Loin de toute vision populiste destructrice, nous devons être conscients que toute la société algérienne est fortement dépendante des recettes des hydrocarbures, échappant à toute décision interne, que toute action extérieure négative ne peut aboutir que si le front interne est lézardé, devant tolérer nos différences, l’unanimisme étant le signe de la décadence de toute société, s’il y a divorce entre le régime en place et sa population et s’il y a absence de communications objectives crédibles, vivant dans un monde nouveau avec la révolution du système des télécommunications.
1.-L’Algérie à travers ses différentes composantes sociales ne sera plus jamais comme avant quelque soit le président qui devra tenir compte de des revendications légitimes d’Al Hirak. Il y aura une Algérie avant le 22 février et une Algérie après le 22 février, et fait rare dans l’histoire des manifestations d’Al Hirak , le pacifisme qui a fait l’admiration du monde. Malgré quelques turbulences il n’ ya pas eu de morts. Nous devons aller vers un climat apaisé du fait des importants défis économiques, sociales et géostratégiques qui attendent l’Algérie. Regardons ces manifestations réprimées par la force récemment en Irak où les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur les manifestants et dans bon nombre d’autres pays où la répression a été féroce. Reconnaissons, une grande maturité à l’ANP et à nos forces de sécurité pour la protection des biens et personnes sans compter la défense nos frontières.
2.-Al Hirak, traversé par des courants idéologiques contradictoires, reflet de l’atomisation de la société civile, en pleine restructuration, il est impossible de s’entendre sur un projet de société, notamment la trajectoire économique. Nous avons des ultra- gauchistes, ultra droitistes, islamiques radicaux et modérés, sociaux démocrates. Mais un dénominateur commun universel anime les manifestations: celui de la défense de l’unité nationale, des libertés, de toutes les libertés, la moralisation de la société, un Etat de Droit, la lutte réelle la corruption sans verser dans des règlements des actes de violence alors que la tolérance a fait sa force. Il faut apprendre à tolérer nos différences à nous respecter. Nous devons écouter les avis contraires, source d’enrichissement mutuel, ceux qui sont contre l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 et ceux qui sont pour, appartenant au 24 millions d’électeurs en leurs âmes et conscience de décider. Personne n’a le droit en Démocratie d’imposer par la violence son point de vue et le plus grand ignorant est celui qui prétend tout savoir.
3.- Le statut quo actuel, en Algérie avec le risque d’une très grave récession économique et sociale 2021/2022, devient intolérable, naviguant à vue, sur les schémas du passé , alors que l’objectif est une profonde moralisation de la société et des dirigeants, un véritable Etat de Droit, une réelle décentralisation et non déconcentration autour de grands pôles régionaux pour un espace équilibré et solidaire à travers l’implication de la société civile, sur des réseaux solidaires décentralisés supposant une réforme des institutions. Sur le plan socio économique, il s ‘agira de concilier l’impératif de l’efficacité économique et une profonde justice sociale, de libérer toutes les énergies créatrices par la dé-bureaucratisation de l’économie, l’instauration une économie diversifiée loin des aléas de la rente des hydrocarbures, une économie de marché concurrentielle loin de tout monopole qu’il soit public et privé reposant sur des filières internationalisées innovantes, une transition énergétique maîtrisée au sein d’une loi organique (mix énergétique et subventions ciblées) et de relever le défi écologique pour la protection de notre environnement. Le tout devra s’inscrire dans le cadre d’une planification stratégique 2020/2030, fonction du jeu contradictoire des acteurs internes et externes , sur une nouvelle gouvernance, la valorisation du savoir et le dialogue d’où l’importance de la redynamisation du conseil économique et social en léthargie, une indépendance de la justice, une lutte implacable contre la corruption, contre les fuites de capitaux et donc la corruption qui gangrène le pays renvoyant à la nécessité de contre pouvoirs politiques et redynamiser les institutions de contrôle, notamment la Cour des comptes en berne.
4.- Afin de dépasser l’entropie actuelle, je suis persuadé comme je l’ai mis en relief depuis des mois, après une profonde analyse de la situation de l’Algérie, qu’il est impérieux, à la fois pour notre population mais également pour nos partenaires étrangers, malgré toutes les insuffisances, que l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 se tienne dans une totale transparence. Afin d’éviter les erreurs du passé, l’administration à travers ses anciens réseaux toujours puissants, comme cela a été recommandé par le haut commandement de l’ANP, ne doit favoriser aucun des cinq candidats ce qui nuirait tant à la crédibilité nationale et internationale du pays. dramatiquement ( American Hetrald Tribune-USA- – « Prof. Abderrahmane Mebtoul: “The Widespread Financial Scandals Affecting most Sectors of National Activity Threaten the Foundations of the Algerian Stat »-19 octobre 2019 et AfricaPress Paris Professeur Abderrahmane MEBTOUL : Pourquoi l’Algérie risque la faillite d’ici à 2022… et comment la conjurer » 23 juillet 2019).
5.- L’objectif étant d’avoir un gouvernement et un président légitime, qui ne sera qu’un début de la solution à la crise politique et économique que vit le pays qui sera confronté à une situation très complexe dans tous les domaines pour relever les défis nombreux, supposant de rassembler toutes les sensibilités et non de diviser. C’est que toute déstabilisation de l’Algérie aurait une répercussion interne et également sur toute la région méditerranéenne et africaine, supposant de profondes réformes institutionnelles et micro-économiques fondées sur un partenariat gagnant gagnant, loin de tout esprit de domination et ce dans le cadre du strict respect mutuel (American Hetrald Tribune-USA- « Prof. Abderrahmane Mebtoul: Any Destabilization of Algeria would have Geo-strategic Repercussions on all the Mediterranean and African Space 28 décembre 2016).
Professeur des universités, Abderrahmane MEBTOUL expert international