L’épidémie de coronavirus a provoqué lundi un nouvel effondrement des marchés boursiers de Hong Kong à Londres et aggravé les menaces sur les économies européennes, inquiètes de voir le virus, qui paralyse déjà une partie de l’Italie et de la Chine, continuer de se propager à travers le monde.
La Bourse de Hong Kong a clôturé sur un plongeon de plus de 4%, à l’unisson des grandes places asiatiques, dans des marchés affolés par l’accélération de l’épidémie et le décrochage des prix du pétrole.
En Europe, la Bourse de Londres s’est effondrée de plus de 8% à l’ouverture, celle de Paris perdant 5,7%, Francfort 7,4% et Madrid près de 7%. Milan, située dans la région d’Italie la plus frappée et où des mesures drastiques de confinement ont été prises, a dévissé d’un peu plus de 8%, après d’autres séances de lourdes pertes.
En France l’impact sur l’économie devrait être de plusieurs dixièmes de points de PIB, selon le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Le gouvernement allemand a annoncé de son côté un paquet de mesures destinées à contrer l’impact économique de l’épidémie.
La Banque centrale européenne pourrait déployer jeudi un éventail de mesures de soutien dans la zone euro, inédites pour certaines.
Depuis l’apparition du nouveau coronavirus en décembre dernier, 109.946 cas d’infection ont été recensés dans 99 pays et territoires, causant la mort de 3.819 personnes, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles lundi à 9h00 GMT.
On décompte près d’un millier de nouvelles contaminations et 27 nouveaux décès depuis la veille à 17h00 GMT
Si la Chine semble sortir de l’ornière avec seulement 22 décès en 24 heures –portant le total à 3.119 morts depuis décembre– et un nombre quotidien de contaminations (40) au plus bas depuis le début du décompte en janvier, les autres pays ont vu le nombre de morts et de cas bondir sur leur territoire et multiplient par conséquent les mesures pour tenter d’endiguer la maladie.
L’Italie, désormais pays le plus touché après la Chine avec 366 décès et 7.375 cas positifs, a placé dimanche un quart de sa population en quarantaine, une mesure inédite en Europe. Les mesures de confinement jusqu’au 3 avril couvrent une vaste zone dans le Nord du pays allant de Milan, la capitale économique, à Venise, haut lieu du tourisme mondial. Les déplacements y sont strictement limités.
La province chinoise du Hubei, où l’épidémie a démarré en décembre avait pris des dispositions similaires, plaçant notamment 56 millions d’habitants en quarantaine. De plus, les musées, salles de sport, piscines, discothèques, salles de jeux et bars doivent rester fermés dans toute l’Italie, selon le décret signé dans la nuit de samedi à dimanche par le chef du gouvernement Giuseppe Conte.
Des mutineries ayant fait au moins un mort ont éclaté dimanche dans quatre prisons italiennes après la suspension des visites familiales.
La Corée du Sud, troisième pays le plus touché, a annoncé lundi son plus faible nombre quotidien de nouvelles contaminations (248) en deux semaines, ce qui porte le total à 7.382. Elle déplore 51 décès.
L’Egypte a annoncé dimanche son premier décès, également le premier sur le continent africain: il s’agit d’un Allemand de 60 ans. Par ailleurs, un bateau de croisière avec 171 passagers dont 101 touristes étrangers, a été évacué à Louxor (sud) après la découverte de 45 cas.
La France a interdit les rassemblements de plus de 1.000 personnes. Cinquième pays le plus touché, l’épidémie y a fait 19 morts et plus de 1.100 personnes sont contaminées.
En Allemagne, où le gouvernement a également appelé à interdire les rassemblements de plus de mille personnes, le seuil du millier de cas recensés a été dépassé lundi.
L’Iran a annoncé 49 nouveaux décès, la plus forte hausse quotidienne depuis ses premiers cas le 19 février. La compagnie publique Iran Air a suspendu tous ses vols vers l’Europe.
Le bilan s’est aussi alourdi aux Etats-Unis avec 21 morts et plus de 500 cas de contamination. Plusieurs Etats, sur la trentaine affectés, ont déclenché l’état d’urgence pour débloquer des ressources fédérales.
Le navire de croisière Grand Princess, bloqué au large de San Francisco avec 21 cas parmi les milliers de passagers et membres d’équipage, va pouvoir accoster lundi à Oakland (Californie). Le Canada a fait savoir dimanche soir qu’il rapatrierait par avion, à la demande des Etats-Unis, ses 237 ressortissants à bord. Par ailleurs, le sénateur du Texas et ancien candidat à la présidentielle de 2016 Ted Cruz a annoncé dimanche soir sa mise en quarantaine volontaire. Il a serré la main d’une personne porteuse du virus lors du récent grand rendez-vous annuel des conservateurs, auquel ont également participé le président Donald Trump et le vice-président Mike Pence.
Les annulations d’événements sportifs continuent de s’enchaîner. Dernière en date: le tournoi de tennis d’Indian Wells, un des plus importants des circuits ATP et WTA qui devait débuter lundi en Californie. A contrario, le complexe Shanghai Disneyland a partiellement rouvert lundi. Autre signe du recul de la maladie en Chine, à Wuhan, la ville de loin la plus contaminée du pays, 14 des 16 hôpitaux de campagne ouverts ont déjà été fermés, a rapporté l’agence Chine nouvelle.
Afp