De 45 dollars en moyenne durant ces six derniers mois, le baril de pétrole Brent ne valait plus que 39,7 dollars le 10 septembre dernier à New York et beaucoup moins (37,2 dollars) pour le WTI.
Maintenus par l’accord de l’OPEP d’avril 2020 qui avait retiré du marché pas moins de 10 millions de barils/jours, la dégringolade a commencé dés le 1er Août dernier, date d’entrée en vigueur d’une mesure de réduction beaucoup moins contraignante que la première. Depuis cette échéance la réduction des quotas de production de tous les pays membres de l’OPEP auxquels s’est jointe la Russie, n’est plus que de 7,7 millions de barils/jour. A partir du 1er janvier 2021 la réduction des quotas ne sera que de 5,5 millions de barils. Trop peu pour réguler un marché aussi important et volatile, que celui des hydrocarbures.
Cette décision de revenir à des quotas de production moins restrictifs, était basée sur une hypothétique reprise de la croissance mondiale, qui n’eut malheureusement pas lieu, du fait de la persistance de la pandémie de Coronavirus qui a continué à se propager au point de plomber pratiquement toutes les économies du monde. De nombreuses usines ont été fermées et les plus gros consommateurs de carburants (avions, poids lourds), ont été cloués au sol. Le plus grave est que ce ralentissement de l’économie a surtout affecté les pays qui consommaient le plus d’énergies (Chine, Inde, USA, Europe notamment). Ces derniers croulent actuellement sous les stocks de pétrole, en attendant une éventuelle reprise qu’un probable regain d’infection au Covid 19, pourrait compromettre.
Les hydrocarbures qu’on a continué à produire en surabondance en Amérique du Nord notamment, ont saturé les marchés, au point où il est aujourd’hui très difficile de les vendre et parfois même, de les stocker. Certains producteurs en même préférés céder leurs productions à des prix inférieurs aux coûts d’extraction, uniquement pour ne pas avoir à payer des frais de stockages trop onéreux. La surabondance de pétrole dans ce contexte de ralentissement économique (beaucoup de pays ont même plongés dans la récession), est de nature à casser la dynamique de remontée des prix constatée au cours de ces six derniers mois. Une remontée des cours qui n’était en réalité due qu’à la forte baisse des quotas de production que l’Opep est parvenue à imposer à une vingtaine de pays producteurs parmi lesquels des mastodontes du pétrole comme l’Arabie Saoudite et la Russie. Les réductions des quotas décidées par ce Cartel étant moins importante depuis août dernier, les prix n’ont pas tardé à repartir à la baisse dés la fin de cette échéance, avec la crainte d’un deuxième choc pétrolier en moins d’une année. Un choc de trop, dont les conséquences pourraient être aussi désastreuses, sinon pire, que celui du début de l’année 2020. Les prix pourraient rapidement descendre de la barre de 30 dollars et poser de très graves problèmes financiers aux pays qui ne vivent que des recettes d’hydrocarbures et qui, comme l’Algérie, ne disposent pas d’une grande infrastructure de stockage qui puisse leur éviter de brader leurs productions à vils prix, comme ce fut le cas en février et mars 2020.
Ce second choc qui arrive au moment où l’Algérie est confrontée à des crises majeures (sanitaire, politique, économique et sécuritaire), n’est vraiment pas le bien venu dans ce pays à multiples besoins sociaux, mais à cours d’argent. Les recettes d’hydrocarbures qui n’avaient guère dépassé 20 milliards de dollars en 2019, risquent de décliner encore plus sous l’effet de ces baisses de prix et du net déclin des quantités exportables. Comme aucune autre ressource ne s’est encore substituée aux recettes d’hydrocarbures, on ne voit vraiment pas comment l’Algérie pourrait se tirer d’affaires, autrement que par des mesures de dévaluation du dinar, la mise ne branle de la planche à billets et le recours aux emprunts extérieurs validés ou pas par le FMI.