Il y a un an, jour pour jour, le 2 avril 2019, sous la pression de la rue, l’ex-président, Abdelaziz Bouteflika démissionnait après 20 ans de règne.
Le cinquième mandat qu’il voulait briguer, malgré son état de santé très dégradé, a déclenché le 22 février 2019, le Mouvement populaire « Hirak », qui a mis fin à l’ambition de Bouteflika et de son sérail de se maintenir au pouvoir et à la tête du pays qu’ils ont ruiné pendant deux décennies durant, à travers la corruption généralisée, la bureaucratie, le pillage des ressources du pays…etc.
Après la démission l’ex-président, les élections du 17 avril 2019 ont été annulées et quelques jours plus tard Abdelkader Bensalah, président du conseil de la nation, a été nommé chef d’Etat par intérim pour 90 jours conformément à la Constitution. Bensalah occupera cette fonction jusqu’à l’élection présidentielle forcée du 12 décembre de l’année écoulée malgré le boycott de la majorité du peuple engagé dans le Hirak. L’élection a vu Abdelmajid Tebboune être élu 8e président de la République algérienne avec 58% des voix exprimées par les 39% des votants. Le scrutin a été boudé par plus de 60% des algériens.
Bouteflika a entraîné dans sa chute plusieurs grosses têtes. Des hauts responsables de l’Etat, premiers ministres, ministres, walis, hommes d’affaires…etc. Parmi les figures qui sont tombées, on citera Saïd, le frère de l’ex-président, le général Mohamed Mediène dit « Toufik » et le général Athmane Tartag dit « Bachir », condamnés par le tribunal militaire de Blida à 15 ans de prison ferme pour complot contre l’Etat. On citera également les deux ex-premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal condamnés respectivement à 15 et 12 ans de prison.
Une année après la démission de Bouteflika, le Hirak est entré en « trêve » à cause de la pandémie du coronavirus qui frappe de plein fouet le monde entier. Pour la sécurité des populations, les marches hebdomadaires du mouvement populaire pacifique ont été suspendues.
Toutefois, malgré la trêve observée par le Hirak, le pouvoir s’acharne via son appareil judiciaire contre les activistes du mouvement populaire. En pleine épidémie, des activistes et des manifestants du Hirak continuent d’être convoqués et condamnés et ceux malgré les mesures prises par le ministère de la justice de réduire au maximum l’activité judiciaire au sein des établissements du secteur en raison du Covid-19. Cet acharnement sur les hirakistes et les opposants politiques est parfaitement illustré par le procès de Karim Tabbou qui s’est déroulé le 24 mars à la Cour d’Alger et le placement sous mandat de dépôt du journaliste Khaled Drareni.
Texte intégral de la lettre de démission de Bouteflika
« J’ai honneur de vous notifier formellement ma décision de mettre fin au mandat que j’accomplis en qualité de Président de la République, à partir de ce jour, mardi 26 Radjab 1440, correspondant au 02 avril 2019.
Cette décision que je prends en mon âme et conscience est destinée à contribuer à l’apaisement des cœurs et des esprits de mes compatriotes, pour leur permettre de projeter ensemble l’Algérie vers l’avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement.
Cette décision procède de mon souci d’éviter que les excès verbaux qui marquent malencontreusement l’actualité ne dégénèrent en dérapages potentiellement dangereux pour la protection des personnes et des biens qui relèvent des prérogatives essentielles de l’Etat.
Dans le même temps, cette décision se veut l’expression de ma foi en une Algérie fière et digne tenant son rang et assumant pleinement ses responsabilités dans le concert des nations.
Dans cette perspective, j’ai pris les mesures appropriées, dans l’exercice de mes prérogatives constitutionnelles, pour les besoins de la continuité de l’Etat et du fonctionnement normal de ses institutions durant la période de transition devant mener à l’élection du nouveau président de la République.
Dieu, Le Tout-Puissant, m’est Témoin des initiatives que j’ai prises, des actions que j’ai menées, des efforts que j’ai déployés et des sacrifices que j’ai consentis pour être à la hauteur de la confiance dont mes compatriotes m’ont honoré, oeuvrant sans relâche pour consolider les bases de l’unité nationale, de l’indépendance et du développement de notre cher pays ainsi que pour promouvoir la réconciliation avec nous-mêmes et avec notre identité et notre histoire.
Je souhaite tout le meilleur au Peuple algérien. »