L’expert des maladies transmissibles et pathologies tropicales, le Professeur Idir Bitam a averti dans un entretien paru ce samedi 2 mai 2020 dans le journal El Watan, que « la levée de confinement sur les magasins est très dangereux ».
« Le confinement est obligatoire. Le Covid-19 est un virus aérien et aérosol. Il est donc doublement dangereux. Un virus aérien est très instable, mute rapidement et contamine facilement. Le fait qu’il soit aérosol, il contamine beaucoup de surfaces », a-t-il expliqué avant d’ajouter que « par exemple, la levée de confinement sur les magasins, notamment de vêtements, est très dangereux ».
« Les gens qui viennent acheter vont essayer le produit. Inévitablement, ces petites gouttelettes de salive qu’ils émettent vont s’y déposer. Selon le degré de contamination, il peut y avoir des milliards de virus qui restent au niveau du tissu. La deuxième personne qui passe pour l’essayer sera contaminée. C’est très dangereux. Il aurait peut-être fallu encourager le commerce en ligne. Pas seulement pour les vêtements, mais aussi pour les fruits et légumes », a encore expliqué le Pr Bitam.
« S’il y aura une deuxième épidémie, elle sera virulente et impardonnable »
Le Professeur a estimé que « s’il y aura une deuxième épidémie, et j’espère qu’elle n’aura pas lieu, elle sera virulente et impardonnable ». « Le virus est encore en circulation. Ce déconfinement partiel va susciter une sorte d’aisance chez la population », a-t-il dit.
« Celle-ci va se sentir en sécurité loin du danger et de ce fait reprendra ses anciennes habitudes comme les embrassades, les accolades, se serrer la main, etc, alors que tout cela est absolument à abolir. Pour moi, il faut au moins deux ans pour reprendre nos habitudes. Il y a des récidives qui font très peur », a précisé l’expert des maladies transmissibles et pathologies tropicales qui fait partie de l’IHU Méditerranée de Marseille en France, institut dirigé par le Professeur Didier Raoult.
Il a souligné que ce virus a muté quatre fois. « La première mutation a eu lieu en Chine, la seconde en Corée, la troisième en Iran », a-t-il rappelé en prévenant qu' »il est fortement mutant et il n’est pas exclu qu’il y ait d’autres mutations en Algérie ».
Le Pr Bitam a estimé qu’il y un risque d’une nouvelle contamination des malades guéris « surtout chez les malades qui ont le virus et qui ont été traités, PCR négatif, sérologie positive ». « Il y a eu beaucoup de cas en Chine mais aussi en Corée du Sud, où 20% des malades ont récidivé. Le virus était en fait caché. Raison pour laquelle le professeur Didier Raoult a préconisé le traitement par l’antibiotique l’Azithromycine, associé à l’hydroxychloroquine », a-t-il précisé.
Le traitement à l’hydroxychloroquine n’est q’une pistes parmi d’autres
Selon lui, le traitement à l’hydroxychloroquine n’est q’une pistes parmi d’autres. « En fait, c’est une des pistes. La plasmaphérèse n’est pas utilisée dans ce cas. Il faut plutôt l’injection du sang total pour régénérer les globules » rouges afin qu’ils puissent d’avoir des récepteurs et de la ferritine en bonne état et contribuer ainsi à la production de l’oxygène. Pour cela, il faut un donneur de sang. Lorsqu’on régule le système immunitaire en enlevant ou en diluant les cytokines, le système nerveux central va reprendre son activité normale. En fait, il va activer le signal pour une reprise d’un bon fonctionnement », a-t-il expliqué.
Interrogé sur le nombre de décès au covid-19 élevé par rapport aux autres pays, le Pr Bitam a indiqué que « si l’on compare les statiques algériennes à celles des Etats unis, des pays asiatiques ou européens, il faut prendre en compte la densité de la population. Quand on parle de 126 cas de décès par exemple, pour 1500 cas, de contaminés, c’est le même taux qu’en Algérie. Donc, les statistiques ne sont pas aussi choquantes qu’on le croit ».
L’expert des maladies transmissibles et pathologies tropicales prévoit un nombre de contaminés de plus en plus important en Algérie. « Mais, il faut savoir que près de 400 personnes guérissent par jour. Ce qui est énorme. Nous ne pouvons plus les considérer comme positives », a-t-il dit.
« Sans confinement, le dépistage massif devient une obligation »
Pour le Pr Bitam, « sans confinement, le dépistage massif devient une obligation ». Mais quel type de dépistage ? Selon lui il y en a deux. « Le premier est de voir le statut immunitaire de la personne. Lorsqu’elle a des anticorps de type M, l’hospitalisation est rapide et si elle a des anticorps de type G, elle passe par un test PCR. Dans le cas où le résultat est négatif, cela veut dire que la personne a déjà été en contact avec le virus. Elle a eu quelques symptômes et elle s’est rétablie. Elle s’est auto-vacciné. C’est la vaccination naturelle que les pays européens ont fait pour 25 % de la population » a-t-il précisé.
Selon le Professeur, « nous pouvons dire que nous sommes prêts parce que nous avons doté de laboratoires non seulement les hôpitaux mais aussi les centres de recherches. Nous avons aussi 14 universités dotées de plateforme de biologie moléculaire et de laboratoire de deuxième sécurité et une quinzaine d’hôpitaux qui remplissent les conditions nécessaires pour faire le diagnostic et la prise en charge des malades atteints de tous types de pathologie ».
« Il s’agit d’un virus naturel qui aurait pu être manipulé »
« Le virus a une faiblesse par rapport au soleil. A cette époque, nous sommes au degrés 6 et le maximum, c’est le degrés 10, qu’on aura à partir du 21 juin. La puissance de l’ensoleillement va détruire tous les pathogènes. Raison pour laquelle, on a rarement de cas de grippes durant cette période, mais plutôt des symptômes pseudo-gripaux », a-t-il estimé.
Interrogé sur l’origine du coronavirus, le Pr Bitam a indiqué : « Je sais que le virus complet a été séquencé par le CDC, Chine, 3 jours après la déclaration du premier cas. Une vitesse incroyable, surtout du point de vue technologique. Le mérite est à féliciter ». Et d’ajouter : « Ce que je peux dire par contre, et de manière affirmative, c’est qu’il s’agit d’un virus naturel qui aurait pu être manipulé, une fois séquencé, par d’autres instances, pharmaceutiques ou autres, pour une éventuelle guerre bactériologique (…) ».