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Au moment où des appels à « une trêve du Hirak » en mettant fin temporairement aux marches hebdomadaires, pour éviter toute propagation du coronavirus en Algérie, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement , Ammar Belhimer s’attaque au Hirak et accuse le mouvement populaire d’être « parasité par des courants politiques. »
C’est là une déclaration qu’on peut qualifier d’irresponsable, puisqu’elle va dans le sens contraire des appels au calme et à faire valoir la raison de personnalités impliquées dans le Hirak.
Une déclaration qui pourrait susciter la colère des millions de hirakistes qui sortent chaque vendredi et mardi à travers tout le pays depuis plus d’un an contre le système pour revendiquer un véritable changement en Algérie.
« On ne reconnait plus au fil du temps qui passe le mouvement d’origines. Un an après sa naissance favorisée par la tentative du passage en force du président déchu -alors incapable- pour un cinquième mandat destiné à préserver les intérêts mafieux d’une caste parasitaire aux commandes du pays, le néo-Hirak fait du surplace et s’installe dans l’impasse. A l’origine, mouvement transcourant et trangénérationnel, il a fini par être parasité par certains courants politiques qui l’ont rejoint pour mieux le faire dévier de sa vocation citoyenne, patriotique, démocratique et plurielle », a déclaré le ministre Belhimer dans un entretien accordé à l’agence officielle.
« Il est donc à craindre que le Hirak s’inscrive de plus en plus dans le prolongement de ces bouleversements préfabriqués qui, au demeurant, révèlent chaque jour davantage leur caractère contre-révolutionnaire », a-t-il dit, accusant « des ONG qui ont pignon sur rue à Genève ou à Londres, des résidus irréductibles de l’ex-FIS et des revanchards mafieux de l’ancien système travaillent d’arrache-pied, y compris par derrière les barreaux ou à partir de leurs retraites dorées (forcées ou choisies), pour propager les mots d’ordre de désobéissance civile, de troubles et de recours à la violence ».
Selon lui, « l’accumulation effrénée de ressources financières et le positionnement de leurs relais dans tous les appareils d’Etat et à tous les niveaux de décision, leur confère naturellement une force de frappe qui n’a pas encore été totalement contenue » et par conséquent, « ils escomptent un retour aux affaires et aux commandes à l’aide de marches quotidiennes là où elles peuvent être tenues, appuyant des mots d’ordre hostiles à l’institution militaire et aux services de sécurité. Ce qui est en fait visé ce sont les institutions, l’ordre public, la stabilité et la souveraineté nationale ».
A propos de l’évolution de la situation politique et sociale depuis février 2019, Belhimer a indiqué que « bien avant l’irruption du coronavirus comme risque anthropique majeur pour le pays et pour le reste du monde, le Hirak perdait au fil des semaines son caractère de mouvement populaire, historique car inédit, spontané et surtout rassembleur à grande échelle », ajoutant que « sa grande dimension, sa masse critique, son amplitude, sa récurrence et sa résilience lui ont permis de traverser l’ensemble de la société algérienne au-delà même des classes sociales, des ancrages idéologiques, des sensibilités politiques, de l’appartenance identitaire et du sentiment religieux ». (…)
Le ministre craint que « ce qui se profile dangereusement derrière un mouvement qui a porté la cause juste d’un changement démocratique grâce à sa formidable discipline et son caractère non-violent, c’est la quête d’une nouvelle hégémonie coloniale ». (…)
Belhimer a ajouté que « tout indique que l’issue ne sera pas forcément celle que l’on escompte, et que dans ce scénario, le danger n’est pas toujours là où il est annoncé ou attendu ».
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