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L’Effet Papillon: Petites Causes, Immenses Conséquences

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L’effet papillon explique pourquoi des décisions apparemment anodines induisent des conséquences économiques, sociales et politiques énormes. Les pays développés en sont victimes. Les pays sous développés en souffrent davantage. En dépit de toutes les précautions prises et de l’enracinement de la culture analytique (logique),  les pays développés demeurent vulnérables aux irrégularités économiques. Ceci pousse certains analystes à déclarer la faillite des sciences humaines face aux réalités modernes. Il faut fortement nuancer ce jugement.

En premier lieu, les pays développés n’ont jamais été aussi prospères qu’à présent. Les taux de chômage et d’inflation se situent à des niveaux relativement plus élevés que durant les périodes historiques des derniers siècles. La croissance économique est un phénomène récent. Avant le XXème siècle, la vaste majorité des nations connaissaient des phases de stagnation. Il est impossible que la croissance économique fût de 0,1% par an en moyenne durant les vingt derniers siècles. L’amélioration économique est très récente. Il se trouve qu’elle est positivement corrélée au développement des sciences. Mais le tableau n’est pas totalement rose. La menace sur l’environnement, le développement de l’activité spéculative et la précarité sont loin d’être vaincus. Malgré les modèles, les simulations et tous les essais de rationalisation, on ne maîtrise pas les phénomènes qui sont d’apparence marginaux mais dont l’impact est appréciable sur le cours des évènements. Quelques historiens affirment que si Cléopâtre avait le nez un peu plus long ou un peu plus court, cela aurait changé la face du monde.  Plus sérieusement, les modèles mathématiques des météorologues montrent qu’un battement d’aile d’un papillon en Amazonie peut provoquer un déluge de pluie à Londres plutôt qu’à New York. Un phénomène marginal peut donc susciter des impacts énormes ; comme  ce  trader méconnu à la Société Générale qui a faillit  provoquer sa faillite et la déroute de tout le système financier en France. L’effet Papillon nous incite à la modestie et à la vigilance.

Face à la l’imbrication des économies, à la complexification des produits financiers et l’internationalisation des échanges, l’Homme a besoin d’outils de plus en plus perfectionnés afin de prévenir ces éventuels phénomènes marginaux (au départ !). La simple intuition, non vérifiée, peut s’avérer totalement incapable d’imaginer ces phénomènes marginaux. Il y a peu de temps, des banques de taille modeste faillirent terrasser l’économie mondiale. C’était le début de la crise des Subprimes. Par la suite, des séries de décisions inappropriées précipitèrent l’économie mondiale vers une crise très profonde. Mais le début du processus résidait dans l’octroi de prêts à des millions de sujets incapables de repayer leurs dettes et l’effondrement du marché de l’immobilier qui constituât l’essentiel des garanties bancaires. L’insuffisance du système économique à contrôler ces banques avait été le prélude au désastre. L’origine remonte également à la libéralisation excessive des marchés financiers. Au lieu de provoquer les équilibres tant prônés par les libéraux extrêmes, la financiarisation et la spéculation excessive ont failli terrasser l’économie mondiale. Les manigances multiples entre les lobbys bancaires et la classe politique empêchent toute réforme sérieuse du système. Nous en subissons les conséquences jusqu’à ce jour.  Les banques avaient pris un risque délibérément énorme en titrant et vendant des produits financiers basés sur ces prêts. Les banques et les institutions financières du monde entier avaient acheté ces titres. La spéculation était telle dans la sphère financière que les décideurs ne connaissaient plus la réalité des titres financiers achetés.

Ces phénomènes nous incitent à la mesure, à la vigilance et à l’amélioration de nos connaissances, de nos modèles et de nos pratiques. On ne maîtrisera jamais assez notre environnement. Mais c’est à travers l’amélioration de nos connaissances que nous pouvons prévenir et améliorer le mode de fonctionnement de nos économies.

Les pays développés ont, eux aussi beaucoup à apprendre. Si la croissance de l’économie mondiale continue de causer un réchauffement climatique irréversible aux conséquences désastreuses, alors l’échec sera global et incommensurable. Certes, ce type de défi est nouveau. Les pays sont mal préparés pour l’affronter. Mais le coût des effets pervers justifierait tous les sacrifices possibles.

Concernant, les pays en voie de développement et en transition, leurs  challenges sont plus circonscrits et sans doute plus habituels à  gérer. Ce sont les petits écarts qui conduisent aux problèmes insurmontables. Prenons un exemple simple : la nomination d’incompétents aux postes stratégiques. Fayol disait une seule exception et la règle ne fonctionne plus. Lorsqu’on affirme que ce sont les compétences (profils et résultats vérifiables) qui déterminent l’accès aux postes de responsabilités on a un principe sérieux qui aide à promouvoir l’efficience globale. Mais dans les pays en voie de développement un phénomène bien connu se met en place. Le premier responsable du pays se dit que tout le monde doit respecter ce principe sauf lui. Après tout il est le décideur ultime. Il nomme alors des personnes sans les compétences et les expériences requises. Le second responsable va réfléchir de la même manière. Il va se dire que seul lui (peut être le premier ministre) et le décideur numéro un ont le droit de déroger à la règle. Il va à son tour procéder à des nominations de complaisance. Puis viendra le tour des ministres, des responsables de provinces, les élus locaux jusqu’au plus petit décideur au niveau de la hiérarchie qui se dira les citoyens ordinaires doivent respecter cette règle mais pas moi. En fait une simple exception en haut lieu s’est transformée en millions d’exceptions qui dérouteront complètement l’économie nationale. L’effet papillon se dévoile à travers cet exemple. Celui qui a pris la première décision ne mesure pas les conséquences économiques, sociales et politiques de son comportement. Il pense que si des problèmes surgissent ils seront de portée limitée. Ils ne vont pas induire des conséquences incommensurables sur tous les aspects socio économiques et politiques du pays. L’effet papillon est peut être plus important au niveau des sciences sociales. C’est pour cela qu’on mesure rarement sa portée. La règle donc est qu’il n’y ait pas de petit écart ; mais tout acte contraire aux bons principes induira de lourdes conséquences pour tous les citoyens.

Pr. A  Lamiri

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