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Qui sauvera les entreprises de la faillite et les chômeurs de la pauvreté ?

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A supposé qu’il ait vraiment l’intention de le faire, le gouvernement algérien tarde à annoncer des mesures fortes de nature à épargner au pays encore davantage de licenciements et de faillites en cascades.

La cote d’alerte a pourtant été largement atteinte avec la mise au chômage partiel de 50% des fonctionnaires et employés du secteur public et la fermeture de l’écrasante majorité des fonds de commerce privés. Même le commerce informel qui assure une part non négligeable d’emplois et de revenus en a pris un rude coup du fait de la réduction drastique des revendeurs et clientèles qui animaient, il y a quelques semaines à peine, les marchés clandestins.

C’est une véritable hécatombe qui a subitement frappé notre économie qui s’enfonce chaque jour davantage en raison de la crise sans précédent qui affecte la gouvernance du pays. La défaillance des autorités en charge de la lutte cantre la pandémie de coronavirus est en effet si apparente que le commun des algériens reproche aux autorités politiques de ne s’occuper correctement ni de la lutte contre le Covid-19 qui se répand comme une traînée de poudre et fait des centaines de victimes chaque jour, ni de l’économie qui s’effondre sous l’effet des fermetures d’activité et mises au chômage ordonnées sans qu’aune mesure compensatoire ne soit prise en faveur des personnes qui en ont fait les frais.

Si la population comprend les mesures de confinement et les arrêts momentanés d’activités sur injonction des pouvoirs publics, elle ne comprend toutefois pas, pourquoi elles ne sont pas accompagnées de mesures d’indemnisation en faveur des travailleurs qui ont perdu leurs emplois, sachant que l’écrasante majorité de ces personnes a ainsi été privée de leur seul et unique revenu.

On s’étonne que l’Etat n’ait à ce jour consacré aucun budget à ces centaines de milliers de chômeurs forcés, qui dressent déjà le profil d’une Algérie subitement paupérisée et soumise sans aucune protection aux vicissitudes de la vie. Le gouvernement n’a même jugé nécessaire de rassurer la population et les chefs d’entreprises, par l’annonce de mesures de sauvegarde qu’il compte prendre en leur faveur. Les algériens sont laissés dans un désarroi qui affecte gravement leur  moral.

C’est une véritable bombe à retardement qui s’amorce ainsi, sans que les autorités ne songent à prendre la mesure du danger. Embourbés dans d’inextricables luttes politiques internes, la situation qui risque pourtant de tourner au drame semble totalement leur échapper, et cela se perçoit largement à travers leurs décisions sans reliefs et, pas du tout à la hauteur des graves enjeux qui se trament dans un pays fragilisé par l’absence de moyens sanitaires et l’incurie des autorités chargées d’encadrer les populations dans d’aussi périlleux moments. Heureusement que la solidarité ancestrale a réapparue intacte pour pallier au plus grave et c’est un des plus grands motifs de satisfaction dont le peuple algérien peut s’enorgueillir !!

Les algériens ne comprennent en outre pas pourquoi, tous les pays qui avaient ordonnés des confinements et des arrêts d’activités économiques pour des raisons de santé publique, se sont dépêchés d’allouer des budgets considérables aux entreprises et aux chômeurs occasionnels pour éviter la paupérisation de leurs populations et la faillite des entreprises, alors qu’aucune décision de ce genre n’a été jusqu’à présent prise par le gouvernement algérien.

Ce dernier sait pourtant que plus de 90% des entreprises algériennes sont des très petites entreprises (TPE) encore fragiles et que près de la moitié des salariés récemment mis au chômage ont des contrats à durée déterminée (CDD). Ces derniers ne comptent que sur leurs maigres payes pour subvenir aux besoins de leurs familles, les en priver reviendrait à les jeter dans les bras hideux de la misère et de la marginalisation sociale. La situation est encore plus compliquée pour les acteurs de l’économie informelle dont les emplois ne sont pas déclarés mais qui s’exposent au même drame que les entrepreneurs et travailleurs déclarés. Une réflexion mérite d’être rapidement engagée en faveur de ce secteur qui représente pas moins de 40% du PIB national!

A moins que de vouloir susciter des « émeutes de la faim » à travers tout le territoire national, le gouvernement ne peut donc pas faire l’économie de ce budget exceptionnel qui sera expressément destiné à cette demande sociale générée par les mesures de santé de publiques qu’il a lui même ordonnées. Les pays d’Europe, pourtant très attachés à l’orthodoxie  budgétaire, viennent de donner l’exemple, en dégageant pas moins de 500 milliards d’euros pour « solvabiliser » les travailleurs mis au chômage temporaire et les entreprises en difficulté de trésorerie, au nom du principe « qu’aucun travailleur licencié ne doit d’être abandonné en bord de route et qu’aucune entreprise ne doit être mise en faillite à cause de cette pandémie ». Les dettes publiques ont en effet des chances de se résorber avec le temps et les réformes, alors que le chômage et les faillites, peuvent ouvrir la voie, comme nous l’append l’Histoire de l’humanité, aux pires dérives politiques et sociales.

Quelques économistes que nous avons interrogés sur le montant du budget à mettre en place pour épargner à l’Algérie d’aussi graves souffrances, nous ont affirmé que 2 à 2,5 milliards de dollars suffiraient largement à pallier tous les dégâts collatéraux de la pandémie, pour peu que le montant alloué soit bien géré et que les dépenses de sauvegardes, soient rapides et bien ciblées. Un gouvernement qui dispose de 60 milliards de dollars de réserves de change, comme l’avait tout récemment affirmé le chef de l’Etat, pourrait donc aisément se permettre un tel niveau de dépenses au profit d’une cause aussi noble cause.

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