Le algériens s’apprêtent à passer un Aïd El Fitr exceptionnel cette année, sur fond de propagation du Covid-19 dans le pays et à travers le monde, une situation qui a contraint de nombreux citoyens à s’orienter vers l’achat en ligne.
En dépit de cette situation sanitaire qui a privé les ménages de leurs traditions et de leurs préparatifs habituels avant la célébration de l’Aïd El Fitr, ces familles n’ont eu d’autre choix que d’opter pour l’achat en ligne pour se procurer des vêtements pour leurs enfants, des articles ménagers, de la literie ou encore des produits pour la confection des gâteaux de l’Aïd.
Face aux recommandations de distanciation sociale et à la fermeture totale des magasins, les ménages algériens ont été contraints à recourir aux plateformes numériques pour faire des commandes en lignes pour l’occasion.
Au regard du maintien des mesures préventives pour des périodes indéterminées, la majorité des secteurs et des magasins ont opté pour la vente électronique via les différentes applications, et ce pour générer des revenus.
Ce service existait auparavant mais son utilisation n’était pas répandue, faute de moyens de paiement électronique.
L’achat en ligne a permis aux familles algéroises de faire leurs emplettes auprès de magasins d’El Eulma dans la wilaya de Sétif, d’Oran, de Annaba ou encore de l’extrême sud à Tamanrasset, plaçant ainsi la concurrence à son apogée du point de vue qualité et prix.
Selon Mohamed, commerçant de son état exerçant dans la commune de Kouba (Alger), cette situation a contraint de nombreux commerçants à se lancer dans la vente en ligne, ce qui a changé le mode de consommation des Algériens et encouragé la concurrence, favorisant ainsi des prix attractifs.
Impactés par la fermeture de leurs magasins en raison de l’épidémie, les commerçants ont dû trouver une alternative pour écouler leur marchandise et assurer un service minimum à leur clientèle habituelle en se tournant vers le commerce électronique.
Un créneau en plein essor où l’on compte des centaines de sites de e-commerce comme Ouedkniss officiel, Market Place sur Facebook, Algeria Fast Shop et Aliexpress Algérie.
Service de livraison : des prix dépassant parfois le coût du produit commandé
Dans une déclaration à l’APS, le président de l’Organisation algérienne pour la protection et l’orientation du consommateur et son environnement « APOCE », Mustapha Zebdi, a expliqué, à ce propos, que les consommateurs privilégiaient de plus en plus les plateformes électroniques pour faire leurs achats car c’est la « meilleure option » dans la conjoncture actuelle pour éviter tout risque de contamination, rappelant, dans ce cadre, les efforts déployés par l’Etat pour atténuer l’impact de la pandémie.
Dans ce nouveau mode de commerce, il appartient aux commerçants et autres sociétés de mettre à disposition les techniques garantissant aux consommateurs une utilisation optimale, a-t-il souligné.
« Les opérateurs commerciaux sont beaucoup en retard en matière de e-commerce pour plusieurs raisons techniques et commerciales liées essentiellement au réseau internet faible qui n’est pas adapté à la culture du commerçant habitué aux transactions commerciales en espèce », a-t-il dit, ajoutant que le e-commerce est à la fois une vente et un paiement à distance et non uniquement une opération de livraison du produit.
A noter que les prix du service de livraison de marchandise différent d’un commerçant à l’autre et ne reposent pas systématiquement sur la distance entre le lieu du commerçant et celui du client. Le prix de livraison proposé sur les différentes plateformes du e-commerce est entre 200 DA et 800 DA, le client étant tenu de s’acquitter de ce prix même s’il n’a pas acheté la marchandise livrée, a constaté l’APS.
Contacté par internet, l’un des vendeurs a demandé 500 DA pour la livraison d’un produit de 400 DA, ce qui démontre la cherté du coût de livraison pour les familles à revenu limité.
En dépit des facilités accordées par les banques à certains commerçants pour équiper gratuitement leurs locaux, M. Zebdi a indiqué que plusieurs d’entre eux ont refusé d’y recourir par crainte de déterminer leur chiffre d’affaires ou de retracer leurs capitaux, causant des poursuites auprès des services des impôts, ce qui fait par conséquent, du e-commerce « un quasi-commerce ».
Il a appelé, à ce propos, les autorités publiques « obliger les commerçants sous peine de sanctions, à commencer par les grandes entreprises commerciales et les locaux, pour que l’usage des moyens du e-paiement soit généralisé.
Le commerçant et le consommateur doivent prendre connaissance de l’importance de ce type de transaction commerciale qui est toujours à ses débuts et figure parmi les moyens de prévention contre le virus, ce qui nécessite son renforcement au regard de ces effets bénéfiques sur le consommateur notamment les personnes aux besoins spécifiques, les personnes âgées et ceux incapables de se déplacer, de même qu’elle est une source de financement pour le commerçant.
Le e-shopping permettra de booster la concurrence entre les commerçants et d’améliorer la qualité et les prix à partir du moment où le consommateur pourra prendre information sur le prix « en un clique » et faire la comparaison entre les produits et leurs prix, a précisé M. Zebdi, insistant sur l’impérative mise en place d’un cahier de charges et de contrôles juridiques pour les commerçants n’affichant pas le prix des produits ou ne respectant pas les normes de qualité dans l’opération du e-commerce.
Rezig : généralisation du E-paiement via des appareils fabriqués localement
Le ministère s’attèle à l’organisation de ce type d’activités commerciales modernes auprès des commerçants exerçant des métiers libres ou ayant de grands espaces commerciaux à travers le renforcement des moyens de e-paiement et la généralisation du code barre à même de le rendre obligatoire pour tous les produits, avait assuré récemment le ministre du Commerce, Kamel Rezig.
Selon le ministre, l’utilisation du e-paiement via des appareils électroniques fabriqués localement, en coordination avec le ministère de la Poste et des Télécommunications, permettra aux personnes titulaires de cartes bancaires le paiement des achats et des services via cette carte.
« A la fin de l’année en cours, il sera procédé à l’approvisionnement des grands espaces commerciaux et des commerçants exerçant des métiers libres par des terminaux de paiement électronique (TPE) », a-t-il déclaré à ce propos, ajoutant que « durant les 5 prochaines années, plus de 70% commerçants devront recourir à cette technique notamment à la lumière de l’existence d’un texte juridique relatif à l’utilisation de ce type de transaction ».
APS