Afin de protester contre leur « détention arbitraire », une quarantaine de détenus d’opinion ont entamé une grève de la faim depuis le 28 janvier dernier à la prison d’El Harrach (Alger). L’information de cette grève de la faim a été rapportée par les proches et les avocats des détenus, mais le parquet d’Alger l’a démentie.
Des membres du collectifs de défense ont indiqué que 23 détenus grévistes de la faim ont été transférés vers les prisons de Bouira et Berrouaghia (Médéa). Cette information a été confirmée mardi 8 février par l’avocat Me Abdelghani Badi, dans un entretien accordé au journal El Watan.
« Le nombre des détenus qui ont été transférés de la prison d’El Harrach, selon nos informations, est de 23. Ils sont placés en détention au niveau des prisons de Bouira et de Berrouaghia », a confirmé l’avocat, qui a ajouté : « Ce chiffre concerne ceux qui sont poursuivis dans des affaires dans lesquelles nous nous sommes constitués en tant qu’avocats de la défense. Mais, selon les informations données par nos clients, le nombre des détenus d’opinion dans la seule prison d’El Harrach dépasse les 100 personnes. »
« Nous étions étonnés par les déclarations du parquet, surtout que ce démenti est intervenu après l’entrée en grève de la faim de certains détenus », a indiqué Me Badi, qui a précisé que cette action a été entamée « à cause de l’entêtement de la direction de la prison d’El Harrach, qui a refusé de se conformer à l’article 64 de la loi régissant les prisons.
« Cet article stipule que »(…) le prisonnier en grève de la faim doit être placé en isolement comme mesure préventive et s’il y a plusieurs grévistes, ils sont mis à l’écart des autres prisonniers » », rappelle-t-il, en indiquant que « l’administration de la prison aurait dû appliquer cette disposition, surtout que la grève de la faim est un droit reconnu par ce même article. »
« Nous considérons, de ce fait, que le transfert de ces détenus vers d’autres prisons est, d’un côté, une mesure punitive, de l’autre, elle vise à casser ce mouvement qui s’est élargi par la suite, dans la mesure où la grève a été observée par plus de 40 détenus », a déclaré Me Badi.
A une question sur les violences qu’auraient subies les détenus d’opinion lors de leur transfert, l’avocat a indiqué : « Je pense que ces familles ne peuvent pas inventer des faits imaginaires pour induire en erreur les parents et les proches des détenus. Même ceux qui sont restés à la prison d’El Harrach nous ont informés que ce transfert s’est fait avec violence. »
« De ce fait, le collectif de la défense examine cette affaire de maltraitance des détenus et recueille des témoignages et les détails pour introduire des plaintes contre ceux qui sont impliqués dans l’atteinte à l’intégrité physique ou morale des prisonniers », a-t-il dit.