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La Banque mondiale reconduit son président malgré un bilan contesté

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L’Américain Jim Yong Kim a été reconduit mardi à la tête de la Banque mondiale (BM), l’institution-phare du développement économique, grâce au soutien unanime des Etats-membres et malgré un bilan hautement contesté en interne.

La décision, annoncée par le conseil d’administration de la BM, met fin à un faux suspense: seul candidat à sa succession, M. Kim, 56 ans, était assuré de conserver les rênes de ce mastodonte qui finance des projets dans les pays pauvres et émergents pour assainir les eaux, développer les infrastructures ou désenclaver des territoires. « C’est avec humilité que j’ai l’honneur de servir cette grande institution pour un second mandat », a déclaré cet ancien médecin et président d’université qui avait été choisi il y a quatre ans, à la surprise générale, par l’administration Obama. Son second mandat débutera en juillet prochain.

L’arrivée en juillet 2012 de cet Américain d’origine sud-coréenne –qui avait manifesté contre les abus de la Banque mondiale quand il était étudiant– avait suscité un certain élan d’enthousiasme après le mandat sans saveur de Robert Zoellick, un des piliers de l’administration de George W. Bush. Kim a certes été applaudi pour sa mobilisation contre le virus Ebola et sur le réchauffement climatique et pour avoir assigné à la Banque mondiale un objectif d’éradication de l’extrême pauvreté d’ici 2030, tout en augmentant sa capacité de prêts.

Dans son communiqué, le conseil d’administration de la Banque, qui représente ses 189 Etats membres, salue d’ailleurs les objectifs « ambitieux » fixés par le « Dr Kim » et « plusieurs succès » à mettre à son crédit. Le dirigeant a toutefois dû affronter une grogne interne inédite alimentée par une réorganisation contestée et une controverse sur le versement de bonus à de hauts dirigeants en 2014. Son plan d’économies de 400 millions de dollars, accompagné de licenciements, a par ailleurs déstabilisé les quelque 15.000 salariés de cette institution qui a toujours été présidée par un Américain depuis sa création en 1945.

Début août, l’association des personnels de la BM avait d’ailleurs dénoncé une « crise de leadership » et plusieurs anciens cadres ont déploré dans une lettre ouverte l’absence d’une « stratégie claire » et appelé à un processus de sélection plus transparent et ouvert. Un appel à candidatures a bien été lancé fin août, mais il a été verrouillé par les Etats-Unis, premiers actionnaires de la BM, qui se sont empressés d’apporter leur soutien à un deuxième mandat du président sortant, décourageant ainsi toute candidature dissidente.

Kim, qui avait dû affronter la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala en 2012, s’était, de son côté, assuré le soutien des grands pays émergents et notamment de la Chine qui avait salué ses « impressionnants succès ». La perspective d’une possible élection du républicain Donald Trump à la Maison Blanche a par ailleurs pu inciter les principaux Etats membres à opter pour le statu quo avant l’élection américaine du 8 novembre.

Perpétuant une tradition immuable, les Etats-Unis ont su ainsi, sans mal, garder la tête de la BM, tandis que les Européens ont déjà conservé en juillet la direction du Fonds monétaire international (FMI) avec la Française Christine Lagarde, là aussi reconduite sans rival.

Dès mardi, M. Kim a en tout cas commencé à dessiner les priorités de son deuxième mandat. « Les défis à l’avenir restent importants, avec le changement climatique, les déplacements forcés de population et les épidémies qui menacent les progrès que nous avons accomplis pour améliorer la vie de milliards de personnes », a souligné M. Kim. Il faudra aussi que la Banque mondiale trouve de « nouveaux moyens » de financement, à un moment où les Etats membres voient leurs ressources se tarir. Une première voie a été dessinée la semaine dernière avec l’annonce que la branche de la Banque dédiée aux pays les plus pauvres lèverait bientôt de l’argent sur les marchés.

Tout en déplorant le processus de reconduction de M. Kim, l’association des personnels s’est récemment dite prête à faire contre fortune bon cœur. « Nous devons aller de l’avant et travailler de manière constructive avec le président (…) pour s’attaquer à nos urgents défis internes », indique un courrier daté du 19 septembre.

Source : AFP

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