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Environnement dégradé, pénuries d’eau, plages et hôtels mal gérés : La misère du tourisme algérien

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Retournés sur les plages après cinq mois de confinement, les algériens redécouvrent la laideur du tourisme balnéaire, resté comme ils l’avaient laissé les étés passés, toujours aussi archaïque et en dessous de leurs espérances. Les citoyens ordinaires en quête d’un moment de détente et de plaisirs de la mer, n’ont effectivement constaté aucune évolution positive. Bien au contraire, les difficultés se sont exacerbées, à commencer par celles relatives à l’hygiène qui s’est détériorée par endroits de façon grave, l’indisponibilité scandaleuse de l’eau, comme c’est le cas sur pratiquement tout le littoral kabyle, l’accaparement des plages et espaces de stationnement par des délinquants et, bien entendu, les embouteillages harassants qui vous lessivent à l’aller comme au retour des voyages. Un cocktail de difficultés quotidiennes qui finit par vous pourrir les vacances et vous faire regretter d’avoir fait le choix du tourisme local !!

Pour dégager leur responsabilité du fiasco de la présente année estivale, les maires responsables des espaces balnéaires, affirment avoir été pris de court par la décision du gouvernement les obligeant à ouvrir immédiatement les plages à la baignade. Une décision qui ne leur aurait pas donné le temps de préparer correctement la saison estivale en y mettant les moyens humains et matériels requis. C’est évidemment une affirmation qui ne tient pas la route, puisque les saisons précédentes avaient connu, à quelques choses près, les mêmes dysfonctionnements. Le mal est en effet si profond qu’il est aujourd’hui impossible de parier sur le tourisme balnéaire comme activité sur laquelle l’Algérie pourrait compter, ne serait-ce qu’en partie, pour restructurer son avenir économique en accordant la priorité au tourisme comme source possible d’importantes recettes en devises, aujourd’hui assurées quasi exclusivement par les ventes d’hydrocarbures. L’Algérie qui n’est même pas capable de satisfaire la demande locale ne peut, dans les conditions actuelles, s’encombrer d’un afflux de touristes étrangers réputés exigeants. Ils seraient mal reçus et mal servis, ce qui n’arrangerait pas l’image de marque de l’Algérie, dans le concert du tourisme mondial.

Vu sous cet angle, l’Algérie n’a effectivement rien d’extraordinaire à offrir aux touristes étrangers, auxquels des destinations comme la France, l’Espagne, la Tunisie, le Maroc, la Turquie, la Russie et autres ont des services et des produits beaucoup plus attractifs et probablement moins chers à proposer. En ajoutant à ce sombre tableau, la mauvaise gestion des plages, la pollution des espaces de détente et de loisirs, les pénuries d’eau, les interdits moraux et religieux imposés aux citoyens comme aux touristes étrangers, il ne faut effectivement pas s’attendre à ce que les étrangers, se bousculent aux portillons des infrastructures touristiques algériennes. La gravité de la situation ne doit pas être niée, si vraiment on cherche à améliorer globalement la situation. Contrairement à ce qui est, ça et là, affirmé par quelques autorités publiques pour se disculper, la pandémie de Coronavirus n’explique effectivement pas à elle seule, cette misère du tourisme algérien. La Covid-19 n’a fait que l’amplifier, en mettant subitement en évidence toutes ses tares.

Les quelques opérateurs (patrons d’hôtels et d’agences de voyages) que nous avons interrogé, imputent ce qu’ils n’hésitent pas à qualifier de « misère du tourisme algérien », à  tout un faisceau de déterminations, parmi lesquelles nous avons retenu principalement, l’extrême difficulté pour les étrangers d’obtenir un visa auprès des consulats algériens, l’archaïsme de nos moyens de paiements qui contraint les touristes à payer en argent liquide, le rôle négatif que jouent la plupart des agences de voyages devenues au fil du temps des pourvoyeuses de touristes au profit de destinations étrangères plutôt qu’en faveur de leur pays, l’absence de formation couplée à un manque flagrant de civisme dont pâtissent les clients qui prennent le risque de se rendre sur une plage, dans un hôtel touristique ou dans un restaurant algérien. Le mauvais accueil y est en effet souvent de mise, l’hygiène laisse à désirer, le choix des produits et services sont très limités et le rapport qualité-prix rarement avantageux.

Il y a, comme on le constate, encore beaucoup à faire pour redorer le blason du tourisme algérien qui recèle certes de nombreux atouts à commencer par la position géostratégique du pays, la diversité de ses paysages et ses sites historiques, mais ces atouts non négligeables ne sauraient à eux seuls ériger l’Algérie en destination touristique d’envergure mondiale. On est loin du compte car tout reste encore à faire, à commencer par la « culture touristique »que l’école et la communication devraient inculquer aux citoyens afin qu’ils accueillent du mieux possible les touristes, quels que soient la nature de leurs langues, de leurs croyances religieuses, leurs manières de se vêtir ou de se nourrir. Un effort particulier devrait également être fait en matière de formation aux nouveaux métiers du tourisme et de l’hôtellerie (accueil, télé réservations, prospection informatique, arts culinaires, divertissements, travail en réseaux etc.). A défaut, le tourisme algérien poursuivra sa décente aux enfers au point que l’écrasante majorité des citoyens lui tournera le dos. Les algériens lorgneront vers des destinations étrangères (Tunisie, Maroc, Turquie etc.) qui ne cessent d’améliorer le rapport qualité-prix de leurs prestations, au point où il est dans certains cas, plus avantageux de passer ses vacances dans certains pays, qu’en Algérie.

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