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A un prix aussi bas, l’Algérie ne peut plus asseoir son économie sur les hydrocarbures

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Le pétrole et le gaz ne sauraient désormais suffire à eux seuls à satisfaire la demande sociale et assurer un minimum de développement et social à la nation.

A 23 dollars, le prix de vente du baril de pétrole ne couvre même la moitié de son coût de production et cela est également valable pour le gaz, vendu à environ 2,5 dollars le million de BTU alors qu’il revient à un peu plus de 3 dollars, à la Sonatrach.

La situation ne risque pas de s’améliorer sur le court terme tant les déterminants qui poussent au déclin des prix de l’énergie sont nombreux. La cause essentielle est évidemment l’excès de production de pétrole et de gaz dopée, comme on le sait, par la frénésie d’extraction d’hydrocarbures de schiste en Amérique du Nord et l’entrée en production de généreux gisements récemment découverts dans de nombreuses contrées du monde.

Dés l’année 2014 l’économie mondiale qui enregistrait son premier ralentissement avait déjà du mal à consommer ce que l’industrie pétrolière produisait à profusion depuis l’arrivée subite et massive des hydrocarbures non conventionnels américains. Les compagnies pétrolières ayant été depuis cette date autorisées à exporter la production pétrolière locale, une rude guerre des prix fut imposée aux producteurs de l’OPEP et à la Russie qui ne parvenaient à maintenir des niveaux de prix acceptables qu’au moyen d’ententes sur des réductions périodiques de  leurs productions. Cela était possible lorsque l’économie mondiale tournait à un rythme suffisant pour absorber une part significative des quantités de pétrole et de gaz mises sur le marché, ce qui n’est plus le cas depuis le subit arrêt de l’économie mondiale.

La pandémie qui a frappé les plus gros consommateurs d’énergie que sont la Chine, les Etats-Unis, l’Europe et l’Inde notamment a en effet complètement déréglé le rapport, somme toute équilibré, entre l’offre d’hydrocarbures et la demande en provenance des divers secteurs de l’économie. Les industries les plus gourmandes en énergie comme les transports terrestre et aériens furent subitement frappés de paralysie, entraînant du coup, un tout aussi subit arrêt des commandes en carburants. L’extraction de pétrole et la production de carburants n’ayant pas été stoppées durant cette période de forte contraction de la demande, les stocks d’hydrocarbures ont pris une ampleur considérable, au point où ils posent un sérieux problème de stockage pour les 10 à 20 millions de barils jour qui ne trouveront pas d’acheteurs du fait du déclin de la demande. Ces gigantesques stocks qu’on continue à alimenter constituent la garantie d’un prix bas du pétrole pour au minimum quelques mois, lorsque l’économie mondiale en fin débarrassée de la pandémie de coronavirus, reprendra sa croissance.

C’est évidemment une catastrophe pour les pays producteurs de pétrole qui ont bâti leur économie uniquement sur la rente pétrolière. Ils seront condamnés, non seulement, à vendre moins de quantités et à perte, mais aussi, à financer le stockage de leurs produits, voire même, pour ceux qui n’ont pas les infrastructures nécessaires, à en réaliser à grands frais. L’Algérie, comme tous les producteurs d’hydrocarbures,  ne peut effectivement pas arrêter l’activité des puits de pétrole et de gaz en production, ce qui pourrait la contraindre à construire de nouvelles cuves et autres moyens de stockage.

L’autre conséquence et non des moindres, sera sans aucun doute l’arrêt des investissements dans l’amont pétrolier, par nécessité économique et financière. Avec un baril de pétrole à 23 dollars et un gaz naturel à, à peine, 2,5 dollars, le million de BTU, il n’est effectivement pas rentable d’investir dans la recherche, l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures, d’autant plus qu’en Algérie ces activités sont réputées onéreuses.

Il en sera pareil pour le gaz et le pétrole de schiste sur lesquels le gouvernement algérien comptait pour compenser une production conventionnelle en net déclin et fortement accaparée par la consommation locale.  Extraire un baril de pétrole des schistes reviendrait au minimum à 35 dollars, selon certains experts.  Au prix actuel de 23 dollars (environ 10 dollars de 1980), l’aventure des hydrocarbures de schiste n’est donc guère intéressante à tenter. Et les compagnies américaines semblent le faire savoir en traînant le pas à investir dans ce domaine malgré la législation que les autorités algériennes leur ont taillée sur mesure.

La mauvaise passe dans laquelle se trouve l’industrie pétro-gazière algérienne interpelle, aujourd’hui plus que jamais, le gouvernement sur l’urgence de diversifier l’économie nationale, volontairement maintenue depuis des décennies en état d’extrême dépendance des hydrocarbures. La solution consiste en grande partie à libérer une bonne fois pour toute l’initiative privée. Le développement économique du pays se fera avec le privé ou ne se fera pas !

Le secteur public économique doit, quant à lui, impérativement recouvrer son indépendance en matière de gestion. Il doit coûte que coûte, s’affranchir des tutelles bureaucratiques qui tirent constamment ses performances vers le bas et l’asservissent à leurs seuls bénéfices.  Les acteurs économiques publics et privés compétents existent et disposent de moyens financiers qu’ils pourraient mettre au service du développement économique et social de la nation, pour peu qu’on leur accorde cette liberté d’entreprendre que les bureaucrates leurs refusent alors qu’elle expressément inscrite dans la constitution (art 37).

Sans liberté d’entreprendre et sans climat favorable aux affaires, aucun investisseur sérieux ne s’aventurera en Algérie sur le terrain de l’après pétrole. Il y a donc urgence à clarifier le droit des affaires et les pratiques administratives, si le gouvernement souhaite vraiment relancer l’économie algérienne sur de bonnes bases. A défaut l’Algérie sombrera dans d’inextricables difficultés économiques et financières aux conséquences incalculables.

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