Le Directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), Docteur Fawzi Derrar, s’est exprimé, ce lundi 9 août, sur la situation épidémiologique liée à la Covid-19 en Algérie, qui fait face depuis plusieurs semaines à une troisième vague de contaminations due à la propagation du variant Delta.
« Actuellement en Algérie, 92% des contaminations sont dues au variant Delta », a révélé Dr Derrar. « On se rapproche de 100% et ça, ce n’est pas surprenant et on l’a vu dans les pays européens qui sont arrivés très vite à 90% des cas », a-t-il dit sur les ondes de la radio chaîne 3. Selon le DG de l’Institut Pasteur : « Actuellement, l’épidémie du Covid-19 qu’on vit est quasiment due au variant Delta ».
Pour Dr Derrar, cette troisième vague est un avertissement pour ce qui va venir. Il a estimé que si on n’est pas correctement vacciné, on n’est pas à l’abri de plusieurs vagues de la Covid-19. « Il est extrêmement important de vacciner vite pour essayer d’éviter d’autres vagues qui pourraient être aussi meurtrières », a-t-il dit. « Pour ne plus avoir de pression sur les hôpitaux, il faut agir en amont, et agir en amont, c’est se faire vacciner », a-t-il expliqué.
Le DG de l’Institut Pasteur a fait savoir que le taux de vaccination en Algérie tourne autour de 20%, soit 4 millions de personnes vaccinées. Selon lui, la campagne de vaccination est amorcée, et maintenant « il s’agit d’aller plus vite d’autant plus que le vaccin est disponible et il sera disponible de plus en plus en terme de quantités. Il faut aller très vite, parce que chaque personne vaccinée est un gain et nous rapproche de plus en plus de l’immunité collective qui est notre objectif majeur pour les mois à venir », a-t-il dit.
« Il faut tout faire pour avoir une rentrée sociale avec un taux de vaccination très satisfaisant. Il faut atteindre très vite un taux de 50%, parce c’est le taux qui va commencer à enclencher une immunité collective. Il faut garder le cap sur ces 50% pour arriver par la suite à 75% et un taux qui va ne permettre de passer l’hiver au chaud », a expliqué le Dr Derrar.
S’agissant des quantités de vaccins anti-Covid-19 disponibles, il a indiqué que « jusqu’à l’heure actuelle on est à un contrat de 17 millions de doses avec nos amis chinois (Sinovac), et nous sommes progressivement en augmentation. Nous avons déjà reçu pratiquement 8 millions de doses, en plus des doses de vaccins qui étaient disponibles comme l’AstraZeneca et le Spoutnik-V. Et nous recevons ce mois-ci (août) 9 millions de doses, dont 3 millions de doses seront réceptionnées dimanche prochain. Ce qui est très considérable et ce qui peut aider réellement à accélérer cette campagne durant le mois d’août », a-t-il détaillé.
Estimant que cette immunité collective est l’affaire de tous, il a indiqué qu' »il s’agira de mobiliser toutes les capacités possibles, pour non seulement accélérer (la vaccination, ndlr), mais accélérer de manière très raisonnable ». « Si vous êtes vaccinés aujourd’hui, il faut attendre un mois ou un mois et demi pour que cette immunité puisse s’installer », a souligné Dr Derrar, qui a expliqué que « d’ici là, on ne peut pas compter uniquement sur la vaccination ». « C’est très important et même urgent de maintenir les mesures barrières en attendant que cette immunité s’installe », a-t-il indiqué, en ajoutant qu’il y a aujourd’hui des données scientifiques qui montrent qu’une personne vaccinée peut être contagieuse comme une personne non vaccinée.
A une question savoir si la vaccination sera rendue obligatoire, Dr Derrar a indiqué qu' »il faut essayer de vacciner le plus grand nombre et après appliquer des mesures aux gens qui sont récalcitrants, malgré les campagnes de sensibilisation et tous les moyens mis pour faire adhérer la population ». « A ce moment-là, les résistances à la vaccination sont perçues comme une atteinte à la liberté des gens qui veulent vivre livres et retrouver une vie normale », a-t-il dit.
