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L’Algérie et les fonds pétroliers

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La forte dépendance de l’Algérie à l’égard des recettes pétrolières, qui sont volatiles, imprévisibles et appelées à tarir, complique considérablement les politiques budgétaires nationales.

Pour y faire face, l’Algérie et d’autres pays producteurs de pétrole constituent des fonds pétroliers. Mais est-ce vraiment une solution ou un problème présenté comme une solution ?

Pourquoi ces fonds ?

Les prix élevés et volatils du pétrole ont lancé la mode des fonds pétroliers. Ces fonds  répondent à des règles et des appellations différentes (fonds de régulation des recettes pour l’Algérie, fonds souverain, de stabilisation et/ou d’épargne dans d’autres pays producteurs de pétrole), mais leurs objectifs sont les mêmes : les fonds pétroliers sont habituellement destinés à remédier aux problèmes liés à la volatilité et à l’imprévisibilité des recettes pétrolières, à la nécessité d’épargner une partie des recettes pétrolières.

La volatilité et l’imprévisibilité des prix du pétrole rejaillissent sur les recettes pétrolières. Les fonds pétroliers visent à remédier à ce problème de recettes volatiles et imprévisibles. Ils sont crées à la base pour gérer des surplus financiers.

Si la contraction des recettes pétrolières (résultat d’une baisse des cours mondiaux du pétrole) est permanente, ce qui se passe actuellement, le financement du manque à gagner n’est pas viable. Il est plus facile de gérer les recettes pétrolières plus élevées que prévue, mais difficile de le faire de manière rationnelle : l’argent vite dépensé est souvent mal dépensé, et tout projet entamé quand les prix du pétrole sont en hausse risque d’être supprimé quand ils baissent.

Le raisonnement qui sous-tend ces fonds pétroliers est le suivant : quand les recettes pétrolières sont élevées, une partie est retenue pour alimenter ce fonds, quand elles sont faibles, le fonds sert à financer la moins-value. Cela devrait stabiliser les recettes budgétaires et les dépenses. Mais ce raisonnement est défectueux.

Le prix international du pétrole ne semble pas avoir de moyenne constante, ou de niveau moyen auquel il revient dans un délai raisonnable. On ne peut donc pas dire avec certitude si les prix du pétrole vont monter ou descendre. Les fonds pétroliers dont la gestion repose sur d’autres prémisses sont exposés au risque d’épuisement rapide des ressources.

Pour économiser des recettes pétrolières, il faut prendre des décisions de politique budgétaire que l’existence d’un fonds ne permet pas d’éviter. Toute dépense de consommation effectuée par un fonds réduit l’épargne tant financière qu’économique.

L’expérience des fonds pétroliers

Une  analyse empirique de l’expérience de divers pays producteurs de pétrole en matière de fonds pétroliers, donne à penser que les fonds ne modifient pas le profil des dépenses publiques (cas de l’Algérie, du Nigéria et de Venezuela).

Autrement dit, les observateurs indiquent que la création d’un fonds pétroliers n’a eu aucun impact sur la relation entre les recettes d’exportation et les dépenses publiques.

Par ailleurs, l’examen détaillé des expériences de divers pays dotés de fonds donne aussi à penser que les fonds pétroliers sont inefficaces dans la plupart des cas et ont souvent des effets négatifs (à l’exception de la Norvège, qui veille à la bonne tenue de son fonds souverain et qui a mis au point un modèle de gestion efficace de ce fonds).

Pour le cas de l’Algérie, qui a été pris au dépourvu par la chute des prix du pétrole sur le marché international, le recours aux réserves de changes et au fonds de régulation des recettes est inévitable. Mais, l’utilisation de ces fonds va réduire les capacités financières futures de l’Algérie, ce qui veut dire qu’avec un tel scénario défavorable, le risque d’éponger plutôt que prévu le FRR et les réserves de changes est inéluctable.   

Les enjeux de la chute des prix du pétrole

L’Algérie est confronté à des problèmes particuliers dans la gestion de son économie, non seulement parce que les prix et les recettes pétrolières sont très instables et difficiles à prévoir, mais aussi parce que elle doit se préparer au tarissement du pétrole et du gaz.

L’incertitude entourant la baisse des prix du pétrole et les recettes pétrolières à des implications budgétaires à moyen et long terme, et le fait que le pétrole soit une énergie non renouvelable soulève des questions complexes de viabilité et d’affectation des ressources.

Pour l’Algérie, la grande question est de savoir comment utiliser judicieusement sa richesse pétrolière, sans dilapider le produit. Par conséquent, dans une perspective à moyen et long terme, un des principaux enjeux de la politique budgétaire est de décider comment affecter la richesse pétrolière.

Toutefois, la volatilité des recettes pétrolières, due aux fluctuations des cours du pétrole, est problématique, en particulier pour la gestion budgétaire à court et moyen terme.

La dépendance de l’Algérie à l’égard des hydrocarbures (98%), complique la gestion budgétaire à court terme, la planification budgétaire et l’utilisation efficiente des ressources.

La volatilité des prix du pétrole mène à une volatilité correspondante des flux de trésorerie dans le budget. La dépendance des recettes budgétaires vis-à-vis du pétrole rend les finances publiques vulnérables.

Ces considérations semblent indiquer que la volatilité des dépenses est probablement coûteuse et milite donc en faveur d’un lissage des dépenses publiques face aux fluctuations des prix du pétrole.

Par ailleurs, avec un cours de pétrole à moins de 40dollars/baril en 2016 comme le prévoit la banque mondiale, les recettes d’exportation de l’Algérie ne dépasseraient pas les 25 milliards de dollars, ce qui va aggraver les contraintes budgétaires qui seront difficiles à gérer. A partir de 2017, l’Algérie subirait de plein fouet l’impact d’une véritable crise financière (mais pas une crise économique).

A cet effet, l’Algérie risque de vivre la même situation que celles des années 1986 et 1994, avec un recours à l’endettement extérieur et des ajustements qui risquent d’être douloureux. La situation devient alarmante et les marges de manœuvres seront étroites au plan budgétaire.

Conclusion

La volatilité, l’incertitude et le caractère épuisable des recettes pétrolières en Algérie compliquent considérablement la politique budgétaire. Au lieu de se laisser distraire par le fonds de régulation des recettes et les réserves de changes susceptibles de poser des problèmes, le gouvernement algérien devrait s’attaquer directement aux problèmes.

Il pourrait le faire en inscrivant la politique budgétaire dans un cadre à moyen et long terme, en se concentrant sur le maintien d’une position budgétaire hors recettes pétrolières viable, en réfrénant les dépenses quand les prix du pétrole augmentent, et en explorant des moyens de se protéger contre les risques liés aux prix du pétrole par le biais des marchés de capitaux et/ou d’achat d’actifs d’entreprises en difficulté à l’étranger.

Cependant, au lieu de contribuer à la solution des problèmes que posent les fortes recettes pétrolières  pour la politique budgétaire, les fonds pétroliers font souvent partie de ces problèmes.

A cet effet, il est impératif et même urgent d’apporter des correctifs au mode de fonctionnement de notre économie, faute de quoi, nous allons sombrer dans une crise terrible !

Quelles solutions ?

La chute drastique des prix du pétrole et la baisse substantielle des recettes en devises pour l’Algérie sont une dure réalité à laquelle il faudra vite trouver des solutions alternatives. Dans cet ordre d’idée, l’approche la plus logique serait à la fois de diminuer les importations et d’augmenter les exportations hors hydrocarbures.

A cet effet, il faut adopter de profondes réformes structurelles pour pouvoir prétendre bâtir un modèle économique productif, compétitif et performant.

Par conséquent, sans profondes réformes structurelles, la baisse des prix du pétrole va provoquer des tensions au niveau de la balance de paiement et aura pour conséquence la contraction des ressources du fonds de régulation et l’accroissement de la dette interne, mais aussi l’inéluctable effondrement des réserves de changes; d’où l’urgence de rationalisation des choix budgétaire.

De ce fait, il ya inévitablement recours à des politiques de rigueur et d’austérité des dépenses publiques.

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