L’Algérie a mis en place une nouvelle loi sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ce texte est entré en vigueur après sa publication au Journal officiel n° 48, dimanche 27 juillet.
Ce dispositif vise notamment à répondre aux recommandations du Groupe d’action financière (Gafi), qui a inscrit l’Algérie sur sa liste grise en octobre dernier. Depuis, le pays a pris plusieurs mesures pour en sortir.
La loi impose désormais un contrôle plus strict sur les organisations à but non lucratif. Toute ONG qui « collecte, reçoit, octroie ou transfère des fonds dans le cadre de son activité » sera soumise à une « surveillance appropriée par l’autorité de régulation, de contrôle et/ou de surveillance compétente. »
Les ONG doivent aussi « s’abstenir de recevoir tous dons ou subventions dont l’origine est inconnue ou provenant d’actes illégaux ». En cas de non-respect, les responsables sont « punis d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 500.000 DA à 2.000.000 DA ou de l’une de ces deux peines. »
Interdiction du minage et du commerce de cryptomonnaies
Un article de la loi interdit toute activité liée aux cryptomonnaies. L’article 6bis interdit « l’émission, l’achat, la vente, l’utilisation des actifs virtuels ou de les détenir, d’en faire le commerce, de les promouvoir ou de créer ou d’exploiter des plates-formes d’échange de ces actifs qui constituent des biens, des produits, des fonds ou d’autres actifs, ou toute autre valeur équivalente : comme moyen de paiement ou monnaie reconnue ; comme instrument d’investissement« . Cette interdiction concerne aussi le « minage de cryptomonnaie« .
En cas d’infraction, la loi prévoit un « emprisonnement de deux mois à un an et d’une amende de 200.000 DA à 1.000.000 DA ou de l’une de ces deux peines. »
Plusieurs secteurs concernés par la surveillance
La loi identifie les autorités compétentes pour surveiller différentes activités :
- Ministère de l’Intérieur : pour les ONG.
- Ministère de l’Industrie : pour les concessionnaires de voitures.
- Ministère des Finances : pour les marchands de pierres et métaux précieux.
- Ministère de la Culture et des Arts : pour les marchands d’objets d’antiquité et d’œuvres d’art.
- Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville : pour les agents immobiliers.
- Ministère de la Jeunesse et des Sports : pour les paris et les jeux.
D’autres organismes sont aussi désignés :
- Commission bancaire : pour les banques, établissements financiers, Algérie Poste, prestataires de services de paiement, courtiers indépendants et bureaux de change.
- Commission d’organisation et de surveillance des opérations de bourse : pour les intermédiaires boursiers, teneurs de comptes, OPCVM, sociétés de capital investissement, consultants en financement participatif et sociétés de gestion des fonds.
- Autorité de contrôle des assurances : pour les compagnies d’assurances et les courtiers.
- Conseil national des ordres des avocats : pour les avocats.
- Chambre nationale des notaires : pour les notaires.
- Chambre nationale des huissiers de justice : pour les huissiers.
- Conseil national de la comptabilité : pour les commissaires aux comptes, experts comptables et comptables agréés.
- Direction générale des douanes : pour les commissionnaires en douanes.
Gel et saisie des avoirs
La loi prévoit également le « gel et/ou la saisie des fonds des personnes et entités terroristes » inscrites sur la liste nationale. Cette mesure, prise selon les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, est « effectuée immédiatement, sans délai et sans préavis, par les chargés d’exécution ».
En juin dernier, l’Union européenne a aussi placé l’Algérie sur sa liste de pays à risque en matière de blanchiment d’argent. L’adoption de cette nouvelle loi s’inscrit dans les efforts pour renforcer le dispositif national et quitter ces listes.