Ils ont été des milliers à se diriger vers la capitale vendredi passé. Des citoyens venus des quatre coins du pays, pour une célébration sans précédent du déclenchement de la révolution algérienne, le 1er novembre 1954. Un seul objectif, édifier un pont entre les deux révolutions.
Les images relayés par les réseaux sociaux sont éloquentes, et font montre d’une détermination sans faille de la protestation populaire du 22 février, à rappeler la quintessence de la grande révolution de l’Algérie, celle qui a permis à un peuple opprimé par les affres de l’injustice et de la barbarie du colonisateur de se libérer au prix de sacrifices inestimables, et permettre aux générations futures de vivre dans la dignité.
C’est précisément de cela qu’il s’agit aujourd’hui. La rencontre de ses deux événements historiques témoigne, si besoin est, d’une similitude indéniable qui prend tout son sens, dans la souffrance d’un peuple qui, dès l’indépendance, s’est vu spolier son droit le plus absolu à décider seul de son destin. Il faut dire que 65 ans après ce point de jonction vient rétablir une justice et démontrer qu’il s’agit du même peuple, celui qui n’acceptera jamais de troquer son identité et son histoire pour quelques pseudo-libertés maquillées par un appétit vorace, qui durant des décennies n’a fait que grandir au point où, trop visibles et sans scrupules, ces ogres de l’ancien régime ont fini par éclater leurs panses et dévoiler au grand jour leurs atrocités, qui au bout du compte leur ont valu une déchéance et une chute des plus chaotiques.
Une majorité silencieuse favorable à la tenue du scrutin ?
Si la symbolique est très forte, il n’en demeure pas moins que la situation sociopolitique est inédite. C’est l’heure de vérité. Pour les observateurs, ce vendredi 1er novembre que le Hirak a mis sur la balance le vrai poids, mesure et intensité de son existence sur la scène politique. Et pour cause, depuis le début de la contestation populaire, la supputation et le flou installés sur l’homogénéité du Hirak et l’entendue de sa représentativité n’ont cessé d’alimenter les commentaires et les écrits.
Certaines voix se sont élevées, pour soutenir l’idée que la contestation populaire ne représentait pas tout le peuple, et faisait état d’une majorité silencieuse qui serait à l’origine des conclusions du dialogue menée par l’équipe de Karim Younes, indiquant une forte volonté du peuple à opter pour des élections présidentielles dans les plus brefs délais. D’autant plus que le lancement du processus électoral est venu conforter cette option et en a fait sa base. Alors que dans la rue, la contestation n’a pas fléchi et refuse des élections avec les symboliques du régime despote de Bouteflika.
Les premières heures de la matinée du 1er novembre n’ont fait que prolonger l’engouement qui s’est déclenché la veille, et dont les rangs n’ont cessé de grossir jusqu’à donner l’image d’une mobilisation imposante et sans précédent. En toute particularité, la symbolique est forte, et pour cause, la chaleur patriotique qui a caractérise les marches de vendredi dernier se ressent encore quelques jours après, et au rythme où vont les choses elle ne peut que s’amplifier.
Ainsi, devant l’émergence de 22 candidats à ce rendez vous électoral, attestant avoir réuni l’aval des citoyens pour les représenter aux prochaines élections, se dresse l’importance de l’enjeu que représente cette échéance électorale. Toutefois subsiste une grande interrogation sur l’issue de ce bras de fer entre le Hirak et le pouvoir en place, qui des deux parties arrivera à imposer sa politique ?