Une prestations très moyenne de la majorité des candidats à l’élection présidentielle du 12 décembre, excepté un ou deux qui maîtrisaient leurs sujets alors que le pays traverse une très grave crise politique et économique.
Or ce n’est pas une élection locale mais une élection présidentielle déterminante pour l’avenir du pays. Beaucoup invoqueront le timing de deux minutes par question ne pouvant développer les idées sans compter d’autres sujets importants non abordés. Toutefois, beaucoup de promesses mais sans objectifs précis, ni quantification datées, sans préciser le mode de financement alors que l’Algérie connait et devrait connaitre entre 2020/2022 de vives tensions budgétaires et financières. Des promesses souvent surréalistes par exemple sans préciser la mise en place de nouveaux mécanismes de régulation pour combattre la corruption, afin qu’elle ne soit pas conjoncturelle, (quel rôle futur de la Cour des comptes et du conseil économique et social en berne depuis plus de 20 ans ), comment rapatrier les fuites de capitaux à l’étranger devant distinguer la part dinars dont celle dans la sphère informelle insaisissable, celle à l’étranger placés dans des paradis fiscaux ou en bons anonymes également insaisissables sauf bien entendu pour les biens réels tangibles avec de longues procédures judiciaires pour l’étranger. Les importants scandales financiers mis en relief récemment devant l’opinion publique implique de saisir les liens entre la production de la rente ( refonte de la gestion de Sonatrach), le système financier lieu de distribution de la rente ( refonte de tous les segments du ministère des fiances), débureaucratiser concrètement l’administration et l’économie et renforcer le pouvoir judiciaire pour une impartialité totale , aspects stratégiques des réformes, non abordé ou superficiellement par les candidats.
Autres remarques, les candidats n’ont pas abordé les dernières décisions du gouvernement qui engagent l’avenir du pays sur plusieurs années sans dialogue social, alors que sa durée de vie ne devrait pas dépasser l’année 2019. Dès lors se pose la question impliquant des solutions concrètes autour de dix axes :
Premièrement: sur la loi des hydrocarbures pour être opérationnel qui devrait s’inscrire dans le cadre d’une loi organique de la transition énergétique ;
Deuxièmement: le récent découpage administratif, vision bureaucratique administrative avec d’importantes dépenses alors que l’objectif comme dans tous les pays développes afin de rapprocher l’Etat du citoyen est d’utiliser les nouvelles technologies ( e-administration) et d’aller vers de grands pôles économiques régionaux et indirectement comment réformer l’administration et la fonction publique;
Troisièmement: comment mettre en place des subventions ciblées sans système d’information fiable ;
Quatrièmement: l’annonce du gouvernement d’augmenter le SMIG sans aborder la sphère informelle qui permet un revenu collectif qui risque de provoque une spirale inflationniste ;
Cinquièmement: aucune proposition concrète et réaliste comment éviter l’épuisement des réserves de change courant 2022 le retour au FMI ;
Sixièmement: comment mobiliser le capital humain et financier pour créer 350.000/400.000 emplois par an supposant une réforme profonde du système socio-éducatif du primaire au supérieur en passant par la formation professionnelle,
Septièmement: comment régler le problème du foncier industriel et agricole pour ce dernier, ne devant pas être utopique l’Algérie ayant un climat semi aride , la production étant fonction essentiellement des aléas climatique,
Huitièmement: comment assurer la cohésion sociale et réformer le système de retraite afin d’éviter son implosion ;
Neuvièmement: comment réformer notre diplomatie et la politique étrangère qui devrai se fonde sur des réseaux afin qu’elle soit un soutien actif aux affaires économiques et de nos actions internes;
Dixièmement: quelle stratégie de nitre appareil e défense /sécurité face aux tensions géostratégiques à nos frontières.
Le monde connait une métamorphise impliquant des stratégies d’adaptations perpétuelles, n’existant pas de situation statique. Or, La majorité des candidats reproduisent les schémas du passé qui ont conduit à l’impasse économique, ne maitrisant pas les nouvelles mutations tant géostratégiques, politiques qu’économiques mondiales devant assister entre 2020/2030 à de profondes mutations :
Sur le plan économique notamment comment s’adapter au nouveau monde au sein de sous segments de filières internationalisées devant distinguer le marché intérieur du marché extérieur où l’Algérie fin 2019 a un produit intérieur brut seulement de 180 milliards de dollars irrigué à 80% directement et indirectement par la rente des hydrocarbures qui procurent directement et indirectement avec les dérivées environ 98% es recettes en devises. Nous sommes à l’ère de la mondialisation où les lois économiques sont insensibles aux slogans politiques : pour preuve une étude Bloomberg/le quotidien le Monde du 07 décembre 2019 donne pour la capitalisation boursière de trois géants : Aramco 1700 milliards de dollars, Apple 1180 milliards de dollars et Microsoft 1144 milliards de dollars sur un PIB mondial en 2018 d’environ 84.740 milliards de dollars pour une population totale de 7,534 milliards. Le poids économique est déterminant dans les relations internationales, l’Economique devant se fonder sur la bonne gouvernance et la valorisation du savoir, pilier du développement, ne pouvant distribuer ce que l’on n’a pas préalablement produit, quitte à conduire le pays au suicide collectif.
En bref, espérons une élection transparente, l’ANP pour sa part s’étant engagée auprès de l’opinion nationale et internationale de ne favoriser aucun candidat.
Mais attention au bureau qui détient une part importante du véritable pouvoir en Algérie, devant être attentif aux anciens réseaux dont une partie de l’administration liée aux intérêts de la rente qui a été habituée aux trafics de toutes les élections, jouant sa survie. Il appartiendra aux citoyens d’être attentif et de dénoncer tout dépassement et à l’actuel président de l’Etat de décréter une circulaire qui stipulerait une condamnation et une sanction exemplaire à toute personne ou institution de la république qui par ses actions nuiraient à la crédibilité de l’élection présidentielle et par là, à la crédibilité internationale de l’Algérie.
Professeur des universités expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL