Donald Trump appuie sur le bouton « réinitialiser ». Pour enrayer sa chute dans les sondages, le candidat républicain à la Maison Blanche a déplacé lundi le débat sur l’économie en proposant des mesures chocs, dans un domaine où il estime Hillary Clinton vulnérable.
Lors d’un discours au club économique de Detroit, capitale de l’industrie automobile américaine, l’homme d’affaires a proposé un moratoire sur toute nouvelle réglementation et une baisse généralisée des impôts, dépeignant les huit années de la présidence de Barack Obama comme un poids sur les entrepreneurs.
« La ville de Detroit est l’exemple vivant de l’échec de la politique économique de mon adversaire », a-t-il déclaré, dans cette cité industrielle qui a perdu le tiers de sa population depuis les années 1990.
Son discours, lu sur un prompteur et plus détaillé que ses allocutions habituelles, a été interrompu à de nombreuses reprises par des manifestants.
« Elle est la candidate du passé. Nous sommes l’avenir », a-t-il dit d’Hillary Clinton, présentée comme l’héritière de l’ère Obama.
Rompant avec l’orthodoxie républicaine, le milliardaire populiste a promis de réinvestir dans les infrastructures et a renouvelé sa dénonciation des traités de libre-échange, dénonçant le partenariat trans-pacifique signé par Barack Obama et actuellement bloqué au Congrès.
« Hillary Clinton a soutenu les accords commerciaux qui ont fait perdre à cette ville et à ce pays leurs emplois et leurs richesses », a accusé Donald Trump, citant le traité signé par Bill Clinton en 1993 avec le Mexique et le Canada, l’Aléna, qu’il promet de renégocier. « Si nous n’en améliorons pas les termes, nous nous retirerons », a-t-il menacé.
Une autre proposition populaire, élaborée selon lui avec sa fille Ivanka, est de rendre fiscalement déductible la totalité des frais de garde d’enfants, ce qui profiterait principalement aux ménages les plus aisés.
« Je propose une réduction générale de l’impôt sur le revenu, surtout pour les Américains de la classe moyenne », a-t-il déclaré. « Cela créera des millions d’emplois ».
En septembre dernier, Donald Trump avait proposé de réduire de sept à quatre le nombre de tranches du barème de l’impôt sur le revenu. Lundi, il a proposé trois tranches de 12, 25 et 33%, contre un taux maximal de 39,6% aujourd’hui. Et il est favorable à une réduction de l’impôt sur les sociétés d’un taux de 35 à 15%.
Son programme économique inclut aussi des revendications conservatrices comme la suppression de l’impôt sur les successions, baptisé « impôt sur la mort », et la déréglementation du secteur de l’énergie. « Nous remettrons nos ouvriers du charbon et de l’acier au travail », a-t-il promis.
Le candidat républicain tente de tourner la page après une dizaine de jours de polémiques continues: sur la Russie, avec les parents d’un militaire américain musulman mort au combat, et avec plusieurs ténors de son parti.
Hillary Clinton, dopée par sa convention d’investiture, a pris le large dans les sondages. Elle recueille en moyenne 47,5% des intentions de vote contre 40,5% pour l’homme d’affaires.
Mais Donald Trump a passé la vitesse supérieure en termes de récoltes de fonds. Il disposait de 37 millions de dollars de trésorerie au début du mois d’août, contre 58 millions pour Hillary Clinton. Le projet économique du milliardaire est critiqué par plusieurs économistes car il reste flou sur le financement de sa gigantesque baisse d’impôts, se contentant d’affirmer que celle-ci doperait la croissance. Le Tax Policy Center a estimé en décembre qu’il creuserait fortement les déficits.
Les démocrates dénoncent des baisses d’impôts qui profiteraient surtout aux foyers les plus aisés, alors qu’Hillary Clinton veut augmenter les impôts seulement sur les très hauts revenus.
L’économie reste l’une des préoccupations majeures des électeurs et, sur ce terrain, ils font confiance dans des proportions équivalentes à chacun des deux candidats, selon un sondage Washington Post paru dimanche. Mais Donald Trump recueille la confiance de 58% des Blancs, contre 37% pour Hillary Clinton. C’est cet électorat, principalement les hommes blancs avec peu ou pas de qualifications, que la démocrate tente de rapatrier dans son camp.
Elle a sillonné la semaine dernière la « rust belt », littéralement « la ceinture de la rouille », épicentre de la désindustrialisation dans la Pennsylvanie et l’Ohio. Et elle décrira jeudi dans le Michigan son propre projet de relance des investissements publics.
Source : AFP