Les cours du pétrole ont bondi peu avant la clôture lundi, après l’annonce du déplacement de Kiev à Lviv de l’ambassade américaine en Ukraine, interprété comme un nouveau signe de l’imminence d’une possible attaque russe.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, le plus échangé à Londres, a gagné 2,16%, pour finir à 96,48 dollars. Quelques minutes plus tôt, il était monté jusqu’à 96,78 dollars, pour la première fois depuis fin septembre 2014.
À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour échéance en mars a lui pris 2,53%, pour clôturer à 95,46 dollars. Peu après 19H00 GMT, il avait atteint son plus haut niveau depuis début septembre 2014, à 95,82 dollars.
Les États-Unis ont annoncé lundi, par la voix de leur secrétaire d’État Antony Blinken, le déplacement temporaire de leur ambassade en Ukraine de Kiev à Lviv, dans l’ouest du pays, pour tenir compte de « l’accélération spectaculaire » du déploiement de forces russes à la frontière.
La nouvelle a donné une inflexion aux cours de l’or noir, qui étaient déjà orientés à la hausse.
« Nous ne sommes plus qu’à une ou deux nouvelles » de franchir le seuil symbolique des 100 dollars le baril de Brent, a expliqué John Kilduff, de la firme de conseil en investissement Again Capital. Il s’agirait d’une première depuis le 9 septembre 2014. « On est à un jet de pierre« , a-t-il insisté, « donc c’est quasiment inévitable au point où nous en sommes« .
La décision américaine a achevé de relativiser les commentaires du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov qui, lors d’une rencontre télévisée avec le président Vladimir Poutine, avait estimé, plus tôt lundi, qu’il y avait « toujours une chance » de parvenir à un compromis sur la question ukrainienne.
« La Russie maintient sa position selon laquelle elle ne va pas déclarer la guerre (…), mais les commentaires fermes des diplomates américains au soutien de l’Ukraine et de l’Otan continuent à alimenter les spéculations autour d’un conflit« , a commenté, dans une note, Nishant Bhushan, analyste du cabinet Rystad Energy.
Le regain de tension autour de l’Ukraine a aussi fait oublier les déclarations, lundi toujours, du ministre iranien des Affaires étrangères Hossen Amur-Abdollahian, selon lequel un « bon accord » pourrait être trouvé « à court terme » sur le programme nucléaire iranien.
« Le marché est tendu« , avec une offre jugée insuffisante, « et l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ne semble pas vouloir réagir et mettre davantage de pétrole sur le marché« , a analysé John Kilduff. Il a aussi évoqué les propos du ministre émirati de l’Énergie Souheil al-Mazrouei, selon lequel la flambée des prix est due à des facteurs géopolitiques et non aux fondamentaux du marché.
AFP