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Raffinerie d’Augusta : Le montant de l’acquisition « surpayé ! »

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La revue spécialisée Petrostrategies est revenue dans son dernier numéro sur l’acquisition par Sonatrach de la raffinerie d’Augusta qui appartenait à la filiale italienne d’ExxonMobil.

La revue, reprise par El Watan de ce dimanche 26 janvier, évoque une « gestion hasardeuse » et un montant « très surpayé » pour le rachat de la raffinerie algérienne en Sicile.

Pour rappel, la raffinerie d’Augusta a été acquise fin 2018 du temps de l’ex-PDG de Sonatrach Abdelmoumen Ould Kaddour.

« S’il est un dossier emblématique de la gestion hasardeuse – pour ne pas dire plus – que le secteur des hydrocarbures a subie ces dernières années en Algérie, c’est bien celui de l’achat de la raffinerie d’ExxonMobil à Augusta, en Italie, par Sonatrach », estime la revue qui rappelle le contexte du rachat fin 2018 de la raffinerie par Sonatrach et qui avait suscité des critiques et de l’opposition.

« ExxonMobil avait en vain cherché un acheteur depuis 2015 »

Petrostrategies note que les italiens s’étaient « étonnés » de la « précipitation » de Sonatrach à acquérir « une usine pour laquelle ExxonMobil avait en vain cherché un acheteur depuis 2015 ». La même source précise qu’en Sicile, où se trouve la raffinerie, « on évoquait, entre autres, la vétusté des installations, le caractère déficitaire de l’usine et les sommes importantes qui devaient être engagées pour la rendre conforme aux normes environnementales ».

La revue, dirigée par Pierre Terzian, rappelle également qu' »à Alger, la presse criait au « scandale » et à « l’arnaque », alors que le PDG de Sonatrach, au contraire, vantait le « prix extraordinaire » auquel l’acquisition était faite. En secret, les initiés la critiquaient sévèrement et exhortaient le gouvernement à ne pas l’approuver. La transaction est cependant allée jusqu’au bout ».

Petrostrategies a fait part de « son étonnement des logiques » qui ont présidé à cette opération : celle « des montants en jeu », celle de « la pertinence industrielle » et celle de « la cohésion de l’opération avec la politique que Sonatrach suivait en matière de raffinage ».

Le montant de l’acquisition « paraît très surpayé »

Pour ce qui est du prix, la revue spécialisée juge que le montant déboursé pour l’acquisition de cette raffinerie « vieille de sept décennies » est proche de « 725 millions de dollars, semble-t-il, ce qui paraît très surpayé ».

« A cela s’ajoutent des engagements à honorer des dépenses immédiates de mise en conformité avec les normes environnementales (décontamination des sols), ainsi qu’une question de prise en compte de stocks de produits qui n’appartenaient déjà plus à la raffinerie. Au total, un coût réel qui dépasserait très largement 1 milliard de dollars. Sans compter les investissements de conformité environnementale à venir et les pertes d’exploitation. Car l’usine achetée est  »structurellement déficitaire », selon les experts. Ce qui explique pourquoi, depuis son acquisition, Augusta n’est maintenue à flot que moyennant des apports de fonds de Sonatrach, sans perspective de rétablissement des comptes », explique Petrostrategies.

La même source note aussi que Sonatrach a même dû recourir à des prêts de 250 millions de dollars auprès d’Apicorp pour la « maintenance » de l’usine et pour l’approvisionnement en brut saoudien nécessaire à son opération.

« Augusta était conçue pour des bruts de densités moyennes et lourdes et non pour du brut léger produit l’Algérie »

Petrostrategies a aussi critiqué « la logique industrielle » de cette acquisition, rappelant que pour justifier cette opération, à l’époque, les dirigeants de Sonatrach avaient mis en avant le fait que le pays importait 3 Mt/an de produits raffinés et que l’usine en question allait suppléer à ce déficit en traitant du brut algérien.

« En somme, une opération de façonnage de brut à l’étranger, mais qui était réglée au moyen d’un investissement très lourd. Le problème, c’est qu’Augusta était conçue pour des bruts de densités moyennes et lourdes et non pour du brut léger de la catégorie de ceux que produit l’Algérie. Il faut donc acheter ces bruts auprès de tiers, car on ne peut pas façonner du pétrole algérien dans cette usine. Une situation aggravée par le fait que Sonatrach s’est engagée auprès d’ExxonMobil à ce que l’usine d’Augusta lui fournisse un volume donné de lubrifiants pendant dix ans. En clair, le nouvel opérateur n’est pas libre de caler le fonctionnement des installations de l’usine sur ses besoins propres ou ceux du marché ; le calage doit être celui qu’exige le respect de cet engagement décennal », relève la revue.

« Que va faire Sonatrach d’Augusta quand l’Algérie n’aura plus besoin d’importer des carburants ? »

Critiquant la « logique politique » de l’opération, Petrostrategies rappelle qu' »au moment où Sonatrach négociait cette acquisition, elle avait déjà réalisé un programme de rénovation de ses raffineries existantes et projetait la construction d’une nouvelle raffinerie. Elle savait donc que ses besoins d’importation de produits allaient diminuer, puis disparaître (…) ».

La revue s’est également interrogée sur la raison qui a poussé Sonatrach et son actionnaire, l’Etat, à s’engager dans un investissement « perdant », alors qu' »ils auraient pu pallier le déficit en important des produits et/ou en façonnant du brut à l’étranger ».

« Ce façonnage leur aurait coûté quelque 15 dollars/tonne et le transport A/R environ 12 à 13 dollars/tonne, soit au total 90 millions dollars par an au début, qui devait diminuer avec le temps pour disparaître en 2024. Calculée très grossièrement, une dépense de façonnage maximale de quelque 400 à 500 millions dollars sur la période 2019-2024, soit moins de la moitié des coûts d’acquisition auxquels s’ajoutent les pertes d’exploitation annuelles récurrentes », estime la même source.

Petrostrategies conclut en s’interrogeant sur le sort de la raffinerie une fois l’Algérie est  autosuffisante en carburants : « Que va faire Sonatrach d’Augusta quand l’Algérie n’aura plus besoin d’importer des carburants ? La vendre sera quasi impossible (à moins de la brader), alors que garder cet outil (déficitaire) sur un marché international où la demande de produits diminue tendanciellement n’aura aucun sens économique ».

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