La production nationale de miel a presque doublé au cours des dix dernières années (+85%), pour atteindre 74.420 quintaux/an actuellement, alors que la consommation par habitant n’excède pas les 176 grammes/an, selon les données du département apicole de l’Institut technique des élevages (ITELV), rapportées par l’agence officielle.
Ce chiffre n’est cependant pas exhaustif car il y a aussi des volumes produits et commercialisés par des réseaux informels, fait remarquer Mme Ghania Zitouni, responsable de la filière apicole au niveau de l’ITELV citée par la même source.
A ce jour, le pays compte 51.539 apiculteurs déclarés et 1,6 millions de colonies apicoles réparties à travers les régions du Nord, au niveau des montagnes, des steppes mais aussi dans les régions du sud, affirme la même source qui s’est référée aux derniers chiffres du ministère de l’Agriculture et du développement rural.
Elle assure, par ailleurs, que les potentialités de l’Algérie pour développer la filière sont énormes.
« Il reste encore des régions mellifères à identifier », souligne-t-elle en citant les forêts avec une superficie de 4.082. 455 d’hectare, les prairies naturelles qui s’étendent sur 47.556 hectares, ainsi que les 934.984 hectares de plantations fruitières dont les agrumes (60.579 ha), les espèces à noyaux et/ou pépins (231.917 ha) et les cultures maraîchères (501.869 ha).
Pas moins de 13 variétés de miel sont produites en Algérie
Différentes variétés de miel sont produites en Algérie, ajout-elle en énumérant pas moins de 13 recensées par le ministère de l’Agriculture (miel d’agrumes, d’eucalyptus, de romarin, de lavande, de jujubier, d’euphorbe, d’arbousier, de la carotte sauvage, de romarin, de thym, d’origan, de peganum (harmel), de caroubier, de chardon en plus du miel de toutes les fleurs du printemps).
Malgré la progression de l’apiculture enregistrée durant cette dernière décennie, les acteurs de la filière alertent sur les problèmes climatiques et environnementaux qui menacent la production et le cheptel des abeilles.
C’est le cas d’Ahmed Lamour, un apiculteur de Constantine, qui évoque les conditions météorologiques qui affectent les végétations privant, du coup, les abeilles de nourriture.
Il déplore également l’usage des pesticides, incriminés dans la hausse importante de la mortalité des abeilles, « laquelle est passée de 6% auparavant à plus de 30 % actuellement », selon son propre constat
A ce sujet, la responsable de la filière apicole à l’ITELV déclare ignorer l’ampleur de ce phénomène en Algérie et recommande de mener une enquête auprès des apiculteurs pour évaluer la situation.
Elle estime, cependant, que ce phénomène mondial, du à plusieurs facteurs, notamment le changement climatique, l’usage des pesticides et les pathologies apicoles, devrait interpeller tous les acteurs de la filière pour sauver la population des abeilles.
« Les services spécialisés doivent interdire les traitements phytosanitaires anarchiques. Ils doivent également informer les apiculteurs lors de l’application des traitements en pleine floraison sur leur impact en les incitant à utiliser des traitements non nocifs aux abeilles », recommande Mme Zitouni.