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Ces pays africains pionniers qui commencent à convertir au gaz leur parc automobile

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Publié le 4 juin dernier, le rapport mondial sur le GNL de l’Union internationale du gaz (UIG), a montré qu’en fin 2020, 29,5 millions de véhicules fonctionnant au gaz naturel étaient en circulation dans le monde. La région Asie et Asie Pacifique comptait 73% de ce parc, l’Amérique 19% et l’Europe 7%. L’Afrique où ce marché est à un stade embryonnaire accueille moins de 1% de ces véhicules. Il faut néanmoins remarquer que depuis les cinq dernières années, plusieurs pays africains fournissent des efforts pour introduire l’usage du gaz naturel dans les transports routiers. Des efforts qui s’inscrivent dans leurs stratégies de réduction des émissions nettes de carbone.

À l’échelle globale, l’essor que connait le secteur des véhicules fonctionnant au gaz tire son origine des préoccupations liées à l’augmentation de la pollution atmosphérique et à la qualité de l’air, dans un contexte de réduction des émissions de carbone. Même si l’Afrique reste un contributeur marginal à la pollution globale, ces préoccupations ont trouvé un écho favorable dans nombre de politiques nationales de préservation de l’environnement sur le continent.

Par ailleurs, le développement d’un secteur des transports plus écologique est motivé par deux facteurs : le premier est la nécessité de renforcer la sécurité énergétique et le second est d’économiser sur les importations de pétrole. À l’instar de nombreux pays africains, les importations de carburants, dont le prix est fixé en dollars, pèsent lourdement sur les réserves de change et la balance des paiements. Cela risque d’ailleurs d’augmenter avec l’accroissement de la population et de la demande des consommateurs.

Le gaz est moins onéreux et la faiblesse de ses émissions, ainsi qu’une forte volonté politique, stimulent la croissance du marché des véhicules au gaz en Afrique. Le gaz consommé par les véhicules couvre le gaz naturel comprimé (GNC) et le gaz de pétrole liquéfié (GPL). D’après une étude de la firme indienne d’analyses et de consulting Mordor Intelligence, le marché africain des véhicules au GNC et au GPL devrait croître avec un taux annuel moyen de 3 % au cours de la période 2021-2026. Cependant, le manque d’acteurs africains impliqués dans la production de véhicules fonctionnant au gaz, constitue un frein pour le marché. La majeure partie de la conversion des véhicules se fait à partir de kits importés.

Tour d’horizon des premiers acteurs africains de ce segment.

L’Égypte, le chef de peloton

Avec environ 300 000 véhicules fonctionnant aujourd’hui au gaz, l’Égypte est le plus grand consommateur africain de gaz pour véhicules de transport. Le pays devrait continuer à dominer le marché africain à moyen terme grâce à une campagne actuellement en cours dont l’objectif est de convertir environ deux millions de véhicules au gaz d’ici 2023, soit un niveau de conversion de 2600 véhicules par mois. Dans les faits, ils seront dotés de moteurs à double combustion qui seront alimentés à la fois par de l’essence et du gaz.

Le programme, né en 2015, va permettre au pays de réduire ses émissions de CO2, mais aussi ses achats de produits pétroliers importés, voire y tourner le dos. Il existe aujourd’hui 72 centres de conversion de véhicules dans le pays et 187 stations d’approvisionnement. Un nombre qui devrait passer à 400 d’ici 2022. En juin dernier, un autre volet du programme a prévu de convertir 2200 bus de transport public au gaz naturel.

L’Algérie

Le gouvernement algérien offre des incitations pour la conversion des véhicules à carburant conventionnel en véhicules GPL, en payant directement 50 % du coût de conversion au fournisseur. L’objectif principal de ce dispositif mis en place par le gouvernement est de promouvoir les véhicules au gaz afin de réduire l’importation de produits pétroliers dans le pays.

En 2018, la Société nationale de commercialisation et de distribution des produits pétroliers (NAFTAL), a commandé des milliers de systèmes d’injection séquentielle de GPL. En janvier 2019, 100 000 véhicules ont été convertis en véhicules GPL dans le pays. Le gouvernement envisage désormais de convertir chaque année 500 000 véhicules au GPL à partir des 650 ateliers de conversion disponibles.

Le Nigéria

Suite à la fin des subventions aux produits pétroliers, en 2020, le Nigéria fait face à une hausse de plus de 20% du prix de l’essence à la pompe, ce qui nourrit depuis plusieurs mois le mécontentement des consommateurs.

C’est dans ce contexte que le Nigéria a lancé un plan visant à faire fonctionner au GNC et au GPL l’ensemble du parc automobile national. Un plan ambitieux quand on sait que le Nigéria a la population la plus importante du continent avec plus de 200 millions d’habitants. Pour de nombreux analystes, cette politique devrait accélérer la monétisation des ressources gazières du pays qui restent sous-exploitées.

Pour de nombreux analystes, cette politique devrait accélérer la monétisation des ressources gazières du pays qui restent sous-exploitées.

Contrairement, à l’Égypte et à l’Algérie, le plan est dans sa phase pilote. « Outre le fait que le gaz sera moins cher, nous sommes également soucieux de rendre la conversion des voitures abordable afin que les Nigérians puissent effectivement tirer profit de cette nouvelle politique », a indiqué le ministre du Pétrole, Timipre Sylva.

Actuellement, certains véhicules officiels du gouvernement devraient déjà avoir été convertis, dont ceux du convoi présidentiel et de la flotte officielle du ministère du Pétrole. En 2019, on comptait plus de 500 unités de SUV et de bus converties avec succès de l’essence au GNC dans le pays.

Le Nigeria pourrait économiser plusieurs milliards de dollars par an en cas de fonctionnement de l’ensemble du parc automobile national au gaz naturel.

L’Afrique du Sud

L’Afrique du Sud est le 12e plus grand émetteur de dioxyde de carbone au monde et est responsable de près de la moitié des émissions de CO2 sur le continent, attribuables principalement à la production d’électricité à partir du charbon, à l’exploitation minière et aux transports. Johannesburg, la plus grande ville d’Afrique subsaharienne, est la septième ville la plus polluée du monde. Mais des changements se profilent à l’horizon. Environ 1300 minibus et taxis de Johannesburg utilisent du gaz naturel comme carburant, et les fournisseurs de ce gaz pensent qu’un nombre croissant de véhicules commerciaux fonctionneront au gaz à l’avenir, plutôt qu’à l’essence ou au diesel. Dans la province, outre les taxis, environ 150 véhicules de flotte – tels que des camions et des véhicules de livraison – ont été modifiés pour utiliser le gaz naturel comme carburant.

Par ailleurs, le GNL qui proviendra du projet gazier de Virginia est prévu pour alimenter les flottes de camions du plus grand brasseur du pays, la South African Breweries (SAB), mais aussi celle du distributeur de produits pétroliers Black Knight Group, soit 100 camions. L’année dernière, Renergen qui est l’opérateur du projet Virginia, a signé un accord similaire avec l’entreprise de camionnage Bulk Hauliers International Transport (BHIT), pour une flotte de 50 camions.

Petit à petit le continent se met au diapason. D’autres pays comme le Kenya, la Guinée équatoriale, la Côte d’Ivoire ou encore le Cameroun développent actuellement des plans pour convertir une partie de leurs parcs automobiles au gaz naturel.

Ecofin

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