La crise que subit le secteur de la petite et moyenne entreprise est perceptible, aussi bien, à travers les difficultés‚ qu’éprouvent les 650.000 unités en activité à se maintenir en vie, que dans celles que subissent les 40 à 50.000 nouvelles sociétés qui naissent chaque année.
La démographie des sociétés algériennes est en effet caractérisée par une très forte mortalité que l’Office National des Statistiques avait estimée à environ 40.000 en 2011, année qui offre toutefois la particularité d’être une des plus prolifiques en matières de création d’entreprises.
Le dispositif d’aide à l’emploi des jeunes (Ansej) qui avait dépensé à cet effet pas moins de 12O milliards de dinars est, en grande partie, à l’origine de ce « boum » sans précédent qui durera jusqu’à fin de l’année 2014.
Les pouvoirs publics n’ayant pris aucune décision forte de nature à améliorer la principale cause de mortalité qu’est le climat des affaires, la « casse » s’est poursuivie tout au long de ces quatre dernières années durant lesquelles furent enregistrées annuellement, entre 35 et 35.000 morts prématurées d’entreprises, parmi lesquelles figurent de très nombreuses TPE.
Eu égard aux difficultés de tous ordres qu’elles doivent surmonter au quotidien, le souci des entreprises algériennes, ne consiste plus comme par le passé à grandir en réalisant de la croissance, mais seulement, à survivre en attendant une hypothétique amélioration de l’environnement des affaires.
Le sort des entreprises qui activent en Algérie est en effet fortement dépendant d’un faisceau d’actions à caractère législatif et réglementaire que seul l’État est habilité à prendre en leur faveur. Mais il aurait fallu pour ce faire une forte volonté politique qui a, malheureusement, constamment fait défaut.
S’il est vrai que les pouvoirs publics ont pris bon nombre d’initiatives destinées à faciliter la création de PME (le nombre de procédures de création d’entreprises a été réduit, le poids de la fiscalité est moins lourd et les mesures incitatives plus nombreuses), il n’en demeure pas moins que sur le terrain, la bureaucratie continue à torpiller toutes velléités de changements en faveur des entreprises. L’octroi de terrains à usages industriels, la délivrance de permis de construire, les branchements à l’électricité, au gaz et à l’eau continuent à prendre beaucoup de temps. La levée de crédits bancaires et autres commodités indispensables à la survie d’une entreprise nouvellement créée (connexion internet, mises à niveau des procès de production etc.) continuent à relever du parcours du combattant, notamment, lorsque l’unité est implantée à l’intérieur du pays.
La bureaucratie s’avérera d’autant plus tatillonne que le secteur des PMI et PME est très fortement dominée par les opérateurs privés, envers lesquels l’administration publique continue à manifester une certaine hostilité. L’État qui n’est économiquement présent qu’à travers deux mille entreprises publiques économiques maintenues artificiellement en vie à coups de ruineux assainissements financiers, a pourtant tout intérêt à concentrer ses efforts sur le secteur privé qui a, au moins, le mérite de réaliser un minimum de valeur ajoutée, contrairement au secteur public qui ruine les finances publiques et coûte à notre économie au minimum 2 point de PIB chaque année.
Dans cette ambiance peu favorable à la démographie des entreprises, seules quelques très rares PME bien capitalisées, mais aussi et surtout, bien managées parviennent à tirer leur épingle du jeu de ces défaillances multiformes. La faible espérance de vie de nos PME s’explique en grande partie par cet environnement des affaires délétère, que les pouvoirs publics ne parviennent malheureusement pas à améliorer en dépit des déclarations d’intentions souvent réitérées.
Mais Quelles soient publiques ou privées, force est de constater que ce sont surtout les PME, et notamment les plus petites d’entre elles (les TPE) qui ont payé le plus lourd tribut à ce mauvais environnement des affaires en raison, notamment, de leur fragilité patrimoniale, de l’archaïsme de leur gestion et de leur impréparation à la compétition. Autant de facteurs qui ont influé sur la mise en faillite ou le changement d’activité forcé, de milliers d’entre elles.
Parce qu’elles ont investi des segments de marché saturés et, de surcroît, fortement concurrencés par l’informel et la contrebande, un nombre important de PME ont dû ainsi se résoudre à changer d’activité pour ne pas être ruinées. Le drame de ces reconversions consiste malheureusement en la transformation forcées d’activités industrielles utiles au pays, en activités de « Bazar »consistant à importer des produits finis destinés à être revendus en l’état.
Pour toutes les raisons que nous avons évoquées, créer des entreprises, mais aussi et surtout, les garder le plus longtemps possible en vie, constitue aujourd’hui encore une véritable gageure. C’est pourtant sur ces entreprises auxquelles on mène la vie dure que l’on compte pour créer de la richesse et les emplois qui font cruellement défaut au pays.