De nouvelles révélations ont été faites hier (mardi) lors du procès en appel de l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout, en détention. Cette fois, ce sont les véhicules commercialisés par Tahkout Manufacturing Company (TMC) qui sont concernés.
En effet, le procureur de la République près la Cour d’Alger qui auditionnait l’ancien ministre de l’Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, a fait de graves révélations sur les voitures commercialisées par TMC.
Selon le représentant du ministère public, dont les propos sont rapportés par le journal Liberté de ce mercredi 4 novembre 2020, sur les 14 modèles de voitures commercialisés par TMC, « seule la Sonata a eu une homologation des services concernés ». Ainsi, selon le procureur, 13 modèles de voitures commercialisés par TMC n’étaient pas « homologués » par les services concernés.
A rappeler que TMC faisait dans le montage et la commercialisation des voitures de la marque sud-coréenne Hyundai. L’usine de montage est implantée dans la wilaya de Tiaret.
Le procureur de la République a précisé que « tous les autres modèles vendus n’ont pas été homologués, et même la Sonata n’a eu son homologation que plusieurs mois après sa commercialisation. Cette même voiture homologuée n’est pas à la portée de tous les citoyens, elle vaut quelque 4 millions de dinars, mais les autres ont été vendues par milliers ». Le procureur posait ces questions à Youcef Yousfi en faisant référence à des documents contenus dans le dossier.
N’ayant pas pu répondre à ces questions, l’ancien ministre, selon le même journal, a tenté d’expliquer que la question liée aux modèles de voitures que TMC avait produit « n’a aucune incidence sur le nombre de voitures à commercialiser ». Le procureur n’a pas voulu « résumer » la problématique des modèles au nombre de voitures plafonné, alors à 100 000 unités par an, mais « à l’homologation des modèles », a rapporté le quotidien national. « J’étais, certes, ministre et responsable, mais je ne pouvais pas vérifier chaque voiture mise sur le marché », a répondu Youcef Yousfi, indiquant que la question relève des Mines.
L’ancien ministre a révélé que « la décision prise par les autorités d’annuler le contrôle de l’ingénieur des mines pour toute voiture vendue d’une wilaya à une autre ne répondait pas à la volonté de débureaucratiser l’administration, mais au manque d’ingénieurs ». Il a expliqué que « la décision de rattacher les Mines au ministère de l’Industrie a créé un véritable problème de ressources humaines », ajoutant que « la majorité des cadres n’a pas voulu quitter le département de l’Énergie », d’où « notre décision de solliciter les directeurs des mines des wilayas pour former une administration et supprimer le passage des voitures chez les ingénieurs des mines ».
Le procès en appel de l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout, jugé avec des membres de sa famille et les anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, pour corruption, a débuté le 28 octobre, et se poursuit aujourd’hui à la Cour d’Alger.
Mercredi matin au niveau de la chambre pénale de la Cour d’Alger, ont été auditionnés Billal, fils de Mahieddine Tahkout et ses frères Nacer, Rachid et Hamid. Le fils et les frères de Mahieddine Tahkout ont tous rejetés les accusations portées contre eux. Cet après-midi le procès en appel se poursuivra par l’audition d’autres accusés.
Pour rappel, le tribunal de Sidi M’hamed avait condamné, Mahieddine Tahkout, principal accusé dans cette affaire, à une peine de seize (16) ans de prison ferme assortie d’une amende de 8.000.000 DA. Rachid, Hamid et Billal Tahkout ont été condamnés à sept (7) ans de prison ferme assortie d’une amende de 8.000.000 DA chacun, tandis que Nacer Tahkout a écopé de trois (3) ans de prison et de 8.000.000 DA d’amende.
Le tribunal a également ordonné le gel de tous les comptes bancaires des sociétés de Tahkout, la confiscation du matériel et l’exclusion des marchés publics pendant 5 ans.
Dans la même affaire, le tribunal avait condamné les anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal à une peine de dix (10) ans de prison ferme et à 500.000 DA d’amende chacun, alors que l’ancien ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, en fuite, a écopé d’une peine de vingt (20) ans de prison ferme assortie d’une amende de 2.000.000 DA.
L’ancien ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi, et l’ancien wali de Skikda, Faouzi Belhocine, ont, eux, été condamnés à deux (2) ans de prison ferme chacun. L’ancien ministre des Travaux publics, Ammar Ghoul, à écopé de trois (3) ans de prison ferme, alors que l’ancien ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaalane, a été acquitté.
Le tribunal de Sidi M’hamed avait également ordonné le versement au Trésor public d’un montant de 309 milliards DA à titre de dommages et intérêts.