Les résultats de l’élection législative anticipée du 12 juin dernier, apportent l’irréfutable preuve que l’activité du Hirak ne se réduit pas qu’aux spectaculaires manifestations hebdomadaires, mais qu’elle interfère avec force dans les grands rendez-vous électoraux imposés par le pouvoir en place. Le mouvement populaire du 22 février 2019 avait déjà apporté la preuve de son profond ancrage populaire à l’occasion de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 dont il avait réduit la participation à, à peine, 40%, au lieu des 80 et 90% auxquels les précédents régimes nous avaient habitué.
Cette forte pression populaire avait poussé un peu plus le rejet du scrutin, à l’occasion du référendum sur la Constitution du 01 novembre 2020, auquel faut-il le rappeler, à peine 23% des électeurs avaient participé. Le hirak vient de récidiver avec l’élection législative anticipée de samedi dernier, en réduisant encore plus le taux de participation qui ne serait plus que de 18 à 20%, selon les estimations les plus crédibles.
Le taux de 30,02%, « balancé » par le président de la commission électorale Mohamed Charfi, ressemble beaucoup plus à un « ballon de sonde » à l’adresse d’une opinion publique tenue informée par les réseaux sociaux et les médias étrangers, sur les réalités plus amères que les internautes ont rapporté de la rue et des bureaux de vote. Les chiffres officiels ne sont pas encore connus, mais il n’échappe à personne que ce mystérieux « taux national » de 30,02% lancé par Mohamed Charfi, s’adresse aux opinions publiques nationale et étrangère, pour leur faire admettre comme très probable réalité ce chiffre fallacieux. Ce taux volontairement gonflé avant l’annonce des chiffres officiels, vise également à masquer l’échec politique du régime, en transformant cet échec sans appel, en victoire en demie-teinte. Les médias aux ordres se sont évidemment dépêchés de répandre l’information, sans s’attendre à être contestés, voire même ridiculisés, par les médias online et la presse étrangère qui n’ont pas lésiné sur la publication de vidéos et de reportages compromettants. Il n’est donc pas exclu que le pouvoir algérien revoit dans les prochains jours, à la baisse, ce taux de participation.
La question qu’on ne peut évidemment pas s’empêcher de se poser est celle de l’attitude que prendra le pouvoir face à ce nouvel échec politique qui saute aux yeux ? Va t-il continuer dans cette fuite en avant qui fait perdre du temps, de l’argent et de l’énergie à un pays déjà gravement empêtré dans une panoplie de crises, qui compliquent son présent et obstruent son avenir. Les crises politique, économique et sanitaire, font en effet perdre tout espoir de résilience aux algériens, même s’ils continuent à ériger le pacifisme (Silmya) en dogme, lorsqu’il s’agit de mener des luttes pour le changement systémique.
Le pouvoir réel, a t-il avantage à persévérer son autisme ou consentira t-il enfin à prendre langue avec l’écrasante du peuple algérien, qui exige une autre voie ? Une voie qui, faut-il rappeler, est tout à fait conforme à la constitution algérienne et doit conduire à l’instauration d’un État de droit. Le peuple algérien n’a rien demandé d’autre que ce Smig démocratique, qu’il compte arracher au moyen d’un combat pacifique et, uniquement, par ce moyen, quel que soit le temps qu’il prendra.
Les intentions du pouvoir apparaîtront sans doute, juste après l’installation de la nouvelle Assemblée Nationale qui donnera au régime en place, la garantie d’être bien servis par de nouveaux députés triés sur le volet. Tous les observateurs avec qui nous avons discuté sont effectivement d’accord pour dire que si tournant positif il y aura, il apparaîtra à travers les décisions qui seront prises prochainement en faveur des prisonniers politiques. La volonté d’apaisement et, pourquoi pas, de passage à une attitude plus politique que sécuritaire, apparaîtrait alors au grand jour, avec tous les changements de comportements que les algériens attendent du haut commandement militaire.
A défaut le pays continuera à s’enfoncer dans la crise politique qui l’empêchera de résoudre des problèmes aussi graves que la crise politique et sanitaire, qui ne pourraient être résolus que par un gouvernement légitime et compétent qui serait issu de pourparlers entre les détenteurs du pouvoir réel et des représentants légitimes du mouvement populaire. Ce n’est malheureusement pas la voie que le pouvoir algérien semble vouloir suivre au temps présent, à moins que les résultats décevants du dernier rendez-vous électoral, auquel seul 1 algérien sur 3 a participé, suscite chez les dirigeants algériens, une approche beaucoup plus politique que sécuritaire, à l’égard des algériens qui souhaitent rompre définitivement avec le système politique en place