Contexte énergétique national :
Le contexte énergétique national se caractérise essentiellement par une dépendance excessive vis-à-vis des hydrocarbures. Les hydrocarbures occupent toujours un poids important dans l’économie. 98% de nos recettes d’exportations proviennent du pétrole et du gaz conventionnel.
La croissance continue de la demande interne d’énergie (pétrole & gaz), les risques d’épuisement de ces ressources ainsi que le réchauffement climatique, font clairement apparaitre la nécessité d’engager une transition énergétique vers un modèle plus durable.
Par ailleurs, nous savons avec certitude que la sobriété énergétique qui consiste à réduire le besoin des services énergétiques, est le secteur principal d’une transition énergétique réussie, suivi de l’efficacité énergétique qui consiste à réduire la consommation d’énergie pour un même service rendu. Mais, les efforts actuels sont loin d’exploiter la totalité du potentiel disponible.
La réalisation des objectifs de la sécurité et de la durabilité énergétique, ainsi que celui de l’accès à une énergie propre exige un cadre politique solide et stable qui donnera la primauté aux politiques de sobriété et d’efficacité énergétique ainsi qu’au développement des énergies renouvelables.
Une politique de vérité des prix de l’énergie, d’investissement dans la recherche, le développement et l’encouragement aux solutions non polluantes seront tout aussi indispensables pour assurer le déploiement de la trilogie : sobriété, efficacité, énergies renouvelables.
La nécessaire transition énergétique
Le modèle énergétique actuel, basé sur la consommation des ressources limitées, ne pourra fonctionner indéfiniment. Nous devons engager une transition énergétique vers la sobriété et l’utilisation des énergies renouvelables où le rôle de l’énergie fossile diminuerait. L’énergie joue un rôle essentiel dans l’économie et la vie de toute collectivité. Les grands centres urbains sont particulièrement vulnérables à une interruption de la fourniture d’énergie.
L’utilisation d’énergies fossiles a permis de répondre aux besoins de l’économie algérienne. De plus, la dépendance de nos exportations des hydrocarbures représente un risque pour l’économie nationale.
Il est donc nécessaire d’engager une transition énergétique vers un système énergétique faisant appel à des sources d’énergies non fossiles, notamment les énergies renouvelables.
Les défis énergétiques
La demande nationale d’énergie croit régulièrement pour répondre aux besoins d’une population qui augmente et dont le niveau de vie progresse. En 2005, la population algérienne était de 33 millions d’habitants et la consommation d’énergie de 17 millions de tonnes équivalent pétrole(Tep), soit 0,51 tep par habitant et par an. En 2015, pour une population de 40 millions d’habitants, elle s’est élevée à 58 millions tep, soit 1,45 tep par habitant et par an. En 2030, elle devrait avoisiner 2 tep par habitant et par an (avec un scénario laisser faire), pour une population de 50 millions d’habitants et une consommation d’environ 100 millions de tep.
A cet effet, face à la croissance permanente de la demande interne d’énergie, il ne parait pas possible de maintenir indéfiniment une croissance de l’offre en énergie fossile (pétrole &gaz), dont les ressources sont par définition finies. Le niveau de production d’énergie fossile ne dépend pas uniquement des réserves, mais aussi des investissements engagés.
Un plafond de production d’énergie, notamment pour le pétrole, proche de la consommation nationale d’énergie, pourrait ainsi être observé dès 2030. Cette situation est aggravée par les facteurs géopolitiques. Il faut également trouver des solutions pour limiter les effets du réchauffement climatique.
La transition énergétique est sans aucun doute un des plus grands défis de notre temps et nous ne pourrons l’atteindre que collectivement. Que nous soyons un acteur du secteur public ou du secteur privé ou encore un acteur de la société civile, il s’agit sans plus attendre que chacun s’engage à modifier ses pratiques personnelles et professionnelles et à regarder l’énergie comme un bien précieux de l’humanité et non plus comme une simple ressource inépuisable.
Les enjeux énergétiques
La consommation énergétique et ses contraintes : Les 58 millions de tep des produits énergétiques consommés en 2015, sont répartis comme suit :
-Par forme d’énergie : gaz naturel (37%) ; produits pétroliers (28,5%) ; électricité (28%) ; GPL (4%), autres énergies (3,5%).
-Par secteur d’activité : ménages & tertiaires (44%) ; transport (36%) ; industrie (15%) ; autres secteurs (5%).
Notons que près de 98% de l’électricité est produite à partir du gaz naturel, et que plus de 60% de l’énergie consommée par les ménages, c’est de l’énergie électrique.
Il y a lieu de signaler, que la consommation nationale du gaz naturel représente plus de 35% de la consommation globale d’énergie, au moment où la moyenne mondiale ne dépasse pas 22%.
L’enjeu de la transition énergétique est donc à la fois de répondre aux besoins énergétiques en forte croissance et de ne pas aggraver les impacts sur l’environnement (gaz à effet de serre), tout en étant compétitif grâce à la maitrise de la consommation d’énergie, la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique et la diversification du mix énergétique vers les énergies renouvelables.
Conclusion
L’économie algérienne historiquement dépendante des hydrocarbures conventionnels, devra s’orienter au plus vite vers d’autres sources d’énergies, à leur tête, les énergies renouvelables afin de diversifier ces sources de financement, pour sortir de l’économie rentière.
A cet effet, il est impératif de plaider pour un modèle de transition énergétique pour garantir un développement durable par la préservation et la valorisation de nos richesses naturelles.
Par ailleurs, l’Algérie doit préparer convenablement sa transition énergétique, d’abord par un modèle de consommation basé sur les économies d’énergies et l’efficacité énergétique, ensuite par un modèle de transition énergétique basé sur la diversification des sources d’énergie, qui seront des constituants importants dans le mix énergétique, afin d’assurer la sécurité et l’indépendance énergétique.
D’ici 2020-2030, l’Algérie n’a pas d’autres modèles énergétiques de transition que de basculer vers des énergies alternatives où les énergies renouvelables, notamment le solaire, seront une composante importante du mix-énergétique et de développer des systèmes productifs plus efficaces et moins énergivores.
Aujourd’hui, la croissance substantielle de la consommation d’énergie dans les secteurs du bâtiment et du transport, engendre des répercussions considérables pour lesquelles, il conviendrait d’entreprendre des actions de modélisation et d’optimisation du modèle de consommation d’énergie.
La mise en œuvre de ces solutions va nécessiter un effort sans précédent et conduis à des transformations importantes du modèle économique et énergétique actuel.