A la veille du nouvel an le baril de pétrole (Brent mer du nord) ne valait que 37 dollars. Il valait même beaucoup moins (35 dollars) une semaine auparavant. Tout au long de l’année 2015, le prix de l’or noir n’a pas cessé d’osciller d’un montant à l’autre avec malheureusement une tendance persistance à la baisse. Une baisse qu’impulsera durablement la suicidaire décision de l’Arabie Saoudite, via l’OPEP, de maintenir la production du Cartel à un niveau qui n’arrange guère les affaires de l’écrasante majorité des pays pétroliers.
Si 2015 fut une année noire pour le pétrole, celle qui commence le sera tout autant, promettent les experts, en faisant valoir la suraccumulation de stocks, le pétrole iranien qui s’y ajoutera prochainement, la croissance en berne des pays émergents et les troubles géopolitiques. A moins d’un retournement spectaculaire de conjoncture, le prix moyen du baril a peu de chance de dépasser 40 dollars, selon des estimations corroborées par certains experts, parmi lesquels Francis Perrin qui s’est le plus exprimé sur la question.
Le malheur des uns faisant bien souvent le bonheur des autres, les pays importateurs de pétrole, qui sont les plus nombreux dans le monde, tireront bien des avantages de cette baisse des prix, qui affecte un produit éminemment stratégique pour la croissance. Ils pourront ainsi produire moins cher et par conséquent, devenir encore plus compétitifs sur les marchés internationaux, d’autant plus que la baisse des cours du brut s’est accompagnée d’un chamboulement monétaire favorable à ceux qui exportent en utilisant des devises (euro, yen etc.), fortement dépréciées par rapport au dollar.
Mais ce regain de croissance a de bonnes chances d’être stoppé net, par la baisse des revenus des pays pétroliers (Arabie Saoudite, Algérie, Russie, Pays du Golfe etc.) qui sont les principaux clients des pays occidentaux. Qui achètera les produits industriels, agroalimentaires et les équipements militaires des pays occidentaux et émergents si ce n’est ces pays pétroliers dont les budgets étaient dopés par les pétrodollars ? Il faut donc une limite à la baisse des cours du pétrole qu’une concertation d’ordre géopolitique s’attellera sans doute à obtenir, pour sauver les intérêts des pays les plus industrialisés.
Et c’est en se basant sur la nécessité d’une telle option consensuelle, de niveau mondial que les experts anticipent une progressive remontée des cours à partir de l’année 2017, sans toutefois envisager de remontée spectaculaire, de l’ordre de celle que nous avions connues, durant cette dernière décennie, avec des prix dépassant souvent 100 dollars le baril. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que les prix bas vont certainement générer un surcroît de consommation d’hydrocarbures, un relatif abandon des énergies renouvelables, encore trop chères et la fermeture des puits non rentables qui prolifèrent, notamment aux Etats-Unis d’Amérique.
L’Algérie qui n’a aucun moyen d’agir sur les cours mondiaux, qui lui échappent totalement, sera contrainte d’attendre des jours meilleurs, en priant que ses 135 milliards de dollars de réserves de change restantes, ne fondent pas durant ces deux à trois années de baisse de prix insupportables pour les finances publiques, sur lesquelles reposent le développement économique et social du pays.
Les autorités politiques algériennes seraient, toutefois, bien avisées de saisir cette opportunité pour promouvoir sa base industrielle hors hydrocarbures en mettant à contribution toutes les forces vives de la nation, à commencer par les entrepreneurs privés qui constituent déjà une force économique considérable.
N.G