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Partenariat  d’exception: Faut-il lâcher la France ?

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Passées, l’euphorie et la consternation car on a eu droit aux deux états second en l’espace de quelques jours, une halte s’impose pour digérer la tambouille que  l’événement du 3éme comité intergouvernemental de haut niveau franco-algérien) CINH a pu nous faire ingurgiter. Récapitulation :

Ce qui a précédé le CIHN : La valse à trois temps !

Sur le plan politique, le fait marquant est ce parti pris du gouvernement français en faveur du Maroc dans le dossier du Sahara Occidental contre Ban Ki-Moon, le SG de l’ONU, un organisme au sein duquel la France siège en tant que membre permanent, quitte à bafouer les résolutions de cet auguste assemblé, déroutant ! Cependant en dépit de ce camouflet envers notre gouvernement qui soutient la cause sahraouie, ce dernier a maintenu le CIHN et fait semblant que  tout allait bien. Les faux-semblants, c’est apparemment ce qui caractérise les relations algéro-françaises car l’audace manque à nos gouvernants pour mettre à plat les désaccords pour entamer de vrais rapports francs et sincères. Deuxième fait marquant concerne les fuites à l’échelle mondiale des scandales de ce qu’on appelle les « panama papers ». Le journal le Monde cite Abdeslam Bouchaouareb, le ministre de l’industrie et des mines dans ces scandales mais illustre l’article à la Une par une photo du président Bouteflika qui lui n’est pas directement impliqué. Pourquoi n’avoir pas mis la photographie du ministre au lieu de celle du chef d’Etat algérien ? Il est vrai que notre gouvernement a été ridicule en convoquant l’ambassadeur de France en Algérie pour protester contre  la publication de la photo du président sur le journal le Monde et jouer aux vierges effarouchées. Une simple mise au point aurait suffit mais nos gouvernants tentent toujours de faire des tonnes de gesticulations au lieu de faire ce que le bon sens voudrait. Ils auraient dû également convoquer la justice  pour  diligenter une enquête  concernant le scandale mais ils ont préféré tourner en dérision tout un peuple et tout un pays en invoquant des « lobbys qui veulent déstabiliser l’Algérie sans bien sûr décliner l’identité de ces lobbys et donner leurs noms. Une piètre communication bégayante dont nos gouvernants sont devenus les champions et la risée.

Ces deux événements ont pourri en un temps record, les relations bilatérales qui évoluaient pourtant bien, à la veille du CIHN, un rendez-vous qu’on qualifiait d’ « important et exceptionnel ». Cela ne pouvait que mener droit vers l’échec. Et le jour j, la tension est montée de plusieurs crans avec le refus de visa à certains journalistes français. La réponse côté algérien, ne s’est pas fait attendre même si on garde toujours la porte ouverte. Le projet d’implantation du groupe CSA Peugeot qui devait être avalisé et signé en grande pompe, a été tout simplement, ajourné tout comme l’a été un grand projet en industrie pétrochimique entre Total et Sonatrach  et à la place on a eu droit à la signature de deux contrats dans la fabrication de mayonnaise et de parfums ! Ce qui a fait rire dans les chaumières. C’est ainsi qu’en deux temps trois mouvements, on aura assisté à la présentation de la meilleure recette pour gâcher un plat gastronomique en le laissant trop longtemps  mijoter sur le feu ! Les cadres sincères et les chefs d’entreprises des deux rives doivent se sentir mal et dépités, eux qui n’on  eu de cesse de se démener pour lancer l’économie de colocation et de coproduction depuis quatre ans. Les polémiques d’ordre politique ont plané sur le mini-sommet pour lequel des délégations de ministres et de chefs d’entreprises ont été dépêchées afin de le réussir mais au final, l’événement a laissé un arrière-goût amer et un sentiment d’inachevé. Les relations entre l’Algérie et la France  évoluent à un rythme d’un ressac incessant. C’est une valse à trois temps qui…patine. Une saga à la brésilienne qui finit par lasser. Les questions de mémoire, de droit et de bonne gouvernance ne sauraient être éludées et la présidence devrait arrêter de soutenir ses éléments indélicats et exposer le flanc aux attaques car l’Histoire dépasse les personnes. Il s’agit de l’Algérie et de sa dignité qui doit être préservée.

Partenariat économique : Maigre moisson d’avril

Si le rendez-vous est pris pour la 4eme session du CIHN (en 2017 en France (dans quelles circonstances ?)  On attendait beaucoup du 3eme qui s’est déroulé les 10 et 11 avril à Alger et qui s’est avéré être un véritable flop. Point d’annonces spectaculaires à la hauteur de l’événement qui se préparait  pourtant depuis fort longtemps et auquel on apposait le caractère d’exception. Au vu des accords économiques, qui ont été signés, à peine une quinzaine, on constate que ce partenariat au lieu de prendre une vitesse de croisière, il navigue à vue. On se demande, qu’est devenue cette ferveur qui a caractérisé les discours des deux parties à vouloir construire des ponts et des passerelles alors que depuis 2012, année de la signature de la déclaration d’Alger pour la concrétisation de ce partenariat d’exception, très peu de choses ont été réalisées. Peu de projets structurants qui se comptent sur les doigts de la main. Le plus gros des accords se situent dans d’autres domaines comme la formation, l’éducation, la santé ou encore l’administration mais le secteur économique, à part une quinzaine de contrats et d’intentions de partenariats a vu une maigre moisson. Pourquoi ne pas mettre des garde-fous et ne se limiter qu’aux  projets qui feront relancer notre économie ?

On constate aisément que le gouvernement algérien tâtonne et qu’il ne dispose pas  d’une véritable stratégie et pourtant les orientations économiques sont bien claires. La priorité aux énergies renouvelables, la redynamisation des secteurs agro-industriels, l’investissement dans le numérique, le médicament, le raffinage et l’exportation des produits locaux pour drainer la devise et diminuer les importations, mais au rythme où on va, on en sera toujours dans vingt ans à se poser toujours la même question comment sortir du marasme et réussir la transition économique ?

L’indécence de Manuel Valls 

Il est tout de même curieux que tout le monde  se focalise sur la photo (passée en boucle) déprimante du président dont on sait qu’il est malade et que l’on ne s’interroge pas sur le comportement indécent du premier ministre français qui, à peine arrivé dans son fief, tweet la fameuse photo de la discorde, alors que ses déclarations hypocrites au sortir de son entretien avec ce dernier étaient élogieuses. Cette immaturité et cette désinvolture est déconcertante de la part d’un haut responsable censé représenter les intérêts de son pays. A moins qu’il ne  l’ait fait sciemment ayant été incapable de défendre le droit des journalistes français privés de visas, lors de la conférence de presse  tenue conjointement avec Sellal quant il fut interpellé sur cette affaire. Si c’est le cas, cela ressemblerait à une vengeance traitresse d’un enfant gâté qui a ruminé sa frustration  pour avoir  passé trois jours à Alger à distribuer des sourires de Juda. Un comportement indigne et dénué de diplomatie. Que voulait-il démontrer ? Voulait-il faire le buzz pour se faire mousser auprès de la presse française en prévision des élections présidentielles en 2017, lui dont on susurre qu’il cherche à coiffer le président François Hollande ? Difficile de dire ce qui a motivé une telle attitude de ce dirigeant qui aurait pu faire l’économie de sa provocation gratuite. Le peuple algérien n’a pas besoin qu’on remue le couteau dans sa blessure.

L’Algérie oui, le Maroc non !

Quand il s’agit de l’Algérie, l’hystérie s’empare de certains journalistes et de certains officiels français à la moindre contrariété. Ils  n’admettent  pas que l’ancien colonisé, les bousculent ou leur tient tête. Un complexe de supériorité qui a la dent dure. Cependant, ces derniers sont très tendres quand il s’agit du petit protégé de l’Ouest.  Jugeons-en : Les journalistes français ne sont pas à leur première déconvenue avec les pays du Maghreb. Un billet très à propos du journal  algérien l’Expression, rappelle dans son édition du 11 avril   que « l’équipe de journalistes de la chaîne Canal+ a été arrêtée puis expulsée du Maroc. L’équipe du Petit Journal, était partie au Maroc pour enquêter sur une agression homophobe qui s’était déroulée au Maroc. Elle a été arrêtée par la police lorsqu’elle a commencé à filmer des séquences sur le quartier. Les journalistes ont passé une douzaine d’heures, à la préfecture de la ville. Puis ils ont été finalement reconduits par la police à l’aéroport de Casablanca où ils ont passé la nuit sous surveillance avant d’être mis dans un vol en direction de Paris. Cet épisode de l’équipe du Grand Journal n’a été repris par aucun média français et encore moins par Le Monde. Seul le site de Canal + et deux sites people évoquent cette affaire, qui va au-delà d’un refus de visa qui a été soulevé par l’ensemble de la presse française et qui a mobilisé un Premier ministre et même un ministre des Affaires étrangères ! ». En poursuivant «  La ministre de la Culture et de la Communication Audrey Azoulay qui est la fille du conseiller du roi du Maroc a vite enterré l’affaire et a demandé de ne pas médiatiser cet incident, comme la presse française qui n’a jamais évoqué l’expulsion, le 6 avril, d’un collectif d’avocats et de juristes français, espagnols et belges, venus défendre la cause des détenus sahraouis condamnés dans le cadre du procès de Gdeim Izik de février 2013 (inculpés à l’époque par un tribunal militaire marocain pour «meurtres sur des membres des forces armées royales») ». Voilà des cas édifiants sur le traitement partial de l’information par la presse française. Par ailleurs, au lendemain du CIHN, on apprend que la firme Renault a effectué un investissent de 900 millions d’euros au Maroc. Alors que veut dire le partenariat d’exception avec lequel on nous bassine depuis des années ? De l’esbroufe, dans laquelle nos gouvernants sont complices. Nous ne voulons pas  avoir l’air de défendre le président Bouteflika ou son équipe gouvernemental qui a humilié la justice en accueillant avec les honneurs, en plus de l’onction de bénédiction des zaouïas, un Chakib Khellil déchu, accablé par les scandales de corruption et honni par la population mais ce ton condescendant qu’on tient, à chaque escarmouche des politiques, de l’autre rive est  révoltant. Il faut peut-être avant  de pousser des cris d’Orfraie, balayer d’abord devant sa porte. On aurait voulu voir le petit journal de Canal+ ou le Monde ou Libération ou le Figaro, critiquer juste un tout petit peu mais alors juste un peu, le Crif auquel fait allégeance Manuel Valls, chaque année à l’occasion de son dîner. Alors faire croire que la liberté de la presse en France est mieux lotie qu’en Algérie est un mensonge éhonté. On a bien vu du temps  du « règne » du président Sarkozy comment il avait maté certains grands titres qui se prévalent aujourd’hui de cette liberté et cette indépendance totale qu’ils n’ont jamais eu. Quand à France télévisions, l’épisode de l’humoriste décalé Dieudonné est l’exemple vivant de leur politique de deux poids, deux mesures. Le malheureux subit depuis des années un harcèlement sans précédent de la part des tribunaux Français, du boycott des médias et des milieux du showbiz car il a osé lors d’un sketch, caricaturer un colon israélien alors qu’il l’avait fait à maintes reprises s’agissant des arabes, des musulmans, des blacks et des asiatiques. Quant à Jésus avec lui, il en prend pour son grade. A part quelques voix encore intègres, on ne se bousculait pas au portillon pour s’indigner du sort de Dieudonné, du sociologue  Alain Soral ni de Thierry Meysson, un journaliste qui a battu en brèche la théorie des événements du 11 septembre et qui est devenu du jour au lendemain persona non grata. Il ya aussi d’autres intellectuels audacieux et libres-penseurs, interdits des antennes et des plateaux de l’Hexagone. Cette façon de donner des leçons  aux anciens colonisés est très mal venue. Il faut aussi blâmer notre gouvernement  qui accorde des privilèges à des partenaires ingrats (le coup de pouce pour des projets français, une clause tacite dans ce partenariat d’exception) .Manuel Valls nous l’a prouvé et avant lui Sarkozy qui n’hésite pas à charger l’Algérie dans ses multiples sorties médiatiques. Certains dirigeants français, versé dans l’apologie du sionisme, ont toujours un canif sur eux pour donner des coups lacérés dans le contrat avec les algériens. Alors la question qui se pose : Faut-il lâcher la France ? D’autres pays comme l’Allemagne, la Grande Bretagne ou certains pays de l’Est comme la Pologne ne désespèrent pas de travailler avec notre pays en offrant leur savoir-faire et leur technologie dans un rapport gagnant-gagnant. L’Algérie doit d’abord penser à ses intérêts comme le fait n’importe quel pays et il semble que notre intérêt est ailleurs qu’avec la France vu tous ces comportements désinvoltes et immatures qui nous rabaissent au ras des pâquerettes. A trop tirer sur la corde, elle finit par casser !

Fatma Haouari

 

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