garrigue, cité par le site spécialisé dans l’actualité agricole.
Jeudi dernier, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelhafid Henni, a indiqué que l’Algérie avait procédé avant la flambée récente des prix des céréales sur le marché international, à l’importation de « grandes » quantités lui permettant de couvrir les besoins nationaux en 2022.
Dimanche 7 mars, le ministre avait assuré, depuis Souk Ahras, où il était en visite, que l’Algérie « dispose d’un stock de céréales suffisant jusqu’à la fin de l’année en cours et ne sera pas affectée par les changements survenus au niveau mondial ».
Le ministre avait indiqué que « l’Algérie a pris toutes les mesures pour assurer la couverture du marché national et répondre aux besoins des citoyens en céréales », ajoutant qu’ « il y a de fortes pressions au niveau du marché mondial sur cette matière ».
M. Henni avait ajouté que l’Algérie disposait d’un « stock de sécurité » de céréales qui lui permet de satisfaire tous les besoins des citoyens de manière régulière, soulignant que la campagne moisson-battage se déroule généralement entre juin et juillet, ce qui permet, selon lui, d’assurer l’approvisionnement normal en céréales malgré la crise mondiale actuelle.