Le général à la retraite, Hocine Benhadid, a appelé, ce jeudi 25 avril 2019, le chef de corps d’Armée, le général Ahmed Gaïd Salah, à trouver une solution politique à la crise actuelle en Algérie, et sortir du cadre Constitutionnel, considéré par le général Benhadid comme » taillée sur mesure par un pouvoir qui refuse toute ouverture démocratique ».
« (…) A aucun moment les dirigeants qui étaient à la tête de ce pays ne l’ont été par le fait d’un choix populaire librement exercé ou portés par la transparence des urnes. Cette histoire nous montre également que la Constitution n’a jamais représenté un obstacle pour ceux qui voulaient s’accaparer du pouvoir et qu’en définitive la seule légitimité qui était à l’ordre du jour n’était pas la légitimité constitutionnelle, mais celle du plus fort », a-t-il écrit dans une lettre ouverte adressée à Gaïd Salah et publiée sur El Watan.
« Les amendements constitutionnels introduits par le président Bouteflika, outre quelques points somme toute assez anodins, comme l’article 5 révisé de la Constitution qui précise que «l’emblème national et l’hymne national sont des conquêtes de la Révolution du 1er Novembre 1954 et sont immuables», ou encore l’article 62, qui stipule que «l’Etat garantit le respect des symboles de la révolution, la mémoire des chouhada et la dignité de leurs ayants droit et des moudjahidine», les autres amendements, notamment celui proposé à l’article 74 qui, tout en maintenant la durée du mandat présidentiel, qui est de cinq ans, dispose que le président de la République est rééligible sans limitation de son mandat. Nous sommes passés ainsi, par la grâce de cette révision constitutionnelle, à un régime présidentiel pur et dur », a-t-il rappelé.
« La solution ne peut être que politique, elle ne peut en aucun se trouver dans une Constitution taillée sur mesure par un pouvoir qui refuse toute ouverture démocratique. Aujourd’hui, si la solution constitutionnelle a permis une avancée par le biais de l’activation de l’article 102, vouloir à tout prix rester dans le cadre de cette Constitution ne peut que mener à une situation de blocage politique, annonciateur de tous les dangers », a affirmé le Général à la retraite dans sa lettre ouverte.
Pour lui « par contre, la solution politique sera annonciatrice de la stabilité politique à laquelle nous aspirons tous, une stabilité politique qui ouvrirait les portes du pouvoir et de la gouvernance à toutes les bonnes volontés, à tous les patriotes qui ont ce pays à cœur, à tous ceux qui sont prêts à accepter de mettre les intérêts supérieurs de la nation au-dessus des intérêts étroits de personnes ou de clans, une gouvernance qui rendrait l’alternance au pouvoir une réalité tangible et non un vœu pieux. »
« Comme vous pouvez le constater, monsieur Gaïd Salah, la solution constitutionnelle vient de montrer ses limites et les scandales financiers continuent à défrayer la chronique (…) », a-t-il écrit, estimant que « le cantonnement dans une solution exclusivement constitutionnelle ne peut que prolonger la survie politique d’un système honni par toute une nation. »
« Il faut qu’on écoute, Monsieur Gaïd Salah, ce que cette jeunesse descendue par millions dans les rue a à nous dire », a indiqué Benhadid, ajoutant que « cette jeunesse qui n’a pas suivi les révolutions quand elles ont eu lieu se réveille aujourd’hui pour faire sa propre révolution tranquille et pacifique doit être unique. »
« Oui, Monsieur Gaïd Salah, la révolution algérienne tranquille et pacifique menée par nos jeunes est unique, elle a étonné le monde entier par son pacifisme. Les Algériens viennent de démontrer aujourd’hui encore une fois aux yeux du monde entier que lorsque les Algériens font leur révolution, il faut que celle-ci soit unique comme le fut la Révolution de Novembre 54, dont vous faites partie », a-t-il indiqué.
Lire l’intégralité de la lettre ouverte du général à la retraite Hocine Benhadid