Le commerce des pierres précieuses et des métaux précieux en Algérie, comme l’or, l’argent et le platine, fait désormais partie des secteurs suivis par le dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. La Direction générale des impôts (DGI) a publié une synthèse d’un rapport sectoriel portant sur les risques liés à cette activité.
En 2024, le nombre de personnes exerçant cette activité était de 21.336, dont 7.012 fabricants et artisans, 14.294 commerçants, 25 importateurs et 5 récupérateurs, détaille le document, qui fait savoir que le chiffre d’affaires du secteur s’est élevé à 15,36 milliards de dinars, soit environ 114,6 millions de dollars.
Selon ce rapport, les artisans et détaillants qui travaillent avec l’or et l’argent sont particulièrement exposés au risque de blanchiment d’argent. Cette vulnérabilité s’explique surtout par l’usage fréquent de liquidités et par un suivi limité des procédures de vigilance.
Dans le cadre de cette évaluation, un questionnaire a été adressé aux professionnels du secteur. L’enquête, menée selon une méthodologie de la Banque mondiale, a concerné un échantillon de 396 commerçants. Les résultats montrent que le secteur est largement dominé par les artisans et les détaillants, alors que les grossistes, fabricants et importateurs sont beaucoup moins représentés.
Le rapport relève que « les paiements en espèces sont courants dans un certain nombre de transactions ». Il souligne également que les commerçants ont « une connaissance superficielle du cadre réglementaire », notamment en ce qui concerne l’existence d’un seuil imposant l’usage de moyens de paiement traçables comme les chèques ou les virements.
Peu d’entre eux ont déjà « refusé de réaliser des ventes en raison de craintes liées au blanchiment d’argent, ce qui peut refléter un manque de sensibilisation ». Le rapport note aussi que « le contrôle exercé par les autorités compétentes reste (aussi) limité ».
L’étude met également en évidence des lacunes concernant le financement du terrorisme. Le manque de déclarations de transactions suspectes serait lié à « une perception erronée sur la présence des cas suspects », à un manque de sensibilisation ou encore à l’absence de réflexe déclaratif.
En ce qui concerne les critères permettant de signaler une opération suspecte, « peu de commerçants ayant répondu ont été en mesure de les formuler clairement, les éléments de réponse étant généraux et fondés davantage sur l’intuition que sur des critères objectifs ».
Malgré ces limites, l’enquête souligne l’existence d’une certaine volonté de la part des commerçants à s’inscrire dans les efforts engagés par l’État pour renforcer la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.