Le ministre des affaires étrangères, Sabri Boukadoum a évoqué, lundi, dans un entretien accordé à la chaîne France 24, la question de la réouverture des frontières du pays, fermées depuis la mi-mars dernier en raison de la pandémie du coronavirus (Covid-19).
Sans avancer aucune date au sujet de la réouverture des frontières, Sabri Boukadoum a renvoyé la balle au Comité scientifique de suivi de l’épidémie du coronavirus en Algérie.
Sabri Boukadoum a indiqué que « c’est le Comité scientifique » qui fait des recommandations au gouvernement sur tous les sujets liés à la gestion de l’épidémie. « Dès que le Comité scientifique recommandera » la réouverture des frontières, le gouvernement le fera, a laissé entendre le MAE.
« Absolument. Je vous le dit très simplement. Il y a un comité scientifique qui décide, selon les données, selon ses propres critères… Ce comité, composé de scientifiques, de médecins, de sociologues recommande au gouvernement – mais ne statue pas. Il recommande les mesures que vous connaissez quotidiennement. Dès que ce comité recommandera l’ouverture des frontières et que cela est possible sans danger excessif pour la population – vous savez chez nous aussi le principe de précaution prime sur tous les autres principes… », a expliqué Boukadoum en réponse à la question de savoir quand est prévue l’ouverture des vols.
La fermeture des frontières dure depuis six mois. La compagnie aérienne nationale Air Algérie n’opère et la compagnie nationale de transport des voyageurs n’ont opéré que des vols et des traversées pour rapatrier les algériens bloqués à l’étranger, dont le nombre a dépassé les 31 000 personnes rapatriées. Le dernier vol de rapatriement est prévu le 11 septembre.
Face à cette fermeture, plusieurs voix se sont élevées en appelant les autorités du pays à procéder à la réouverture des frontières du pays. Le premier est le député de la communauté algérienne à l’étranger, Noureddine Belmeddah qui mène depuis quelques jours une campagne sur les réseaux en multipliant les appels à la réouverture des frontières. Il a même fait savoir sur sa page Facebook qu’il a adressé une lettre au président de la République en l’interpellant sur l’urgence de rouvrir les frontières.
L’ancien ministre du Trésor (juin 1991-février 1992), Ali Benouari, s’est lui aussi exprimé sur la réouverture des frontières de l’Algérie. Dans un texte posté sur sa page Facebook, Ali Benouari a estimé que le comité scientifique de suivi de l’épidémie du coronavirus en Algérie ne s’est pas montré très favorable à l’ouverture des frontières du pays.
L’ancien ministre a rappelé dans ce sens les déclarations du président de l’Ordre des médecins et membre du Comité scientifique le docteur Mohamed Bekkat Berkani qui s’est montré très prudent quant à la réouverture des frontières.
Pour Ali Benouari : « Observer la situation », c’est bien, mais pendant combien de temps? sachant que plus le temps passe, plus les effets du confinement se révéleront plus dommageables pour l’économie et la société que le Coronavirus lui même. Je pense, bien sûr, à sa mortalité, qui est partout très faible.
L’ancien ministre s’est demandé si le conseil scientifique n’est-il pas le mieux qualifié que les politiques pour définir ces préalables sanitaire pour la réouverture des frontières.
Estimant que « les Algériens ont le droit de savoir, sinon la fermeture des frontières revêtirait un sens purement politique », il a indiqué : « Il n’est quand même pas anodin d’imposer, pour une durée indéterminée, une sorte d’ISTN à toute la population et une sorte de bannissement aux Algériens vivant à l’étranger.
Ali Benouari a estimé que « nous serions bien inspirés de prendre exemple sur le pragmatisme tunisien ».