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Les avocats du collectif de défense de l’homme politique Karim Tabbou ont décidé de déposer plainte contre le président de la chambre d’accusation de la Cour d’Alger, Hamzaoui Mohamed Sabaa pour « atteinte au droit de la défense », a fait savoir l’avocat Me Abdelghani Badi cité par El Watan jeudi.
« Il y a, certes, un appel du parquet du tribunal de Sidi M’hamed et même de notre collectif. Mais la veille (lundi), on nous a assuré qu’aucun procès n’était programmé. Les personnes qui l’ont jugé sont dépourvues d’humanisme. C’est de l’acharnement. La partie qui a imposé qu’il soit jugé n’a pas accepté ses déclarations sur la torture », a expliqué Me Badi.
« A l’audience, le juge Hamzaoui Mohamed Sabaâ a rendu, sans sourciller, son arrêt. La juge qui était avec lui a pleuré. Le tribunal n’a respecté aucune procédure. La décision du juge représente une atteinte à la Constitution et aux lois du pays. C’est aussi une grave atteinte au peuple au nom duquel ces jugements sont prononcés. J’ai voulu voir le procureur général de la cour d’Alger, Sidi Ahmed Mourad, pour en savoir plus sur l’état de santé de Tabbou. Mais il a refusé. Nous avons décidé de déposer plainte contre le magistrat », a-t-il précisé.
Et d’ajouter : « Nous exigerons l’ouverture d’une enquête sur les atteintes aux procédures. Et si rien n’est fait, nous allons saisir les instances internationales ».
Karim Tabbou, qui devait quitter la prison de Kolea (Tipaza) aujourd’hui, a été condamné mardi à un an de prison ferme à l’issue d’un procès scandaleux, puisqu’il a été privé de ses droits, il a été victime d’un malaise au moment de sa comparution et se trouvait à la clinique au moment de la prononciation de son jugement. Ses avocats n’ont pas été informés par la tenue du procès, mais, ils étaient alertés par d’autres collègues.
Ni les avocats ni la famille de Karim Tabbou n’ont pu en savoir plus sur son état de santé. « Les avocats se sont déplacés ce matin (hier, ndlr) à la prison de Koléa pour rendre visite à Karim, ils n’ont pas pu le voir, sous prétexte qu’il est toujours à l’infirmerie », a indiqué Djaffar Tabbou. Selon Me Abdelghani Badi, les avocats ont été priés par les responsables de la prison de Koléa de revenir l’après-midi d’hier.
Les réactions d’indignation étaient en chaîne et se sont poursuivies jusqu’à hier. Après les avocats de Tabbou qui ont dénoncé un grave dérapage de la justice, l’Ordre des avocats d’Alger, tout en appelant à la libération de Karim Tabbou, il a décidé de geler toute coordination avec les instances judiciaires, appel au président de l’Union nationale des ordres des avocats (UNOA) à prendre les mesures adéquates pour «mettre fin aux atteintes aux droits des justiciables, appel au Président de la République à constituer une commission indépendante pour enquêter sur cette affaire et situer les responsabilités, interdiction à tous les avocats de l’Ordre d’Alger de travailler avec le président de la chambre d’accusation de la Cour d’Alger, Hamzaoui Mohamed Sabaa.
En réaction à la condamnation du coordinateur du parti non agréé Union démocratique et sociale (UDS), le Parlement européen a dénoncé « un acharnement judiciaire incompréhensible » contre Karim Tabbou.
Dans une déclaration conjointe, Maria Arena, présidente de la sous-commission des droits de l’homme, et d’Andrea Cozzolino, président de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb ont indiqué : « La condamnation de Karim Tabbou en appel hier, et en l’absence de ses avocats, va à l’encontre de son droit à un procès équitable dont il bénéficie en vertu du droit algérien ainsi que des conventions internationales ratifiées par l’Algérie. L’acharnement judiciaire dont est victime Karim Tabbou est incompréhensible et contraire à l’État de droit. »
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