Le Vietnam, un pays frontalier de la Chine ne compte jusqu’à aujourd’hui seulement 254 cas confirmés de coronavirus (covid-19) et zéro (0) décès. Comment expliquer cette exception?
En effet, Younes Aytar, jeune algérien, ingénieur d’état en architecture, établi depuis cinq ans aux Vietnam, a expliqué dans un entretien en direct sur Facebook avec le journaliste Mahrez Rabia, comment ce pays pourtant frontalier de la Chine où est apparue la pandémie du Covid-19 est quasiment épargné.
Selon le jeune algérien originaire d’Oran, l’exception faite par le Vietnam est due à plusieurs facteurs. Il rappelle d’abord que ce pays de l’Asie du Sud a été touché en 2003 par le SRAS, une maladie qui ressemble au coronavirus puisqu’elle touche les poumons. Younes Aytar souligne que le Vietnam a, depuis, développé un protocole de lutte contre ce genre de maladies.
Il explique que l’Etat et les citoyens ont mis en place une série de mesures qui ont permis de maîtriser la situation dès le début. « Le Vietnam a établi un protocole de contrôle de ses frontières dès le début. Le premier cas a été enregistré le 23 janvier quand un chinois venu de Wuhan est entré au Vietnam. A partir de là, deux à trois jours après, les frontières terrestres et aériennes avec la Chine ont été fermées. Une mesure qui s’est élargie par la suite pour tous les foyers qui apparaissaient plus au moins en Asie, notamment la Corée du Sud, le Japon, Hong Kong… Les gens qui provenaient de ces pays-là, étaient systématiquement contrôlés, mis en quarantaine pendant 14 jours », a-t-il expliqué.
Il a ajouté que le Vietnam a su freiner la propagation du Covid-19 en maintenant les enfants à la maison. « Pas d’école, pas d’université depuis le 23 janvier. On parle de plus au moins quatre mois et c’est assez incroyable de réaliser qu’il n’y pas d’études », a-t-il dit, soulignant que l’enseignement est dispensé via des plates-formes en ligne.
Younes Aytal relève que les autorités vietnamiennes ont atteint un suivi de la situation de presque « heure par heure ». Selon lui, entre le 23 janvier et le 6 mars, il y a eu seulement 16 cas au Vietnam. « En trois mois, il y a seulement 16 cas. Le 17ème cas c’était une défaillance humaine. Une ressortissante vietnamienne qui avait visité l’Europe dont Milan (Italie, ndlr), et qui ne l’a pas déclaré à la douane ».
Le jeune algérien explique qu’à partir de ce 17ème cas, les autorités vietnamiennes ont identifié 23 personnes de son entourage proche et 116 personnes dans un entourage plus large. « Les gens qui étaient avec elle dans l’avion, ceux qui l’avaient contrôlé à l’aéroport, et toutes ces personnes-là, ont pu être identifiées grâce à des techniques de tracking », a-t-il précisé.
Younes Aytal explique que la technique de tracking utilisée par le Vietnam consiste à installer une application sur le smartphone et de faire une déclaration de bonne santé et la personne précise qu’elle n’est pas sortie du pays durant les 14 derniers jours, elle n’a pas été en contact avec une personne infectée et, à partir de là, la personne autorise l’application à utiliser sa localisation GPS. « Quand il s’agit d’une personne contaminée, il va y avoir le suivi GPS mais aussi tous les téléphones qui étaient à proximité. On vous localise avec vos téléphones en fait », a précisé le jeune architecte algérien.
Comme en Algérie, avec le wilaya de Blida, épicentre de l’épidémie et mise en quarantaine, Younes Aytal note qu’au Vietnam, depuis fin février, une localité au nord de Hanoï, la capitale du pays, épicentre de la pandémie avec une concentration de 5 cas, a été mise en quarantaine et tous les accès de ce centre urbain de 12 000 habitants sont contrôlés par l’armée. Tous les produits qui entrent ou sortent de cette ville sont contrôlés, a-t-il expliqué, relevant que les masques sont obligatoires sur tout le territoire du Vietnam, une recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour ce qui est du confinement total, selon Younes Aytal, celui-ci est en vigueur depuis le 1er avril.