Les relations entre la France et l’Algérie se sont détériorées ces derniers mois, avec des conséquences notables sur les exportations françaises de blé tendre. Dans un article publié le 15 novembre, le site spécialisé Terre-net indique que « les tensions avec l’Algérie freine les exports de blé français ».
Le média français a relevé que les relations diplomatiques entre les deux pays déjà tendues depuis trois ans, ont été aggravées par la prise de position du président français Emmanuel Macron sur le Sahara occidental en juillet dernier, qui a soutenant la souveraineté marocaine sur ce territoire occupé.
L’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris qui n’a pas été remplacé depuis. Fin octobre, le président français a réitéré sa position devant le Parlement marocain, au cours d’une visite au Maroc, renforçant ainsi la colère d’Alger.
Le 7 novembre, les Services du Premier ministre ont démenti une rumeur selon laquelle Alger s’apprêtait à rompre les échanges commerciaux avec la France, et Paris a aussi indiqué ne pas être au courant d’une telle décision, a relevé l’agence Reuters, rappelle la même source.
Ce n’est pas la première fois que des tensions politiques affectent les échanges commerciaux. En 2021, une crise similaire avait conduit l’Algérie à diversifier ses approvisionnements, notamment en faveur du blé russe.
L’Algérie, qui était un client majeur, semble désormais se détourner du blé français. Le pays n’a pas importé cette céréale de la France depuis le mois de juillet dernier.
Algérie : aucune importation de blé français depuis le mois de juillet
L’Algérie importait entre 2 et 6 Mt de blé français par an dans les années 2010. Depuis, les volumes ont fortement diminué : autour de 1,8 million de tonnes sur les campagnes 2021/22 et 2022/23, et 1,6 million de tonnes pour la campagne 2023/24. Pour la campagne actuelle, le dernier achat de blé français par l’Algérie remonte au mois de juillet dernier avec seulement 31 500 tonnes, sans achats enregistrés depuis, selon Terre-net.
« Pour des raisons indépendantes de tout ce qui concerne les céréales, les relations diplomatiques avec la France sont compliquées (…). Voilà, on a perdu ce marché, mais il faut qu’on soit positionnés sur d’autres – Maroc, pays d’Afrique subsaharienne -, et il y a parfois des besoins de ventes très ponctuels, avec des marchés qui peuvent s’ouvrir », a expliqué Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé « grandes cultures » de FranceAgriMer.
« Il faut voir dans le temps : il y a quelques années, c’était compliqué pour d’autres raisons avec le Maroc, et les relations sont redevenues très bonnes… Il ne faut certainement pas lâcher ! », a-t-il conclut.
Cette situation intervient également dans un contexte de production de blé déjà réduite en France pour la campagne de commercialisation 2024/25. Selon FranceAgriMer, les exportations françaises de blé tendre vers les pays tiers sont en recul.
Initialement prévues à 4 millions de tonnes, elles ont été révisées à 3,9 millions de tonnes, contre plus de 10 millions de tonnes lors des deux campagnes précédentes.
Habasse Diagouraga, spécialiste des céréales à FranceAgriMer, souligne : « Nous accusons un retard important, principalement en raison de l’absence de l’Algérie sur notre marché ces derniers mois. »