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Colère et heurts à Barcelone après la condamnation des indépendantistes catalans

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Des milliers d’indépendantistes catalans en colère sont descendus dans les rues lundi et ont tenté de paralyser l’aéroport de Barcelone, après la condamnation de neuf de leurs dirigeants à des peines de prison pour la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.

Dès l’annonce des peines allant de 9 à 13 ans de prison, des rassemblements spontanés ont eu lieu dans la métropole catalane avant que les militants ne rejoignent, à l’appel d’un mouvement anonyme baptisé « Tsunami démocratique », l’aéroport pour le bloquer.

La police anti-émeutes a chargé à plusieurs reprises des centaines de militants tentant de pénétrer dans le terminal et jetant pierres et poubelles, a constaté l’AFP.

La police a arrêté un manifestant, et 75 personnes ont été blessées, selon les services d’urgence de l’aéroport, qui n’ont pas précisé la gravité de ces blessures.

110 vols ont été annulés, selon le gestionnaire aéroportuaire Aena, tandis que des voyageurs ont été contraints de quitter leurs véhicules sur l’autoroute pour rejoindre le terminal à pied avec leurs valises.

A travers la région, dont le gouvernement est toujours contrôlé par les indépendantistes, des militants ont coupé des routes et des voies de chemin de fer.

Dans la soirée, des milliers de militants se sont rassemblés dans le centre de Barcelone pour une manifestation prévue depuis plusieurs jours, criant « les rues seront toujours à nous ». Des échauffourées ont opposé manifestants et forces de l’ordre près du siège de la police, a constaté l’AFP. « S’ils ne veulent pas nous entendre lorsque nous faisons de la politique, qu’ils nous entendent dans la rue », a déclaré Mireia Sintes, étudiante de 26 ans.

Sur twitter, le « Tsunami démocratique », a annoncé de nouvelles actions pour mardi. Des marches sont prévues à travers la région à partir de mercredi avant une grève générale convoquée pour vendredi.

Le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez avait envoyé ces derniers jours des renforts policiers et prévenu qu’il n’hésiterait pas à prendre des mesures extraordinaires pour garantir la sécurité, y compris à suspendre l’autonomie de la région, comme en octobre 2017 après la tentative de sécession.

Dans une région que le séparatisme maintient en ébullition depuis près de dix ans, ces condamnations relancent des tensions qui vont dominer les élections législatives du 10 novembre, les quatrièmes en quatre ans.

L’ancien vice-président régional catalan Oriol Junqueras s’est vu infliger la plus lourde peine avec 13 ans de prison pour sédition et détournement de fonds publics.

Des peines de neuf à 12 de prison pour sédition, et détournements dans certains cas, ont frappé par ailleurs l’ancienne présidente du parlement catalan Carme Forcadell (11 ans et demi), les dirigeants des puissantes associations indépendantistes ANC et Omnium Cultural, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart (9 ans) et cinq anciens ministres régionaux (entre 10 ans et demi et 12 ans).

Les juges ont écarté le chef d’accusation plus grave de rébellion invoqué par le parquet qui avait requis jusqu’à 25 ans de prison pour Oriol Junqueras.

Trois autres anciens membres du gouvernement catalan, qui étaient en liberté conditionnelle, ont eux été condamnés à des amendes de quelque 60.000 euros chacun pour désobéissance. « Je ressens de la rage, de l’impuissance. Ils sont condamnés pour une idéologie qui est la mienne », a lancé Joan Guich, un étudiant de 19 ans manifestant à Barcelone.

Ces douze indépendantistes étaient jugés pour avoir organisé le 1er octobre 2017, en dépit de l’interdiction de la justice, un référendum d’autodétermination, émaillé de violences policières, suivi de la proclamation le 27 du même mois d’une vaine déclaration d’indépendance par le parlement catalan.

Cette tentative de sécession avait été la pire crise politique qu’ait connue le pays depuis la fin de la dictature franquiste en 1975. « Ce n’est pas la justice, c’est une vengeance », ont dénoncé, dans un communiqué commun, les neuf indépendantistes condamnés. « Nous reviendrons encore plus forts (…) et nous gagnerons », avait réagi plus tôt Oriol Junqueras, principal accusé du procès, en l’absence de l’ex-président catalan Carles Puigdemont qui a fui en 2017 en Belgique pour échapper aux poursuites et à l’encontre duquel la justice espagnole a lancé lundi un nouveau mandat d’arrêt international.

Dans une allocution solennelle, en espagnol et en anglais, Pedro Sanchez a appelé pour sa part à une « nouvelle étape » en Catalogne basée sur le « dialogue », tout en rappelant que « personne n’est au-dessus de la loi ».

Afp

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